Hiroshima mon amour
Commentaire d'oeuvre : Hiroshima mon amour. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Annaa_Pvkk • 13 Mai 2023 • Commentaire d'oeuvre • 2 531 Mots (11 Pages) • 564 Vues
Littérature comparée
Hiroshima mon amour
Hiroshima mon amour est un film franco-japonais de 1959 réalisé par Alain Resnais et scénarisé par Marguerite Duras. Les acteurs principaux sont Emmanuelle Riva et Eiji Okada.
C’est l’histoire d’une rencontre, qui a lieu 14 ans après les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, entre une actrice française originaire de Nevers qui vient tourner un film sur la paix et d’un architecte japonais d’Hiroshima qui a perdu sa famille sous les bombardements de 1945. Ils deviennent amants et confidents le temps d’une journée et d’une nuit. Elle se confie sur son adolescence et son amour de jeunesse envers un soldat allemand et de l’humiliation qu’elle a subie à la Libération de la France lorsqu’elle a été tondue. Il lui évoque sa vie et qu’elle n’a rien vu à Hiroshima. Hiroshima mon amour se présente comme une fiction qui évoque la guerre et les bombardements nucléaires lancés sur la ville, mais c’est aussi un appel à la réconciliation des peuples sous la forme d’un poème d’amour et de chagrin.
Passer le film
De quelle manière l’ouverture d’Hiroshima mon amour est un témoignage de l’inexprimable ?
Dans un premier temps nous nous concentrerons sur la symbolique de l’ouverture d’Hiroshima mon amour, puis nous verrons les choix audacieux de Resnais et Duras, enfin nous évoquerons le thème central de la mémoire et son rôle à jouer dans le film.
Tout d’abord l’ouverture du film est symbolique et fait jouer nos sens et notre observation, elle dénote du reste du film en perturbant les codes de visibilités.
En effet, l’ouverture du film est de premier abord, assez intrigante, nous apercevons deux corps nus et enlacés, nous distinguons uniquement les bras, les mains, puis le dos, il s’agit d’une femme et d’un homme. Leur corps est recouvert de cendres, ce qui connote la destruction et rappel dès le début qu’Hiroshima a été réduit en cendres. Puis ces cendres deviennent lumineuses et scintillantes pour laisser place à leurs corps transpirants. C’est la naissance de leur amour. L’immersion dans le film est brutale puisque les images d’archive sont crument réalistes, même choquantes tant les dégâts causés par la bombe nucléaire sont monstrueux. Nous voyons des corps calcinés, estropiés et meurtris. Une femme sort des décombres, les nourrissons sont brulés, les animaux mutilés, les habitants sont contraints de jeter tous les poissons et donc leur nourriture. Le début du film se présente davantage comme un documentaire contrairement au reste du film qui est fictionnel. C’est un début accrocheur puisque le spectateur est immédiatement plongé dans l’Histoire (avec un grand H) et ne nous laisse pas insensible. Alors que la suite du film est davantage centrée sur les deux protagonistes, en particulier sur le passé de l’actrice française, son amant va l’aider à dénouer la parole.
De plus, il y a un rapport très étroit entre les sens de la visibilité et l’oralité dans l’ouverture d’Hiroshima mon Amour. En effet, l’homogénéité entre ce que l’on entend et ce que l’on voit, se fait ressentir par la voix off d’Emmanuelle Riva. Le spectateur voit ce qu’elle dit, lorsqu’elle décrit les hôpitaux, le musée, les touristes visitant les lieux, les images sont en harmonie avec son dialogue. Les images suivent sa voix, comme si nous entrions dans sa tête et dans ses souvenirs. Durant le générique, seul une musique de piano et de violon accompagne ces premiers instants. Cette musique à un caractère plutôt interrogateur et relève du suspens. Puis, dès les premières images des corps nus recouverts de cendre, la musique ne contient plus qu’exclusivement du piano. Les notes de piano deviennent de plus en plus aiguës. Comme si les corps que nous voyons, enlacés et nus, nous disaient quelque chose. Les notes de piano, tantôt aiguës, tantôt graves, peuvent être une métaphore des voix offs des acteurs. Où chacun parle en résonance. Puis, dès le moment où les corps ne sont plus en cendre, le violon revient accompagné le piano, de la même façon que durant l’introduction du film. Les corps, n’étant pas identifiables, on ne sait pas si les voix offs des acteurs sont les voix des corps. Sans les voix, en particulier celle du personnage féminin, le spectateur n’arriverait pas à identifier où le film nous mène, l’ouïe et la vue sont en corrélation. C’est alors que le violon prend le dessus sur le piano. Afin de souligner l’aspect dramatique du passage, où il est question des bombardements qui ont eu lieu à Hiroshima quatorze années auparavant. Puis, le son du piano se réhabilite progressivement, jusqu’à ce que la voix off de Eiji Okada apparaisse, laissant place au son du piano exclusivement. Comme si le violon correspondait à la femme, et le piano à l’homme.
Puis, il y a un contre-balancier qui apparait, dès lors une musique enjouée fait apparition, au même moment où l’on aperçoit le musée. L’oralité de la musique est en concordance avec l’atmosphère des images. Enfin, c’est au bout de 15’45 que l’on aperçoit les visages des corps, cela conforme bel et bien que les voix sont les leurs. La musique se stop nette.
Ainsi l’ouverture du film perturbe les codes de visibilité et nous fait entrer dans les souvenirs de la jeune femme et surtout de ce qu’elle croit avoir vu grâce aux voix offs qui se superposent aux images d’archives.
Ensuite, Resnais et Duras ont fait des choix audacieux quant à l’histoire fictionnelle et au genre du film qui se présente tel un poème d’amour.
Hiroshima mon amour se base sur des faits historiques avérés, le bombardement de Nevers le 16 juillet 1944 et celui d’Hiroshima le 6 aout 1945, ce qui correspond à la réalité. Tout en y ajoutant des personnages anonymes, tirés de l’imagination de Duras, ce qui correspond à de la fiction. En effet, Hiroshima mon amour est une fiction que l’on pourrait prendre lors des premières minutes comme un documentaire puisque nous voyons de vraies images et vidéos d’archives. Ainsi, le film entremêle l’histoire des deux amants, on ne connait pas leurs noms, à celui d’un discours type documentaire avec de réelles images des conséquences de l’arme atomique. Ce film permet de mettre en abime des évènements historiques qui ont marqué les Hommes. Les premiers échanges dialogués se développent linéairement, puis, progressivement, les images de l'aventure de jeunesse, enfouies dans la mémoire de l'héroïne, vont s’insérer dans le présent de la ville japonaise moderne. C’est un film qui ne laisse pas le spectateur insensible d’où le succès et la résonnance qu’il a eu.
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