Clothilde de Guillaume Apollinaire
Documents Gratuits : Clothilde de Guillaume Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar TotoLeBarjot • 1 Janvier 2014 • 395 Mots (2 Pages) • 1 920 Vues
Écrit en vers pairs et impairs (chaque strophe compte trois heptasyllabes, suivis d'un octosyllabe), dans cette veine élégiaque mélodique qui fait le succès du poète auprès d’un public toujours avide d’émotions sentimentales et de vers faciles à réciter de mémoire, ce « lied » charmant est à la fois transparent et mystérieux.
Ce poème à nom de femme (il peut évoquer l’ombre de Marie Laurencin), comme d’autres, reprend le thème du verger d’amour du ‘’Roman de la rose’’ de Guillaume de Lorris. Le poète y évoque un jardin mélancolique (strophe 1) que deux ombres éphémères hantent (strophe 2), qu'agrémente une fontaine dont les statues prennent, sous l’eau, un air penché (strophe 3, première moitié). Mais, alors même que le poète semble ne vouloir écouter que les sollicitations de la mélancolie, il décide brusquement de se ressaisir (fin de la strophe 3).
L'anémone et l'ancolie, deux fleurs qui sont comme deux soeurs, évoquent sans doute, dans l'esprit du poète, la belle Clotilde elle-même. Tapie dans un recoin de ce jardin, voici la rêveuse mélancolie : une autre fleur, croirait-on (musicalement, «la mélancolie» fait écho à «L'anémonélancolie»). Cette mélancolie est celle du poète qui ne se sent ni tout à fait aimé, ni tout à fait dédaigné ; en un mot, il est mal aimé.
Dans ce jardin viennent «aussi» deux ombres : celles du couple que forment Clotilde et le poète. «Viennent»-elles comme on vient se promener? Ou bien comme une plante «vient», c'est-à-dire pousse dans un jardin, à l'instar des fleurs réelles et des fleurs allégoriques, tout à l'heure aperçues? En tout cas ces ombres, ces reflets impalpables sont terriblement éphémères. Elles disparaîtront avec la nuit. Le soleil, qui ne fait d'ailleurs qu'accuser leur caractère sombre, s'en ira avec elles : plus de lumière, plus de vie, plus d'amour (en effet, le poète dit, non pas que «l'ombre disparaîtra avec le soleil», mais que «le soleil disparaîtra avec l'ombre» ; il juge que, cette femme, cette «belle ombre», s'en allant, tout s'en ira). Les statues de la fontaine en eau, une eau dont le bruit léger et monotone porte à la mélancolie, ont un air penché et «laissent couler» leurs cheveux.
Mais le poète se ressaisit : «Laisse ce jardin et cette mélancolie. Cette CIotilde a peut-être une ombre, mais elle a un corps aussi ; elle est: belle, tu la veux et elle n'est pas insaisissable.»
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