Piet Mondrian et l'art abstrait

L’art abstrait est un mouvement international qui domine tout le XXe siècle. Il se positionne en rupture avec une conception traditionnelle de l’art comme une imitation de la nature, que l’on appelle l’art figuratif. L’art abstrait ne représente pas des êtres ou des objets du monde naturel mais des formes et des couleurs comme matière première. Cette technique découle des mouvements artistiques de l’impressionnisme, du fauvisme et du cubisme qui constituent les prémices de l’art abstrait.

A partir des années 1910, les artistes adhérant à ce mouvement désirent se détacher du style académique pour se rapprocher de la pensée scientifique. En effet, c’est à cette époque que la théorie de la relativité, que vous connaissez tous, et la physique quantique vont venir complexifier la notion de réalité. La peinture abstraite va donc permettre aux artistes d’exprimer cette nouvelle conception du monde.

Eden, Sadji et moi allons vous présenter les 3 artistes fondateurs de ce mouvement au langage universel.

« Je construis des lignes et des combinaisons de couleurs sur des surfaces planes afin d’exprimer, avec la plus grandes conscience la beauté générale » c’est ce qu’a dit Pieter Cornelis Mondriaan qui se fait appeler Piet Mondrian. Il crée une branche de l’art abstrait, le néoplasticisme qui a fortement marqué l’art du XXe siècle. Le néoplasticisme est caractérisé par son austérité, ainsi que part l’utilisation exclusive de lignes horizontales ou verticales, des couleurs primaires du noir et du blanc.

Parlons rapidement de Piet Mondrian. Né en 1872 à Amersfoort au Pays-Bas et mort en 1944 aux USA, il est l’un des pionniers de l’art abstrait. Dans sa jeunesse, il intègre l’Académie royale des Beaux-Arts d’Amsterdam et dépeint essentiellement des paysages, comme le veut la tradition hollandaise. Dans les années 1900, Piet Mondrian découvre le fauvisme, le cubisme ainsi que l’œuvre de Vincent Van Gogh aux couleurs éclatantes qui l’inspireront beaucoup. Il s’intéresse parallèlement à la théosophie qui associe la quête spirituelle à l’approche scientifique. Grâce à ces nombreuses influences, Mondrian trouve dès 1914 son propre langage pictural basé sur l’abstraction qui lui permet d’accéder à la vérité. Il se détache de tout mimétisme avec le réel à travers son art radicalement géométrique et n’utilisant que des couleurs pures.

Pour Mondrian, l’angle droit et la grille deviennent la matérialisation de toutes les complémentarités de la vie comme l’intérieur et l’extérieur, le féminin et le masculin. C’est pour cela que lorsqu’il va s’établir à NY pendant la 2nd GM, il va tomber amoureux de la ville de son quadrillage rectiligne, de ses gratte-ciels et du jazz. Mondrian va réaliser plusieurs toiles comme « Broadway Boogie-Woogie » en 1942 en l’honneur de cette ville.

Ses œuvres les plus connues vont tout de même rester sa série d’ « Arbres » réalisée entre 1908 et 1912 qui montre la progression du peintre dans le processus d’épuration, d’abstraction ainsi que ses Compositions.

 J’ai choisi de vous présenter la dernière toile que Mondrian à réaliser « Broadway Boogie-Woogie » même si ce n’est pas l’une des plus célèbres. Pourquoi ? Tout d’abord parce que c’est l’œuvre dans laquelle Mondrian a poussé le plus loin son art, parce que l’atmosphère dynamique qu’elle dégage me plaît beaucoup et aussi parce qu’elle soulève une problématique intéressante : « Mondrian respecte-il son principe d’abstraction et de non-mimétisme du réel ? ».

Analysons d’abord la toile. D’une part on peut voir qu’elle est composée d’un quadrillage irrégulier et assez dense de lignes jaunes. Le fond est blanc et on peut observer la présence de carrés et rectangles rouges, bleu, jaunes, blancs et gris disposés à intervalles variables. On peut également souligner l’absence de noir et qu’ici les formes géométriques ne sont pas délimitées par des lignes noires, contrairement aux œuvres précédentes de Mondrian. Ce tableau est abstrait car il ne dépeint pas une scène ou un objet de la réalité et respecte bien les principes géométriques et puristes du néoplasticisme.

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