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Fiche de lecture - Du mensonge à la violence Arendt

Fiche de lecture : Fiche de lecture - Du mensonge à la violence Arendt. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Février 2024  •  Fiche de lecture  •  2 724 Mots (11 Pages)  •  157 Vues

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Morin Lucie                                                                  Fiche de Lecture

                                                                   Hannah Arendt – Du Mensonge à la violence

                  Hannah Arendt est née en 1906 et décède en 1975. Elle était une philosophe politique germano-américaine d’origine juive. Son parcours a été influencé par les tourments qui ont marqué le XXème. Elle née en Allemagne et fui le nazisme en se réfugiant aux Etats-Unis en 1941, où elle a développé une carrière intellectuelle influente. Hannah Arendt est surtout connue pour ses œuvres majeures telles que Les Origines du totalitarisme (1951) et La Condition de l'homme moderne (1958). Sa démarche intellectuelle se caractérise par une approche multidisciplinaire, elle associe la philosophie politique, l'histoire et la théorie politique. Arendt s’est intéressée à la nature du pouvoir à la liberté individuelle à la responsabilité politique. Sa réflexion sur les mécanismes du totalitarisme et sa conceptualisation de la banalité du mal" dans son analyse du procès d'Eichmann ont profondément marqué la pensée contemporaine. Insérée dans le contexte du XXe siècle marqué par les deux guerres mondiales, les régimes autoritaires et les bouleversements politiques. Hannah Arendt a contribué de manière significative à la compréhension des enjeux politiques et éthiques de son époque Elle demeure une figure majeure de la philosophie politique du XXe siècle. Dans Du mensonge à la violence, paru en 1972, Hannah Arendt analyse les dynamiques complexes entre le mensonge et la violence dans le contexte politique. L'objet de l'œuvre réside dans la compréhension des mécanismes à l'origine du passage du mensonge individuel au phénomène de violence collective. Hannah Arendt traite des questions liées à la nature du mensonge en politique ses origines et ses conséquences sur la scène sociale. L'auteure examine de manière critique les notions de vérité et de mensonge dans le discours public, mettant en lumière la manière dont ces éléments peuvent être utilisés pour légitimer des actions violentes. Sa thèse centrale repose sur la manière dont le mensonge, en tant que force mobilisatrice, peut conduire à des manifestations de violence, tour en interrogeant les responsabilités individuelles et collectives dans ce processus. Dans le chapitre « Sur la violence », Hannah Arendt analyse les différentes formes de violence, allant au-delà de la simple manifestation physique pour traiter des implications sociales et politiques plus larges. Arendt remet en cause les préjugés sur la violence et propose une réflexion nuancée sur son rôle dans la sphère publique. Elle examine également l'émergence de la violence en politique, ainsi que les conséquences potentielles sur la vie politique et la stabilité sociale. Ce chapitre représente une contribution essentielle à la réflexion sur le pouvoir, la légitimité et la responsabilité dans le contexte de la violence en politique.

