Faire parler le désir

JACOB

Clara

ECE2

                                                             Lettres : dissertation

                                                        Sujet : Faire parler le désir

        Dans « Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes », Jean-Jacques Rousseau distingue l’homme des animaux, et souligne que le langage est une faculté propre à l’homme. En effet, par le biais du langage, les individus ont la capacité de pouvoir exprimer une pensée avec un système de signes. De fait, le langage pouvant prendre une forme verbale, avec l’utilisation d’un certain nombre de mots retranscrits par la parole, ou non-verbale, lorsque l’on fait passer des messages grâce aux gestes du corps, à l’attitude corporelle en générale, permettent à l’homme de pouvoir s’exprimer et pouvoir communiquer avec autrui. Ainsi, la communication lui permet d’exprimer ses sentiments, ses émotions, mais aussi ses envies. Certaines envies peuvent être des manques à combler en vue d’une satisfaction future. Parfois elles peuvent se manifester sous forme de but à atteindre, des objectifs que l’individu se fixe par le biais de son imagination. On constate ainsi que les hommes sont traversés tout au long de leur vie par une multitude de désirs qui orientent leurs actions. Dès lors, une question se pose : Dans quelle mesure les hommes peuvent-il faire parler le désir, c’est à dire exprimer le désir? Il s’agira d’étudier dans un premier temps que les hommes font parler le désir à travers le langage, permettant ainsi de communiquer son désir avec l’être désiré, que cette expression est source de plaisir, et que cela permet de comprendre le désir. Toutefois, il serait judicieux de noter que cette capacité est limitée car dans certains cas il est difficile de faire parler le désir, dans la mesure où il signifie reconnaitre sa faiblesse, et que dans certaines situations il s’exprime à l’inverse de manière incontrôlée. Enfin, nous verrons que reconnaître l’existence du désir permet de résoudre ce conflit intérieur.

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               Le langage est une faculté qui permet la communication entre les êtres humains, la transmission d’idées et de se faire comprendre par son entourage, il est ainsi possible d’exprimer le désir à autrui.

Tout d’        abord, la communication du désir permet de prendre conscience de la réciprocité d’un désir. Par exemple, dans « Roméo et Juliette » de Shakespeare, dans la scène du Balcon, on assiste  à l’émerveillement de Roméo dès la moindre parole de Juliette car il perçoit ses paroles comme une verbalisation de son désir. Elle utilise peu de mots mais son langage corporel vient compléter ses dires et sa gestuelle témoigne de la puissance de son désir pour Roméo. Son expression est donc source de grisement, à tel point qu’un simple « ah! » exprimé par Juliette l’enchantera. Cela permettra aux protagonistes de prendre conscience de leur attirance réciproque.

 De surcroît, l’homme peut faire parler le désir par le biais de sa verbalisation afin de retarder certaines actions et de susciter encore plus de désir. Cette pratique est propre aux libertins durant le XVIIIe siècle. Par exemple, dans « La nuit et le moment » de Crébillon est abordé la question de la parole érotisée. Dans l’oeuvre, on assiste à des conversations entre les libertins qui permettent le déploiement du désir à la sphère verbale. L’action sensuelle devient secondaire à la parole et le plaisir encore plus fort car il a été introduit par la parole.  C’est aussi un aspect présent dans « Liaisons dangereuses » de P. Chordelos De Laclos, où Merteuil initie Cécile au désir libertin, en affirmant que les lettres sont destinées à susciter le désir chez l’autre. Ainsi, on fait parler le désir par le biais de l’écriture ce qui fait naître le désir chez la personne désirée et est source de plaisir.

Faire parler le désir permet donc à échelle individuelle de mieux comprendre son désir, mais son expression est aussi utile à plus grande échelle, c’est pourquoi les hommes font appels parfois à l’art afin de faire parler le désir. En effet, en France au XVIIe siècle, on observe que le rôle joué par le théâtre est en partie d’être transmetteur d’un savoir sur le fonctionnement du désir. En effet, une œuvre d’art en général peut représenter le réel. De fait, elle peut donc illustrer le désir et instruire les hommes sur leurs désirs, par exemple Molière souhaitait « corriger les hommes en les divertissant », les hommes font donc aussi parler le désir dans l’Art dans une logique éducative.

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             Toutefois, si les hommes peuvent faire parler le désir, il peut être difficile dans certaine situation de l’exprimer. En effet, dans le cas de certains désirs cette tâche s’avère plus complexe. La difficulté de faire parler le désir peut être illustrée par l’ouvrage « Dans la solitude des champs de coton ». Effectivement, à travers cette oeuvre, Koltès met en scène un dealeur, qui  doit satisfaire le besoin d’un client. Mais il faut que le client se reconnaisse comme désirant, afin que le dealeur puisse le satisfaire, or il refuse de s’avouer comme client. Le dealeur insiste donc à travers le dialogue, mais le client reste très ambigu dans ses réponses. Cela n’est pas du au fait qu’il ai du mal à comprendre les questions du dealeur, mais plutôt du à son refus d’avouer son désir, de l’assumer  et de laisser l’autre avoir accès à sa pensée. Car s’avouer comme désirant signifierait qu’il admette sa situation d’incomplétude, de carence, et sa fragilité. Le désir crée donc une asymétrie entre ce qui est de l’ordre de la recherche de satisfaction et de la toute puissance de celui qui détient l’objet du désir. Il peut donc être complexe de faire parler le désir dans certaines situations, car cela signifie  laisser un certain pouvoir à celui qui détient l’objet du désir, et reconnaître sa faiblesse Ainsi, Koltès montre que tout désir induit un rapport de force, mais dans ce cas précis il y a un risque que la situation n’arrive jamais à un équilibre . L’autre peut donc être un frein à l’expression du désir ou sa verbalisation, aussi dans la mesure où il constitue une certaine pression sociale sur l’individu.

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