Réécriture Ready Player One : Et si, au milieu de la scène, l’Oasis disjonctait ?
Commentaire d'oeuvre : Réécriture Ready Player One : Et si, au milieu de la scène, l’Oasis disjonctait ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar esaaaaaaa • 11 Août 2023 • Commentaire d'oeuvre • 1 364 Mots (6 Pages) • 209 Vues
Réécriture
Et si, au milieu de la scène, l’Oasis disjonctait ?
La scène de la discothèque est représentative des enjeux qui jalonnent le film Ready Player
One, notamment autour de la question de la relation entre le réel et le virtuel. C’est pour cette
raison que si l’Oasis était amené à disjoncter, cela se ferait juste après que Parzival ait révélé sa
véritable identité “My name is Wade”. C’est à mon sens le meilleur moment pour une provoquer
une catastrophe, si l’on considère les conséquences de cet acte dans la suite du film : l’attaque de
l’IOI, la dispute avec Samantha...
Après l’annonce de son nom, tout le monde autour du protagoniste se fige et la musique et
les lumières se coupent. Si le début de cette séquence fut très synesthésique, la fin sera beaucoup
plus froide et angoissante. Le bleu du décor, couleur dominante dans le cinéma spielbergien et
associé à l’imagination, à la rêverie, est remplacé par un rouge vif. Au cinéma, c’est la couleur qui
représente le danger, la colère et les Enfers, elle est donc très significative pour la suite de la
séquence. Ce passage se fait principalement en plan large, pour faire ressentir au spectateur
l’ampleur des paroles de Wade.
Quand tout le monde est figé, qu’il n’y a plus aucune trace de vie ou plus aucun mouvement,
l’Oasis commence à “s’évaporer”. Le monde virtuel se transforme doucement en pixels, rappelant
Tetris, le jeu vidéo des années 80, ou évoquant tout simplement la forme première du numérique :
des centaines de pixels colorés. Wade regardera autour de lui affolé et impuissant face à ce qui lui
arrive. Il va même essayer de se débattre dans le vide, son corps flottant au milieu de la piste de
danse, pour appuyer le fait qu’il ne contrôle rien. J'imagine un travelling, tournant autour de lui et
exprimant son inquiétude et sa panique.
Après ce début de séquence inquiétant, Halliday apparaît. Il entre de façon décontractée et
naturelle, en référence à une scène de Star Wars : Le retour du Jedi, durant laquelle le fantôme
d’Obi Wan arrive modestement, les mains dans les poches, pour annoncer quelque chose de très
important à Luke Skywalker. Sans effet de lumière, sans artifice, Halliday s’approche très simplement
de Wade, ce qui traduit son état d’esprit authentique. Cette entrée contraste avec le reste de la
scène, comme Halliday contrastait avec la célébrité. Cependant, nous le voyons toujours sous les
traits d’Anorak l’Omniscient, ce qui entretient le mythe autour du créateur et laisse l’empreinte de la
religion juive dans le cinéma de Spielberg.
Quand il se rapproche de lui, le visage de Wade en plan serré traduit la multitude d’émotions
qui le traverse : admiration, crainte, doute. Une fois arrivé à son niveau, Halliday salue Wade. Le
héros commence alors à lui témoigner son admiration et explique qu’il ne comprend pas la situation.
Il est très maladroit et parle beaucoup. Halliday lui fait alors signe de se taire. La caméra se situe au
niveau de l’épaule des deux personnages, Wade est donc vu en légère plongée et Halliday en légère
contre-plongée. Placer les caméras de cette façon renforce le caractère novice et adolescent de l’un
et mature et omniscient de l’autre.
De la même façon qu’il a annoncé qu’il était mort et qu’il léguait l’Oasis, Halliday explique à
Wade qu’il a commis une grave erreur et trahit la seule vraie règle de l’Oasis : révéler son identité. Le
fait qu’il parle de cette règle comme la seule qui compte vraiment peut être paradoxal : dans un
univers regroupant des milliers de jeux vidéo aux milliers de consignes et de méthodes, tout repose
sur une loi qui concerne les utilisateurs, les êtres humains. Le mélange du réel et du virtuel est un
des sujets les plus récurrents dans Ready Player One. Spielberg interroge à de nombreuses reprises
notre rapport au virtuel et cette scène peut être vue comme une mise en garde face aux dangers du
numérique. Cette tirade est accompagnée d’une musique lente et douce, comme celles présentes à
la fin de certains jeux ou films, lorsque le personnage principal échoue à la
...