                  La première partie de ce chapitre s’ouvre sur une contextualisation par le siècle, le XXe. Pour Arendt, ce siècle est « un siècle de guerres et de révolutions, donc un siècle fait de cette violence que l’on considère habituellement comme le dénominateur commun » (p.141). Lors de ce siècle, les outils de la violence sont devenus si puissants que leur usage ne peut être justifié par un choix politique. Les conflits internationaux perdent ainsi leur valeur. Ces outils de violence sont utilisés dans les conflits internationaux comme des outils de « dissuasion ». Cette situation est qualifiée d’absurde par Arendt. L’action violente est un outil pour l’homme, un moyen d’arriver à des fins, souvent politiques. La violence est un outil imprévisible car l’homme ne peut mesurer l’étendue de ses conséquences par son utilisation surtout en temps de guerre. L’utilisation de la violence qui alimente la guerre ne peut être arrêtée seulement par une « instance capable de se substituer à cet arbitre suprême des conflits internationaux » (p.144). Mais les conflits internationaux persistent car les Etats cherchent, pour assouvir leur souveraineté, la domination étrangère, et celle-ci passe par l’utilisation de la violence comme un moyen. Les théories scientifiques qui affirment pouvoir prévoir les conséquences d’une action sont qualifiées de dangereuses selon Arendt car elles possèderaient « une sorte de pouvoir hypnotique qui leur permet d’engourdir les facultés du sens commun, qui n’est autre chose que l’organe mental qui nous permet de percevoir, de comprendre et de réagir devant la réalité et les faits » (p. 148) La violence a joué un rôle majeur dans l’histoire et la politique mais souvent peut étudiée, ce qui montre comment elle a pu être considérée comme quelque chose de normal dans le comportement humain. La violence est souvent considérée dans les analyses des événements passés, comme un moyen indispensable à des fins économiques ou politiques. Les analyses post-Seconde Guerre Mondiale penchent davantage sur une considération de la violence, à travers la guerre, comme le résultat d’éléments comme l’économie et la politique et non l’inverse. Arendt met en garde contre un philosophie politique similaire à celle de Clausewitz qui considère la guerre comme la continuation de la politique par d’autres moyens car cela mènerait, dans les mots de A. Sakharov, à un « suicide universel ». Un renversement s’opère actuellement dans la place de la violence en société, qui possède un pouvoir supérieur à celui des Etats car elle peut détruire une puissance nationale, ce qui pourrait inverser le rapport de force entre les grandes et petites nations. Les sociétés humaines ont été modifiées par le fait que « plus la violence est devenue un instrument douteux et incertain dans les relations internationales, plus elle a paru attirante et efficace sur le plan intérieur » (p. 152) Cette pensée fut particulièrement présente dans le domaine des révolutions mais Arendt utilise l’exemple de Sartre pour affirmer que « cette orientation nouvelle de la pensée révolutionnaire vers la violence peut demeurer ignorée même par ses porte-parole » (p.155). Les réactions suite à la Seconde guerre mondiale furent tout d’abord orientées vers un rejet total de la violence en politique mais d’autres percevaient encore la violence comme le seul moyen d’obtenir satisfaction lors de conflits. La période de révoltes étudiantes serait le résultat de « la prolifération apparemment irrésistible de techniques et de machines [qui] ne se contente pas de menacer certaines catégories sociales de la perte de leur emploi, mais menace l’existence de nations entières et même, à la limite, celle de toute l’humanité » (p.161). Au moment où Arendt écrit son œuvre, elle affirme que les jeunes générations sont plus conscientes de l’ampleur de la violence en société, l’avenir parait même comme quelque chose d’incertain. Lors des révoltes étudiantes, la violence est devenue un outil de persuasion, notamment car permettant une visibilité du mouvement. Mais malgré le fait que l’utilisation de la violence puisse être le reflet partiel de la violence subie par la personne opprimée, pour Arendt, la violence est incapable d’être le reflet exact de la souffrance vécue. Au cours des quatre derniers siècles, le développement intellectuel et humaniste des hommes n’a pas été mis en danger par les excès de violence en société de par le fait que le progrès se trouve déjà en société car l’avenir est déjà en construction, et les affrontements entre antagonistes permettent également le progrès. Mais le progrès de l’humanité ne correspond pas à un avantage à échelle humaine, en effet, le progrès ne bénéficie pas à l’individu car c’est un processus qui dépasse la durée de vie humaine. Cela marque une injustice entre l’individu bénéficiant du progrès et celui ayant travaillé pour la réalisation du progrès. Néanmoins, les progrès réalisés par l’homme permettent de mieux comprendre les événements du passé et mieux agir en vue de l’avenir, dans les mots d’Arendt ; « le progrès permet de répondre à cette troublante question : que faire à présent ? » (p.175), la réponse la plus simple étant de continuer à progresser à l’aide des progrès déjà réalisés. Mais l’inattendu du présent peut venir heurter cette vision confortable selon laquelle nous sommes prêts à tout car rien ne peut se produire qui ne se soit pas déjà produit par le passé. Car la contrainte physique pousse à la violence, et l’idée d’une considération des événements passés ne s’impose pas. L’irrationalité permet d’envisager un progrès illimité, les avancés se sont avérés plus nombreuses dans ces cas, mais un esprit rationnel comprend que le progrès est limité. Un progrès trop rapide, notamment de la science, peut mener la société à sa perte car l’humanité ne peut suivre les progrès et découvertes scientifiques. La violence peut alors venir en réponse à un progrès prépondérant aux capacités humaines.

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