Commentaire d’arrêt : Cour de cassation, Assemblée plénière, 28 juin 2024
Étude de cas : Commentaire d’arrêt : Cour de cassation, Assemblée plénière, 28 juin 2024. Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar zutee • 3 Mars 2025 • Étude de cas • 1 322 Mots (6 Pages) • 6 Vues
Commentaire d’arrêt : Cour de cassation, Assemblée plénière, 28 juin
2024
Le mineur E a été déclaré coupable par le tribunal pour enfants d’un délit. Sa résidence
habituelle était fixée chez sa mère, Mme IX, mais son père, M. P L, exerçait également
l’autorité parentale, bien qu’il ne cohabitait pas quotidiennement avec l’enfant.Plusieurs
sociétés, dont la société 2 devenue société 4 et la société 3, se sont constituées parties
civiles et demandaient réparation.
Tribunal pour enfants : Déclaration de la responsabilité civile des deux parents.
Cour d’appel d’Aix-en-Provence : Exonération de M. P L sur la base de la résidence
habituelle de l’enfant chez la mère.
Pourvoi en cassation : Mme X, E L, M. P L et les sociétés parties civiles ont formé un
pourvoi, contestant l’interprétation restrictive de la responsabilité civile en fonction de la
résidence de l’enfant.
En cas de séparation des parents exerçant conjointement l'autorité parentale, la
responsabilité civile de plein droit pour les dommages causés par l’enfant doit-elle incomber
uniquement au parent chez qui la résidence de l’enfant a été fixée, ou être partagée entre
les deux parents ?
La Cour de cassation, en assemblée plénière, a opéré un revirement de jurisprudence. Elle
juge désormais que la responsabilité civile de plein droit incombe aux deux parents qui
exercent conjointement l’autorité parentale, sans tenir compte du lieu de résidence habituel
de l’enfant, sauf si une décision administrative ou judiciaire confie l’enfant à un tiers.
L’arrêt de la Cour de cassation soulève plusieurs questions d’interprétation de l’article 1242,
alinéa 4, du Code civil (I), et met en lumière les tensions et évolutions entre les principes de
responsabilité civile et de coparentalité dans le contexte de la séparation des parents (II)
I. L’interprétation de la responsabilité civile des parents dans le cadre de
la séparation parentale
A. La jurisprudence antérieure utilisant la condition de résidence comme critère déterminant
Avant l’arrêt du 28 juin 2024, la jurisprudence de la Cour de cassation s’appuyait sur une
interprétation stricte de l’article 1242, alinéa 4, du Code civil, selon laquelle les parents
étaient responsables de plein droit des dommages causés par leurs enfants mineurs
habitant avec eux. Cependant, cette responsabilité était limitée au parent chez qui la
résidence de l’enfant avait été fixée par une décision de justice. Dans son arrêt du 20 janvier
2000, la Cour de cassation avait affirmé que : « Cette condition de cohabitation n’est remplie
qu’à l’égard du parent chez lequel la résidence habituelle de l’enfant a été fixée par un juge
» (2e Civ., 20 janvier 2000).
Cela signifiait que seul le parent résident était tenu pour responsable des dommages causés
par l’enfant, même si l’autre parent, bien que séparé, exerçait conjointement l’autorité
parentale. Cette approche avait pour effet d’exclure le parent bénéficiaire d’un droit de visite
et d’hébergement de toute responsabilité civile, créant ainsi une inégalité dans le partage de
la responsabilité parentale.
Cette interprétation, se fondant sur la notion de résidence, ne reflétait plus les évolutions des
familles modernes. En particulier, elle ignorait les situations de résidence alternée ou de
participation active des deux parents à l’éducation de l’enfant. Elle était également en
décalage avec les principes de coparentalité prévus par la loi du 4 mars 2002 relative à
l’autorité parentale, qui visait à renforcer la responsabilité commune des parents dans
l’éducation de l’enfant, malgré la séparation.
B. Le revirement de la Cour de cassation avec la reconnaissance de la coparentalité dans la
responsabilité civile
L’arrêt du 28 juin 2024 marque un tournant majeur. La Cour de cassation abandonne la
référence stricte à la résidence de l’enfant pour fonder la responsabilité parentale, et adopte
une interprétation plus large, centrée sur l'exercice conjoint de l’autorité parentale. Ce
revirement consacre le principe de coparentalité et ouvre la voie à une responsabilité
partagée, même si l’enfant réside principalement chez l’un des parents.
La Cour affirme que : « La cohabitation avec un enfant mineur à l’égard duquel ils exercent
conjointement l’autorité parentale ne cesse que lorsque des
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