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Fiche d'un texte de Manon Lescaut : Une nouvelle arrestation

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Par   •  29 Mai 2024  •  Étude de cas  •  1 557 Mots (7 Pages)  •  151 Vues

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TEXTE 3 (7) : 

Parcours : « Personnages en Marge, plaisirs du romanesque »

Abbé Prévost, Manon Lescaut, 1753, Deuxième partie(extrait), Une nouvelle arrestation

INTRODUCTION :

Le roman de l'abbé Prévost, intitulé à l'origine Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, constitue le septième tome des Mémoires d'un homme de qualitéet relate l'histoire particulière du chevalier Des Grieux. 

Le passage se déroule après une troisième trahison de Manon avec le fils de G…M… lors de laquelle des Grieux perd le contact avec elle. Tout de même, grâce à l’aide de M. de T, il parvient à éloigner G…M… et à passer, à ses frais, une nuit avec Manon. Malheureusement, le vieux G…M… s’inquiète de la disparition de son fils et se rend à son hôtel particulier.

Lecture du texte

Problématique + Annonce :

Comment cette mésaventure est – elle révélatrice du caractère et du comportement de DG ?

 L'analyse se concentrera sur :

  1. La manière dont les amants sont surpris (lignes 1 à 5), puis sur
  2. La querelle qui s’envenime entre DG et le vieux G…M… (lignes 6 à 18), et enfin sur
  3. L’erreur finale de Des Grieux (lignes 19 à 24).

Partie I : Les amants surpris (lignes 1 à 5)

  1. La scène du dévoilement :
  • Atmosphère intime et privée avec la mention du « lit »
  • Cette intimité est perturbée par l’irruption du personnage : opposition forte entre l’action qui se déroule, imparfait « étions », et l’entrée du personnage, avec le passage au présent de narration « ouvre », « glace » ; cela rend l’action plus violente. 
  • Métaphore : « nous glace le sang » amplifie l’effet produit sur les 2 amants + renforcée par le complément d’agent « par sa vue ». Contrairement au lecteur informé par le narrateur, les personnages ne découvrent l’identité de l’homme qu’en le voyant. 
  • Des Grieux semblent l’avoir vu en premier puisqu’il s’adresse à Manon lorsqu’il le nomme : « le vieux G… M… », en désignant le personnage au style direct. 
  • L’utilisation de l’interjection « Ô Dieu ! » de DG souligne encore une fois le caractère inattendu de la vision et nous rappelle les scènes du théâtre de boulevard qui utiliseront ce genre de situation pour le plaisir des spectateurs.
  • Situation peu héroïque : personnages surpris dans le lit d’un autre
  1. La réaction du Chevalier :
  • « Saute » le présent et la rapidité de l’action décrite montre la réaction impulsive du Chevalier, prêt à défendre sa belle.
  • L’embarras de l’épée dans le ceinturon accentue le sentiment d’impuissance du chevalier malgré le symbole (épée) d’un statut social haut.
  • Intervention rapide des archers : adverbe de temps « aussitôt » dévoile la maîtrise de la situation par les forces extérieures. 
  • Vulnérabilité et impuissance : tenue humiliante : « chemise » + aveu d’impuissance de DG « ils m’ôtèrent tous les moyens de me défendre »
  • ²Réaction vouée à l’échec

Partie II :  La querelle qui s’envenime entre DG et le vieux G…M… (lignes 6 à 18)

  1. Reconnaissance de DG inimaginable pour le vieux G…M…
  • La reconnaissance du vieux G… M… suit de peu celle des amants : négation totale « ne tarda point » ; le verbe tarder montre un délai justifié par « troublé » soulignant l’émotion que la situation intime fait naître en lui.
  • Deux interrogations directes à valeur exclamative sont adressées aux amants et soulignent son incrédulité et sa surprise « est-ce une illusion ? » et peut-être aussi sa satisfaction cruelle alors qu’il nomme à son tour les deux personnages : « ne vois-je point le chevalier des Grieux et Manon ? »
  • Il semble décidé à se venger.
  • Atmosphère conflictuelle et tendue se met en place : adverbe de manière « gravement »
  1. La tension qui monte
  • L’état de contrariété dans lequel se trouve DG est souligné par les trois termes « enragé », « honte », « douleur », et accentué par l’adverbe intensif « si ». Comme d’autres fois, le trouble provoque le silence du Chevalier.
  • La surprise provoque un effet comparable chez le vieux G…M… ; le narrateur propose une interprétation de son état intérieur d’après son apparence « il parut rouler diverses pensées dans sa tête » 
  • Opposition entre deux compléments circ. de temps « pendant quelques temps » (durée) et « tout à coup » (instantanéité), qui marque la fin de ce moment de silence.
  • Le verbe pronominal « s’écria » marque l’intensité de la colère du vieux G…M…
  1. La querelle :

