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Victor Hugo

Commentaires Composés : Victor Hugo. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  5 Mai 2013  •  2 709 Mots (11 Pages)  •  935 Vues

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Les écrivains ont souvent cherché l’origine de leur art. En particulier les poètes se sont demandé quelle était la source de leur inspiration, ce qu’ils ont appelé leur muse. Il s’agissait pour eux de déterminer le rôle de l’artiste, son utilité sociale : être le guide inspiré découvrant les liens invisibles entre le moi et l’univers ou plutôt le chantre des combats dans l’arène sociale ? L’histoire de notre littérature oscille entre le lyrisme personnel illustré par du Bellay, Baudelaire, Rimbaud, et l’engagement dans les préoccupations de l’époque comme avec Agrippa d’Aubigné, Boileau, Chénier, les poètes de la Résistance. D’autres comme Ronsard ou Hugo ont trouvé tour à tour leur inspiration dans ces deux pôles opposés.

Pour ce dernier cependant, le rôle éminent et ultime de l’écrivain est de « réveiller le peuple ». C’est ainsi qu’il s’exprime dans une lettre à son éditeur Hetzel.

D’abord il convient de se demander ce que veut dire « réveiller le peuple », ensuite d’examiner pourquoi et par quels moyens les artistes s’acquittent de cette mission « politique » et même de s’interroger si les poètes et les artistes sont les mieux placés pour remplir cette responsabilité.

I. Définition des termes

Plusieurs hommes de lettres, comme Lamartine et Hugo, ont joué un rôle politique à leur époque. C’est au romantisme, en tant qu’enfant de la Révolution française et initiateur de bien des consciences nationalistes, que revient cette conception du rôle du poète : il trouve une première expression dans le Moïse de Vigny. Nous y voyons le personnage religieux, le prophète qui touche au divin devenir aussi le guide des Hébreux. Sa quête mystique est aussi au service de son peuple. Mais sa mission lui pèse et il ne rêve que de revenir « au sommeil de la terre ». C’est chez Hugo que le passage d’une poésie personnelle qui s’élargit à une expression communautaire est le plus marqué. Dans la préface des Voix intérieures, Hugo avait déjà abordé la « fonction sérieuse » du poète, sa mission civilisatrice. Dans le poème « Fonction du poète » du recueil Les Rayons et les Ombres de 1840, il écrit :

Dieu le veut, dans les temps contraires,

Chacun travaille et chacun sert,

Malheur à qui dit à ses frères :

Je retourne dans le désert !

Malheur à qui prend ses sandales

Quand les haines et les scandales

Tourmentent le peuple agité !

Honte au penseur qui se mutile

Et s’en va, chanteur inutile,

Par la porte de la cité ! […]

Le poète en des jours impies

Vient préparer des jours meilleurs. […]

Car la poésie est l’étoile

Qui mène à Dieu rois et pasteurs.

Prophète, annonciateur de l’avenir, il ne saurait se soustraire à sa fonction d’espérance, ni la trahir en se limitant à la poésie pure, mais il est encore, par l’élévation de sa pensée, au-dessus de la mêlée.

Cette définition de la mission de la poésie est récurrente dans l’œuvre de Hugo. Déjà dans « Amis un dernier mot » (Les Feuilles d’automne, novembre1831) il descendait dans l’arène :

Alors, oh ! je maudis, dans leur cour, dans leur antre,

Ces rois dont les chevaux ont du sang jusqu’au ventre !

Je sens que le poète est leur juge ! je sens

Que la muse indignée, avec ses poings puissants,

Peut, comme au pilori, les lier sur leur trône

Et leur faire un carcan de leur lâche couronne,

Et renvoyer ces rois, qu’on aurait pu bénir,

Marqués au front d’un vers que lira l’avenir !

Oh ! la muse se doit aux peuples sans défense.

J’oublie alors l’amour, la famille, l’enfance,

Et les molles chansons, et le loisir serein,

Et j’ajoute à ma lyre une corde d’airain !

Hugo affirmait son engagement politique. La dénonciation de la tyrannie est un ardent devoir supérieur au lyrisme quotidien et sentimental.

Pour Hugo la mission de l’art est bien de « réveiller le peuple », c’est-à-dire de le sortir de la torpeur où le maintiennent le mensonge, la propagande, la peur, la lâcheté, la compromission, la facilité, l’art officiel. La poésie doit éduquer, éveiller les consciences. Pourtant réveiller suppose un éveil préalable. Victor Hugo laisse entendre, dans sa formule, qu’il existerait une conscience populaire parfois assoupie. Dans La Légende des siècles, il a explicité cette intuition : les « pauvres gens » sont tout à la fois courageux, généreux, solidaires. De même, dans Les Misérables, il nous expose les trésors de bonté, de conscience et d’altruisme dans l’âme populaire lorsque la pression sociale et l’injustice ne désespèrent pas les pauvres et les simples. Le rôle du poète ou de l’écrivain est bien de révéler, puis de réveiller ces richesses enfouies.

Le sujet nous demande explicitement d’élargir la réflexion au-delà de la poésie aux écrivains et même aux artistes : musiciens, peintres, cinéastes, de nos jours les chanteurs se devraient d’avoir une conscience politique. Examinons si la peinture, la musique, le cinéma ou la chanson recèlent de telles œuvres. En peinture, nous pouvons citer Goya et son Tres de Mayo, Goya, qui avait la guerre et la violence en horreur, voulut avec cette toile commémorer l’exécution des suspects de l’insurrection du 3 mai 1808 contre l’occupation napoléonienne en Espagne. Désirant se faire le témoin de ces massacres, l’artiste choisit de montrer sur chaque visage la réaction de chacun face à la mort. Jouant du contraste des couleurs, il a volontairement accentué le caractère dramatique de la scène, qui compte, au même titre que les Scènes des massacres de Scio ou La Liberté guidant le peuple de Delacroix, parmi les grands exemples du romantisme et de son combat pour la liberté, durant toute la première moitié du XIXe

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