L’immigration espagnole en France au XXème siècle: l’exil républicain espagnol

L’immigration espagnole en France au XXème siècle: l’exil républicain espagnol

J’ai choisi, pour ce dossier, de traiter l’exil républicain espagnol car c’est pour moi un sujet complètement nouveau, étant donné que je n’ai jamais étudié ni l’espagnol ni la civilisation espagnole au cours de mes années d’études. Mes recherches pour ce dossier m’ont donc permis de m’y intéresser et de découvrir une partie de l’histoire de l’Espagne, qui est un pays pourtant si proche de la France. Afin de constituer ce dossier je me suis posé les questions suivantes: Quels sont les éléments qui ont fait naître cette migration? Etait-ce une migration importante? Combien de zones de départ ont été impliquées? Combien de zones d’arrivées ont été impactées? Quelles ont été les conséquences dans le pays de départ? Dans le pays d’arrivée? Dans quelles conditions les migrants sont-ils partis? Quelles sont les raisons qui les ont poussés à partir? Quelles sont les conditions dans lesquelles ils sont arrivés? Quelles sont les conséquences avec les populations restées dans le pays d’origine? Comment cette première génération a-t’elle évolué à travers les deuxième et troisième générations? Comment les exilés ont-ils vécu cette migration?

Malheureusement, quelques-unes de ces questions resteront sans réponse. Toutes ces questions m’ont permis de me demander de quelle manière la Guerre civile espagnole a généré un flux migratoire vers la France et comment ces migrations ont impacté les deuxième et troisième générations. Pour répondre à cette question, j’aborderai premièrement la naissance de cette migration, puis les conséquences de l’exil, pour terminer avec un témoignage d’une fille d’exilés espagnols.

1. La naissance de cette migration

La Guerre civile espagnole a débuté le 18 juillet 1936, lorsqu’une partie de l’armée espagnole (les nationalistes) a décidé de se rebeller contre la République ainsi que son gouvernement. Cette guerre est à l’origine de l’exil républicain espagnol ou bien La Retirada en espagnol. La guerre civile a divisé la population: d’un côté se trouvaient les Républicains et d’un autre les Nationalistes dirigés par Franco, qui arriva au pouvoir le 30 janvier 1938. Cette guerre a généré un premier flux de réfugiés sur le territoire français. 40 à 45000 personnes sont venues trouver refuge en France. L’exil républicain espagnol a été déclenché en 1939, lorsque que Barcelone est tombée entre les mains du Général Franco. Suite à cela, les attaques franquistes se sont accentuées en Catalogne. La chute de Barcelone le 26 janvier 1939 généra un nouveaux flux de réfugiés en France: on parle alors d’environ 465000 républicains espagnols. Environ 170000 d’entre eux se sont rendus dans le Sud-Ouest de la France, dû à sa proximité avec l’Espagne, mais également à Bordeaux et Toulouse, où résidaient déjà des Espagnols, ainsi que la région parisienne, le Massif-Central et les Bouches-du-Rhône. Le 27 janvier 1939, le gouvernement français ouvre la frontière uniquement aux femmes, aux enfants et aux blessés. Les hommes valides ne sont alors pas autorisés à passer la frontière pour le moment. C’est seulement le 5 février 1939 que les soldats républicains sont autorisés à pénétrer le sol français. Passer la frontières se fait dans des conditions assez difficiles: cols enneigés, bombardements de l’armée franquiste…Les réfugiés arrivent les mains quasiment vides: dans la précipitation, ils n’ont pas pris beaucoup d’affaires. Les réfugiés sont ensuite pour la plupart répartis dans des camps, notamment les camps d’Argelès-sur-Mer, Le Barcarès, ou encore Saint-Cyprien. La France se montre très méfiante envers les réfugiés qui arrivent sur le territoire national. Ce n’est d’ailleurs qu’en 1945 que les Républicains exilés obtiennent leur statut de réfugiés politiques. Le 13 janvier 1939, l’exode est officiellement terminé. Cependant, la France n’était pas la seule destination des refugiés. Certains ont choisi de se réfugier au Royaume-Uni, au Mexique ou encore en URSS. D’autres se dirigeaient vers le Chili, Cuba ou encore l’Argentine. En même temps, entre 10 et 12000 républicains espagnols sont partis rejoindre l’Afrique du Nord.

1. Les conséquences de l’exil

Pendant la période de l’exil, il a existé plusieurs cas de figure en ce qui concerne les Républicains espagnols. Parmi eux, il y avait ceux qui vivaient dans l’obsession du retour en Espagne tout en attendant la mort de Franco. Lors de leur retour, ces personnes ne se sentaient plus chez elles. Elles étaient devenues apatrides, desterrados en espagnol. Il y avait ceux qui se sont exilés en France très peu de temps. Ceux-là préféraient revenir dans leur pays plutôt que d’assumer un exil trop long. Puis il y avait ceux qui se sont exilés en France et qui ne sont jamais rentrés et ceux qui ne sont jamais partis. De manière générale, on peut dire que la guerre a divisé beaucoup de familles. Certaines l’ont très bien vécu et sont restées soudées, tandis que d’autres se sont déchirées.

De plus, l’exil a eu des conséquences démographiques importantes, autant en Espagne qu’en France. En effet, compte tenu du nombre d’exilés qui s’approche des 500 000 espagnols, cela représente d’une part une perte démographique majeure pour l’Espagne: une population jeune et active, qui comprenait une grande partie des secteurs les plus instruits du pays : les élites scientifiques, littéraires et artistiques, ainsi qu’une augmentation démographique pour la France.

L’exil Républicain espagnols a eu des conséquences identitaires. Certains n’ont jamais cessé de se sentir espagnols, d’autres on finit par se sentir plus français qu’espagnols, aux vues de la durée de leur séjour en France, jusqu’à demander la nationalité française. Aujourd’hui, grâce à la loi de la ”mémoire démocratique”, les descendants d’exilés peuvent demander à obtenir la nationalité espagnole, voire même la double nationalité franco-espagnole. Cette loi vise à rendre hommage d’une certaine manière aux réfugiés, victimes de la Guerre Civile et du franquisme.

Revendiquer son appartenance politique était devenu difficile pour les réfugiés espagnols dans les camps. En effet, les réunions et les activités politiques étaient formellement interdites.

1. Témoignage

Ce témoignage est celui de Jeanne Arnal, fille d’exilés espagnols. Dans ce témoignage, elle détaille le parcours de ses parents pendant et après leur exil, ainsi que le sien.

Vos parents vous ont-ils parlé de leur exil? Que vous ont-ils transmis?

Jeanne: C’est vrai que mon père nous a pratiquement toujours parlé de leur combat en Espagne, de leur vie en Espagne à travers des anecdotes, de leur passage dans les Pyrénées.

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