Joute verbale, les personnages échangent des réparties de plus en plus virulentes

  • Le vieux G…M… utilise des phrases exclamatives : l’interjection « Ah ! » amplifie la colère + conviction acquise pendant le moment de réflexion : « je suis sûr que tu as tué mon fils » tutoiement (marque de mépris) + une accusation grave + souligne son lien de paternité qui peut expliquer l’émoi dans lequel il se trouve. 
  • DG ne répond pas directement à l’accusation mais plutôt à l’humiliation qu’on ait pu le croire capable d’une action si basse. Il y voit un outrage personnel, d’où la vivacité de la réaction « cet outrage me piqua vivement » et les injures dans sa réponse : « vieux scélérat » et « Infame ! » . Lui aussi utilise le tutoiement. Il ne se défend pas directement d’avoir tué le fils mais le fait comprendre indirectement. Il utilise un irréel du passé « si j’avais eu à tuer quelqu’un de ta famille, c’est par toi que j’aurais commencé » : cette hypothèse est irréalisable (conditionnel passé « j’aurais commencé »), mais il souligne qu’il considère le père plus infame que le fils, sans doute parce que son âge avancé aggrave sa tentative de séduction de Manon et parce qu’il a fait emprisonner les amants.
  • Le vieux G…M… a bien enregistré le fait que son fils est toujours vivant. Il cherche donc à savoir où il se trouve en menaçant DG de mort, menace d’autant plus réelle qu’il l’adresse directement aux archers « dit-il aux archers ». Nouvelle prop. Conditionnelle : « je le ferai pendre demain s’il ne m’apprend pas tout à l’heure ce qu’il en a fait ». La principale n’est pas au conditionnel passé mais au futur de l’indicatif. Elle s’inscrit dans le réel.
  • DG là encore ne réagit qu’à la forme de cette menace : le châtiment est indigne de sa naissance ; on ne prend pas les nobles (on leur coupe la tête). Il souligne la supériorité de ses origines sur celles de G… M… comparatif de supériorité « sang plus noble et plus pur » et celui du vieux G…M « que le tien ».
  • Le Chevalier ne réagit qu’en fonction de son honneur et de sa noblesse, alors même qu’il est dans une situation d’infériorité et qu’il vit en marge de la société. Sa réaction semble inadaptée.
  • Aveu compromettant : « oui, je sais ce qui est arrivé à ton fils » : il n’est donc pas étranger à la disparition du fils ; il répond à la menace du vieux G… M… par la menace de mort du fils : encore proposition conditionnelle avec à nouveau un verbe au futur « je le ferai étrangler » ; mais DG est dans une position d’infériorité qui ne lui laisse aucune possibilité d’action. Cette menace est infondée ; elle est le résultat impuissant de son humiliation et de sa colère. 
  • Supériorité du vieux G…M. DG, personnage faible et impuissant profère de vaines menaces.

Partie III : L’erreur finale de Des Grieux (lignes 19 à 24)

  • Commentaire rétrospectif du narrateur reconnaissant son erreur et l’expliquant par un excès de colère. Le personnage, une fois de plus, n’est pas guidé par la raison ; il ne réfléchit pas à ce qui pourrait leur être utile. « Je commis une imprudence » : c’est le narrateur qui commente l’action.
  •  Conséquence : arrivée de gardes : nombre disproportionné pour la situation et amplifié par l’incertitude du nombre exact : « cinq ou six » conjonction de coordination
  • Le vieux G…M est alors en situation de force : il « s’assure de tous les domestiques de la maison » ; il pense à tout ; DG n’a aucun moyen de transmettre le moindre ordre à quiconque.
  • GM use de sarcasme : il reprend les mots (l.16-17) de DG en soulignant l’impossibilité où il se trouve de réaliser sa menace « vous savez où est mon fils et vous le ferez étrangler, dites-vous ? », question de rhétorique qui souligne l’impossibilité + il ridiculise DG en le vouvoyant pour la première fois depuis le début de la scène, semblant reconnaître ironiquement sa supériorité sociale.
  •  GM, vigilant et efficace, l’emporte sur DG qui, malgré ses protestations, se trouve réduit à l’impuissance. Retournement de situation.

CONCLUSION :

En somme, cette séquence de Manon Lescaut expose le passage abrupt d'une intimité amoureuse à une confrontation explosive entre Des Grieux et le vieux G... M... La tension dramatique s'intensifie à mesure que les protagonistes s'engagent dans un duel verbal de plus en plus virulent, aboutissant à une erreur fatale de Des Grieux tout en le ridiculisant. L'ensemble révèle la fragilité des passions humaines et préfigure la marginalisation sociale de Des Grieux. Cet épisode aboutit à l’enfermement des 2 amants au Châtelet puis à leur exil en Louisiane.

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