Synthèse Etranger de Camus

Camus, L'Etranger (1942)

Le titre

Les différentes significations :

- Qui est d’une autre nation : M est un Français qui vit en Algérie.

- Qui n’appartient pas à un groupe (social, familial) = différent, distinct, isolé : ne respecte pas les conventions sociales (deuil, fume à l’enterrement, relation avec Marie et film le lendemain).

- Etranger à quelqu’un, inconnu : M nous parait étrange (différent de « étranger ») : On ne le connaît pas bien à la fin et les autres personnages non plus. Etranger à lui-même (il ne se reconnaît pas dans le miroir, il est sérieux alors qu’il sourit).

- Etranger à quelque chose : indifférent devant son patron, devant Marie, déconcerte son avocat, indifférent à la mort de sa mère, au mariage avec Marie (« ça m’est égal »).

L'intrigue

C’est le meurtre sur la plage qui constitue le point d’articulation du roman. => vie de Meursault bascule.

Les étapes de l’intrigue sont narrées de façon plate, sans qu’aucune inquiétude ne soit exprimée par aucun personnage. Elles sont présentées comme des événements anodins, sans importance.

Le personnage de Meursault

- N’a pas de prénom : le prénom permettrait une forme d’intimité du lecteur avec le personnage, et du personnage avec les autres personnages. Peu de personnages ont d’ailleurs des prénoms, à part Marie et Raymond. L’absence de prénom attire par ailleurs l’attention sur le patronyme et son onomastique : on y entend « meurs » et « sault / sol » qui peut renvoyer à la place occupée par le soleil dans le récit.

- Narration à la 1ère pers. mais ne favorise pas l’introspection : Meursault énumère les actions, certains détails, sans les commenter, sans donner son point de vue, ou seulement de manière factuelle (ex., lors de la dispute chez Raymond : « Marie m’a dit que c’était terrible et je n’ai rien répondu. », chap. 4). Comme une focalisation externe : on voit avec les yeux de Meursault mais en se contentant d’un commentaire extérieur à l’action.

Thèmes et enjeux

-  Importance du soleil, de la lumière et de la chaleur : « L’éclat du ciel était insoutenable… » : Force qui écrase le personnage et semble annihiler toute faculté émotive. Domine ses sensations, revient de façon obsédante tout au long du chap. 1 ; « J’avais tout le ciel… » : Moment de bonheur, de pur plaisir, premiers moments avec Marie ; « Il m’a semblé que le ciel… » : Personnage écrasé par le soleil, agressé, dépourvu de tout contrôle.  La sensation semble conduire au meurtre.

- La prison : incarcéré, Meursault essaie d’occuper le temps. La mémorisation des objets de sa chambre est une des façons de le faire, toujours avec neutralité, sans que l’objet ne soit rattaché à un souvenir, à une émotion. Il s’agit d’explorer sa mémoire. Les objets ne sont pas pour autant décrits dans ce passage, c’est la seule activité de mémorisation qui est évoquée. Meursault semble offrir une capacité de résistance importante à l’épreuve de la prison : la comparaison à une vie « dans un tronc d’arbre sec » montre une forme de détachement face à la vie, la possibilité d’acceptation d’une vie vide, ponctuée d’événements sans importance. S’il semble « étranger » à la vie, c’est parce qu’il n’en accepte pas les codes : avoir des projets, être ambitieux, aspirer à une vie meilleure… C’est une vie au jour le jour, qui n’est pas pour autant étrangère aux plaisirs de la vie.

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