L'artiste est-il un marginal ?

Salvador Dali, peintre surréaliste du XXème siècle, est souvent considéré comme un précurseur, un innovateur. Avant-coureur d’un des mouvements artistiques le plus marquant du XXème siècle : le surréalisme, il a bouleversé l’esprit public en réalisant des tableaux hors-normes qui ont marqué l’art moderne. Pourtant, malgré un franc succès, il bien souvent considéré comme un peintre fou et dérangé. En suivant cet exemple, on peut penser qu’un artiste est un marginal car il réinvente les formes traditionnelles, brise les codes et crée une fissure avec les mœurs héritées. De plus, l’artiste, de par sa perception et son intuition, voit des choses qui ne sont pas perçues par la majorité et rend visible l’invisible. Cependant, même si les artistes sont à la recherche d’innovation, certains se contentent de suivre la voie ouverte par quelques précurseurs et miment ce qui était déjà original, ce qui devient alors commun. Par envie de tranquillité ou par peur de l’inconnu, ces artistes produisent un contenu inscrit dans la tendance de leur époque. On peut donc se demander qu’est-ce qui pousse les artistes à rechercher l’innovation, quitte à se retrouver en marge de la société ? De plus, les marginaux parviennent-ils vraiment à se détacher de toute influence extérieure et de toute inspiration ? Alors, n'est-ce pas grâce aux efforts des marginaux que la société peut évoluer ? Et donc n’est-ce pas ce qui les relie finalement au système ?

Premièrement, on peut penser que l’artiste perçoit le monde d’une façon différente et cherche l’originalité, ce qui le rend marginal. En effet, d’après Bergson, l’artiste révèle ce qui n’est pas visible aux yeux de tous. Ce qui n’est pas « aperçu » par la majorité des Hommes, bien que perçu. Effectivement, selon lui, la perception est guidée par l’utilité, le cerveau de la plupart des êtres humains ne conçoit que ce qui est utile à sa survie et à son fonctionnement, le reste est passé sous cloche, mit de côté. L’art met alors en évidence ce qui ne frappait pas directement nos sens et notre conscience. L’artiste est donc un distrait, un original, qui possède un don particulier qui le détache de l’utilité et lui permet de voir ce qui n’est pas utile de voir. Comme le disait si bien Oscar Wilde : « Avant Turner, il n’y avait pas de brouillard à Londres ». Cela nous montre que Turner à su révéler la beauté du brouillard grâce à ses peintures, il a mis en évidence un phénomène météorologique bien souvent méprisé par la majorité.

En ce sens on peut également dire que certains artistes recherchent à tout prix l’originalité et la rupture afin de briser les codes établis, quitte à être pris pour des absurdes. Par envie de renverser l’ordre établit, par recherche de gloire ou encore par intérêt financier, certain artiste n’hésite pas à totalement bouleverser les codes hérités afin de faire valoir leur art. On peut notamment prendre pour exemple la poésie au XXème siècle qui voit arriver de nombreux poètes précurseurs de modernité comme Apollinaire ou encore André Breton qui appartiennent au mouvement du surréalisme. Ces artistes réinventent les formes traditionnelles de la poésie en recherchant notamment de nouvelles inspirations comme les innovations modernes ou encore les villes urbaines. Comme le dit alors Apollinaire : « L’Homme est la recherche d’un nouveau langage auquel la grammaire d’aucune langue n’aura rien à dire ». On voit ici que les artistes sont bien en quête de rupture avec la métrique traditionnelle, ce qui les déconnecte des mœurs héritées par la poésie classique et les rend marginaux.

Au final, on peut également penser que certains artistes sont rejetés par la société ou rejettent la société, ce qui leur permet de créer des œuvres originales. En effet, les productions qui sont mises à part de la société témoignent d’une capacité d’innovation qui est étonnante. Elles montrent un pouvoir d’attraction du public remarquable, qui est d’autant plus surprenant qu’elles ne sont pas destinées à l’usage d’autrui. Ces artistes en marge de la société remettent bien souvent en cause le système établit ainsi que le pouvoir de certains individus et pointent du doigt les défaillances du système actuel. Bien souvent emprisonnés par de trop nombreuses restrictions, ils sont à la recherche de liberté. On peut notamment citer certains chanteurs ou groupes de musiques comme « Orelsan », « Kurt Cobain » ou encore « Les bérurier noir » qui critiquent la société moderne ainsi que certaines récentes polémiques. On peut par exemple mentionner « Orelsan » dans sa chanson « Suicide sociale » lorsqu’il évoque « les représentants grassouillets / Qui boivent jamais d'eau, comme s'ils n'voulaient pas s'mouiller » ou encore « les jeunes cadres fraîchement diplômés / qu'empileraient les cadavres pour arriver jusqu'au sommet ». On voit donc ici que le chanteur dénonce un système qu’il juge incompétent et dont il préfère se retirer. Tous ces artistes sont donc à part de la société et produisent un contenue nouveau, original, qui intéresse aussi bien le public que les autres marginaux. Pour autant, peut-on dire que tous les artistes sont réellement à la recherche de cette originalité bien particulière qui caractérise les marginaux ? Certains créateurs ne se contentent-ils pas de reproduire ce qui est déjà existant ?

En effet, certains artistes sont professionnels dans l’art du mimétisme et se contentent juste de reproduire ce qui a déjà été innové. Le mot « mimétisme » vient du grec ancien « mimèsis » qui signifie l’« imitation » ou encore l’« image ». Certains artistes se contentent donc seulement d’imiter les œuvres déjà présentes, en y ajoutant tout de même leur touche personnelle. Effectivement, l’aspect créateur n’apparait qu’au début puisque le distrait montre ce que personne n'avait perçu, un marginal est celui qui brise

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