Conception de la réalité en ethnologie
Dissertation : Conception de la réalité en ethnologie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar MrsBale • 2 Novembre 2024 • Dissertation • 1 674 Mots (7 Pages) • 17 Vues
Dissertation sur la conception de la réalité en ethnologie
Questionner la réalité présuppose de reconnaitre que celle-ci est façonnée aussi bien par son
existence propre et extérieure à l’Homme qu’à travers les perceptions qui se fondent en lui-même,
en son intériorité et les représentations qu’il s’en fait. Reconnaitre que l’être humain perçoit le
monde à travers des représentations nous indique que sa vision de la réalité est donc subjective et
fait appel à des interprétations. On reconnait donc une articulation entre l’existence d’une réalité qui
est la même pour une population, une société et celle d’une réalité intérieure et propre à chacun qui
rendent indéfinissables les frontières qui les séparent l’une de l’autre. Comment l’existence d’une
réalité sociale se construit pour venir modifier notre rapport au monde? Nous analyserons dans un
premier temps comment notre vision du monde est influencée par la culture, l’éducation et la
société, puis nous verrons ses effets constatés sur les rapports sociaux pour finalement montrer
comme nous pouvons nous saisir de l’experience artistique pour transformer notre experience du
réel.
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L’Homme évolue dans un monde de signes dont il cherche à se saisir et à acquérir une maitrise.
C’est ainsi que le langage verbal est devenu une de nos caractéristiques propres pour évoluer et
maitriser notre environnement. Cependant, si celui-ci s’est voulu un outil précis pour décrire le
monde qui nous entoure, son influence sur notre vision du monde est prépondérante puisque le
langage conditionne notre réalité. Pour Bergson, l’Homme, lorsqu’il regarde le monde, pose
également des étiquettes, il va ainsi nommer tout ce sur quoi il pose un regard, une action ou une
réflexion. Nous percevons tous inconsciemment de cette manière les choses, par le prisme de
l’utilité qu’elles ont et de la manière dont on nous a éduqués à les voir. Cependant, comme nous le
démontre le Cratyle de Platon, le rapport entre le signifiant et le signifié est avant tout arbitraire. Par
exemple, les objets ou notions ne sont pas genrés, et pourtant nous utilisons le féminin pour parler
d’une casserole et le masculin pour parler du courage. Ces représentations montrent qu’elle sont
avant tout fondées sur des stéréotypes ou des préjugés : le courage sera perçu comme une valeur
masculine tandis que la casserole, par sa morphologie, sera assimilée au féminin. Partant de cette
construction du langage, les mots eux-même vont fonder nos rapports au monde et aux êtres. Ainsi
en linguistique l’hypothèse de Sapir-Whorf propose l’idée que la différence des langues parlées
pourraient induire le fait que les individus partagent une vision du monde différente. Il y a tout
d’abord la notion de relativisme linguistique selon lequel les concepts sont différents selon les
langues du monde mais aussi la notion de déterminisme linguistique qui implique que notre vision
du monde et connaissances varient selon notre langue individuelle. Les concepts ne dépendraient
donc pas de nos perceptions, mais ce serait nos perceptions qui dépendraient donc des concepts
implémentés par la langue. Notre langue influence ainsi notre façon de voir le monde. C’est de cette
façon qu’en Namibie, pour les locuteurs de la langue Himba, il n’y a pas de distinction entre le bleu
et le vert. En revanche, les Himba ont beaucoup plus de valeurs de vert et sont capable de
reconnaitre des nuances qui nous sont imperceptibles. Langue, pensée et culture sont donc
intrinsèquement liés et influencent les perceptions et donc l’experience de la réalité. Il s’agit donc
bien ici de constructions mentales qui fondent notre vision du réel, d’aprioris perceptif, c’est à dire
qu’avant que la réflexion n’intervienne, la perception est déjà biaisée. On est habitués à percevoir
une chose sous un angle, par l’éducation et les normes, mais comment ces normes sociales
transforment notre rapport au monde et aux autres? L’être humain se pose des questions
existentielles, il a une volonté de comprendre le monde dans lequel il vit et cherche en permanence
un sens aux signes qui l’entourent. Dans l’Antiquité grecque, certains signes étaient interprétés
comme des présages et les intempéries de la météo représentaient la colère des dieux. La religion
notamment s’infiltre dans notre rapport au monde et va mettre en place des normes, conceptuelles et
éthérées. Par des figures imaginaires telles qu’Adam et Eve ou Abel et Cain, le catholicisme nous
inculque que le péché est mal ou qu’il est proscrit de commettre un meurtre. La religion et ses textes
vont donc permettre à la société d’intégrer cet imaginaire collectif et de le pratiquer dans la réalité,
de s’en faire des règles de conduite. Ces normes sociales en viennent à être une transcription en
droit de normes qui se rapportent à un imaginaire. Cela nous amène à la question
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