Le film mustang, véritable hymne turc à la liberé
Commentaire d'oeuvre : Le film mustang, véritable hymne turc à la liberé. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mmbcz • 5 Mai 2023 • Commentaire d'oeuvre • 664 Mots (3 Pages) • 355 Vues
FILM REVIEW MUSTANG (MAHÉ BINCAZ)
LE FILM MUSTANG, VERITABLE HYMNE TURC A LA LIBERTE
Être représenté correctement au cinéma, produire des films qui auront un réel impact, marquer les esprits pour faire changer les normes, voici des enjeux cruciaux pour le Moyen Orient du 21ème siècle. Contrer l’ignorance et l’obscurantisme, c’est ce que tente d’effectuer Mustang, film franco-turc de Deniz Gamze Ergüven sorti en 2015.
Cinq sœurs orphelines sont élevées par leur grand-mère dans un village reculé de Turquie. Un soir en rentrant de l’école, elles jouent et se baignent avec des garçons. Juchées sur leurs épaules, elles essaient de se faire tomber à l’eau. Mais elles sont aperçues : ce jeu bon enfant sera jugé obscène et marquera le début d’un cauchemar patriarcal pour cette sororité.
Cette œuvre dépeint une réalité marquante et d’autant plus choquante qu’elle est actuelle. On saisit l’horreur vécue par beaucoup de femmes, certains pays du Moyen Orient connaissant une recrudescence du conservatisme. On appréhende très vite la difficile cohabitation de la laïcité et du patriarcat dans une Turquie tiraillée entre son statut d’état laïc et une tradition misogyne profondément établie. Le pays connait un repli islamo-conservateur dont les femmes sont les principales cibles.
Aussi, Mustang offre une place très importante au regard : les évènements, observés du point de vue des filles semblent les dépasser. Les prises de vue, par leurs plans bas, nous révèlent la soumission complète à laquelle elles sont réduites. Leur condition de femme les rend inférieures du point de vue de la société et ce regard posé sur elles joue un rôle majeur. Les villageois les toisent, elles subissent une surveillance permanente : leur féminité est l’objet d’une fatalité et d’une répression aussi diffuse qu’implacable.
Brut et sincère, ce film dénonce le traitement réservé aux jeunes filles turques lorsqu’elles deviennent pubères. Elles sont sexualisées, si bien que les hommes font de leur virginité une obsession, contrôlent le drap nuptial et visent à entretenir à tout prix le mythe de la chasteté. Les sœurs se retrouvent dans l’impossibilité d’explorer leur sexualité, leur personnalité ou de décider pour elles-mêmes. Elles évoluent dans un milieu entièrement contrôlé par des hommes, ne leur laissant aucun espace d’égalité ou de liberté.
En contradiction, un mustang est un cheval sauvage, gambadant à sa guise : il est le symbole de l’affranchissement désiré par les sœurs. Les pratiques archaïques qu’elles subissent sont un obstacle incontournable à leur émancipation. Enfermées de force par leur oncle, qui violera deux d’entre elles, les violences dont elles sont victimes sont autant mentales que physiques.
Ce film mérite de parcourir le temps car il marque une temporalité dans l’histoire des femmes. Victimes d’usages anachroniques, mais simultanément rebelles et avides d’évasion, ces jeunes filles s’apparentent à un cheval sauvage enfermé, prisonnier dans un espace-temps où la société n’évolue pas.
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