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L'agréable et le beau

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Par   •  19 Décembre 2024  •  Commentaire de texte  •  597 Mots (3 Pages)  •  17 Vues

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L’agréable et le beau

Apercevoir la beauté comme imbriquée dans les traits du monde qui nous entoure, a toujours été perçu comme une capacité innée, ou du moins répartie différemment entre les individus, si l’on devait la définir quantitativement. Or, la science de l’esthétique, fondée par es idées de Kant dans Critique de la faculté de juger, propose une perception nouvelle et révolutionnaire. Cette œuvre fondamentale nous corrige la vue sur les concepts du beau et de l’agréable, et trace ainsi les limites entre la subjectivité de l’un et l’universalité de l’autre. Kant explore l’intimité esthétique de l’agréable pour l’opposer au plaisir désintéressé du beau. Nous allons donc étudier l’organisation logique des idées esthétiques de Kant et les arguments qui façonnent son raisonnement.

L’agréable est perçu par les sens, et de ce fait, il est intrinsèquement subjectif. Telle est la thèse défendue par Kant, qui explique que juger une chose comme agréable revient à la trouver plaisante selon les sens du locuteur. En effet, cela fait tout le caractère individuel de cette notion, puisque l’expérience sensorielle varie en fonction des filtres de perception et cadres référentiels de chacun. Peut-être aurait-on les mêmes goûts, avons-nous eu le même vécu et parcours personnel. La diversité des identités engendre celles des goûts, ainsi Kant déclare-t-il : “A chacun son goût”. Dès lors, Il invite à une subtilité au niveau du langage lorsque l’on exprime une opinion personnelle : “il doit plutôt dire : "cela est agréable pour moi"”. Ce qui nous est agréable ne l’est pas nécessairement pour autrui, non par opposition ou contradiction, mais simplement par différence. La vérité des êtres et des choses ne peut reposer sur la subjectivité, ou si elle y réside, elle est alors plurielle, à l’image de la diversité des individues. Il serait donc injuste de se proclamer détenteur de la vérité, dans ce cas esthétique, quand dite vérité demeure limitée aux dimensions d’un monde sensoriel singulier. L’agréable est donc au service de la sensibilité de chacun.

“Il en va tout autrement du beau”. En effet, Kant introduit une deuxième notion esthétique, celle du beau, et qui se veut le contraire de l’agréable et de l’agrément. Alors que l’agréable se manifeste par une expérience sensorielle individuelle de nature réflexive, le beau, quant à lui, est retrouvé dans le détachement et s’inscrit sous le signe de l’universalité. C’est ainsi qu’avec le jugement du beau, vient une certaine responsabilité qui n’est pas à juger pour soi “seulement mais pour tout le monde”. En d’autre termes, la subjectivité dont résulte le beau s’impose comme vérité unique, et ce à travers la reconnaissance générale qu’il lui est dû. Cependant, cette autorité esthétique ne découle pas de la concordance des jugements, mais d’une satisfaction désintéressée, née d’une pure contemplation. Néanmoins, Kant précise qu’on ne peut point parler de “la beauté comme si c'était une propriété des choses”. Cela suggère que le beau n’est pas une caractéristique inhérente aux objets, mais qu’il est véritablement légitimé par l’observateur, ce qui en fait forcément un sentiment de nature subjective. Ce constat révèle un paradoxe : une notion esthétique, prétendument universelle, repose sur une expérience individuelle. Il est donc nécessaire de tracer les limites de cette subjectivité qui, dans certains cas, fait de l’agréable un beau, et vice versa.

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