L'Etranger d'Albert Camus: Le meurtre de l'Arabe
Recherche de Documents : L'Etranger d'Albert Camus: Le meurtre de l'Arabe. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar manuella • 26 Mai 2013 • 2 606 Mots (11 Pages) • 1 747 Vues
L'Etranger
Albert Camus
Le meurtre de l'Arabe
De "J'ai pensé que..." à "...que je frappais sur la porte du malheur." (fin de la première partie)
Introduction
Ce texte est un extrait du roman L'Etranger de Albert Camus, grand écrivain du XXème siècle, qui, avec L'Etranger en 1942, accède à la célébrité. Il met en scène Meursault, le personnage principal accablé par son quotidien, refusant de jouer le jeu du conformisme social, il vit au jour le jour.
L'Etranger retrace une partie de la vie de cet employé de bureau qui tient une sorte de journal de bord dans lequel le lecteur plonge dans le quotidien de cet individu. Un jeu de circonstance l'amène à tuer un Arabe.
Depuis le chapitre 3, Meursault et Raymond Sintès sont amis. Meursault a fait un faux témoignage en faveur de Sintès qui a battu sa maîtresse car il l'accusait de l'avoir trompé sans preuve.
Au chapitre 6, Meursault et Marie sont invités par Sintès à passer une journée à la plage chez des amis, lors d'une balade, il rencontre le frère de la maîtresse -> Sintès est blessé, ils rentrent.
Sintès et Meursault reviennent à la plage et Raymond donne à Meursault son révolver. Meursault prend le révolver de Sintès et le raccompagne. Puis il repart à la source car il a trop chaud et recroise les deux Arabes.
Problématique : En quoi ce passage constitue-t-il un épisode charnière dans le roman L'étranger de Camus ?
Lecture du texte
J'ai pensé que je n'avais qu'un demi-tour à faire et ce serait fini. Mais toute une plage vibrante de soleil se pressait derrière moi. J'ai fait quelques pas vers la source. L'Arabe n'a pas bougé. Malgré tout, il était encore assez loin. Peut-être à cause des ombres sur son visage, il avait l'air de rire. J'ai attendu. La brûlure du soleil gagnait mes joues et j'ai senti des gouttes de sueur s'amasser dans mes sourcils. C'était le même soleil que le jour où j'avais enterré maman et, comme alors, le front surtout me faisait mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau. À cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant. Je savais que c'était stupide, que je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d'un pas. Mais j'ai fait un pas, un seul pas en avant. Et cette fois, sans se soulever, l'Arabe a tiré son couteau qu'il m'a présenté dans le soleil. La lumière a giclé sur l'acier et c'était comme une longue lame étincelante qui m'atteignait au front. Au même instant, la sueur amassée dans mes sourcils a coulé d'un coup sur les paupières et les a recouvertes d'un voile tiède et épais. Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du couteau toujours en face de moi. Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C'est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.
Fin de la première partie de L'Etranger - Albert Camus
Annonce des axes
Commentaire littéraire
I - Le Soleil, un actant essentiel
Le Soleil est pour ainsi dire le troisième personnage de cet extrait, il domine le texte et est omniprésent tout a long de cet extrait. Il y a d'ailleurs répétition 5 fois du mot soleil.
A - Le soleil, une présence hostile
Tout au long de l'extrait, la chaleur intense se fait ressentir comme en témoignent les termes :
« brûlure », « brûlante »
« un souffle épais et ardent »
« pleuvoir du feu »
-> Le Soleil est assimilé à un véritable brasier.
De plus, il y a multiplication d'hyperboles épiques. On quitte le réalisme pour glisser vers l'univers du mythe, univers dans lequel les éléments peuvent être dotés d'une puissance, d'une volonté maléfique, d'une pensée propre.
=> Par sa présence doublement hostile, le soleil exerce une emprise à laquelle il est impossible d'échapper. Meursault le dit clairement :
« je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d'un pas ». Il ne peut que ressentir ses terribles effets. Pour Meursault, qui est un personnage extrêmement sensoriel, il ne peut que ressentir de façon extrêmement intense cette force qui pèse sur lui.
B - Le soleil, une source de souffrance
Meursault exprime son malaise par les termes tels que « Me faisait mal », « je ne pouvais plus supporter », « m'atteignait », « douloureux ». Ce malaise va d’ailleurs jusqu'à l'idée d'une agression avec trois images qui assimilent l'éclat de la lumière à une « lame », « un glaive » et à « une épée ». Ce caractère agressif de la lumière est renforcé par des verbes qui expriment une action instantanée et brutale : « giclé », « jaillit ».
Cette
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