Le "je" est-il un autre ?

Essai HLP

« L’Homme crée le langage pour exprimer et partager ses sentiments les plus profonds » est une phrase de Rousseau, philosophe du XVIIIe siècle. Pour lui, les sentiments ne sont pas doués de langage mais prennent vie grâce aux mots que l’on met dessus. En effet, les sentiments sont des tendances affectives que la conscience comprend. La subjectivité va permettre alors de mettre en lumière ses propres états de conscience. Pour cela, il faut donc avoir de l’ego, c’est a dire la conscience que l'on a de soi-même.. Néanmoins le « je » ici n’est pas le « moi » mais le « moi » que je n’arrive pas a voir, les facettes de ma sensibilité et de ma personnalité inconsciente, que l’autre voit de moi et qui demande ainsi de l’observation objective. L’autre n’est pas mon voisin mais l’autre est le coté de moi-même que je ne connais pas. Ainsi, l’auteur ne serait que le sujet personnel de son existence, mais pourtant de nombreuses oeuvres de fiction sont créent.

Ainsi, nous allons pouvoir nous demander, si le « je » est-il un autre ?

Dans un premier temps, nous verrons comment l’art permet l’extériorisation de soi même. Dans un second temps, nous verrons que la littérature n’est pas seulement le miroir du « je ».

Ainsi, l’écriture est une création de soi. L’auteur parle de lui et de sa vie. En effet, selon les périodes, l’écrivain raconte sa vie, ses expériences et également la période dans laquelle il vit. Par exemple, dans Le Feu d’Henri Barbusse, l’auteur nous raconte sa vie comme témoin de la Grande Guerre. Son témoignage biographique aborde sa vie dans les tranchées, tel un journal dans lequel il note ses expériences en tant que soldat. Dans cette oeuvre, l’auteur met en avant ses propres expériences et parle de lui même dans l’objectif de renseigner les lecteurs tels que peut le faire Émile Zola. Ces écrivains font de leur existence le sujet principal de leur art. Louis Calaferte montre particulièrement cette idée a travers son oeuvre Ébauche d’un autoportrait regroupant des poèmes, pièces de théâtre, essais et romans inspirés par une expérience vécu par lui-même. Ce récit regroupe ainsi les angoisses et obsessions de l’auteur. Charlotte Salomon, artiste peintre du XX ème siècle publie Vie ? Ou Théâtre ? A travers ce roman graphique mêlant gouaches, textes et annotations musicales, elle remet en scène l'histoire de sa famille depuis la Première Guerre mondiale jusqu'à 1940. Cette oeuvre se présente tout à la fois comme un document historique mais également un roman d'apprentissage d'une jeune femme qui sait sa vie menacée. Ainsi, le biographe ne raconte pas seulement sa vie : il l’analyse a travers donc une introspection de ses propres pensées et de ses sentiments. Ainsi, la littérature aide ces derniers a mieux se comprendre grâce a son effet cathartique.

La nature est un thème récurrent chez les auteurs, notamment au XIXe siècle lors de la période romantique. En effet, celle ci va être le vecteur des sentiments des auteurs, qui se retrouvent a travers les description de paysages. Dans Les Contemplations de Victor Hugo, le poète réussi a faire le deuil de sa fille Léopoldine grâce a l’auteur qui est chamboulé face a un nature hostile. Les descriptions vont alors être en osmose avec les sentiments de l’auteur. Lorsqu’il parle de ses souvenirs heureux, il décrit une douce verdure. A l’inverse, dans la partie ou est évoqué la mort de sa fille, une nature violente est décrite. Ainsi, la nature semble être le miroir de l’âme de Victor Hugo, qui lui permet une introspection et de lui faciliter son deuil. La nature permet également à l’écrivain d’être spectateur de ses métamorphoses, comme dans La Retraite sentimentale où Colette nous décrit une sombre nature au sein de laquelle tout est de deuil, mais au fur a fur du récit, la narratrice retrouve de la joie, de la lumière et également des animaux avec lesquels partager sa transformation. Ce partage d’émotions se fait grâce a a un monologue, puis a un dialogue avec la nature. Colette se met en scène elle même à travers une introspection cathartique et se crée une nature autour d’elle pour retranscrire son évolution. Jean Jacques Rousseau dans Les Rêveries du promeneur solitaire tient de l’autobiographie également. Elle représente une relation fusionnelle avec la nature, développée par la marche, la contemplation, l'herborisation afin de trouver une vie paisible. Ainsi, l’oeuvre tente de produire chez le lecteur des émotions grâce a la vu de la nature, qui lui permettrait à travers l'auteur de mieux se saisir lui-même.

La plupart du temps dans les romans, l’auteur ne raconte pas sa vie mais un récit, une fiction qui met en scène un personnage qui n’est pas réel. En effet, l’écrivain raconte l’histoire en utilisant le « je » sans pour autant raconter sa propre histoire. Gustave

...