L'émigration dans le cinéma africain

L’émigration dans le cinéma africain

Le cinéma se veut un art total qui dispose d’une pluralité de moyens techniques lui permettant d’aborder différents sujets et de s’attaquer à des problématiques diverses. Le cinéma africain en particulier se penche sur plusieurs thématiques dont le thème de l’émigration dès lors que ledit thème est étroitement lié à l’Histoire de ce continent. Alors, quelle place occupe ce sujet dans la production cinématographique africaine ? Et comment est-ce que les cinéastes le présentent-ils aux spectateurs ? Notre propos est de mettre de la lumière sur la représentation du thème de l’émigration dans le cinéma africain et ce à partir de trois moments ; il sera question dans un premier moment de définir ce phénomène, dans un deuxième moment de tirer au clair quelques raisons poussant les cinéastes africains à traiter dudit phénomène et dans un troisième moment des thèmes abordés par ces cinéastes.

Il convient de commencer par définir le terme émigration qui consiste à quitter son pays, sa région pour des raisons économiques, politiques, religieuses , il importe, à ce niveau, de mentionner que le mot émigration signifie –à peut près- la même chose que le mot immigration que le Petit Robert définit comme suit :

« Entrée dans un pays de personnes non autochtones qui viennent s’y établir, généralement pour y trouver un emploi. »

Ce voisinage sémantique est présent dans le livre Cinéma et Société, de Moulay Driss Jaïdi qui définit le terme immigration par ces mots :

« La notion d’immigration est liée à celle de mouvement de déplacement sur une grande distance, de déracinement. Dès lors, il est essentiel de distinguer l’émigration interne qui est au cœur de l’économie et de la société (de la compagne à la ville ou d’une région vers une autre) et l’émigration vers l’étranger qui forme la base de la constitution du peuple américain dans la mesure où l’émigration européenne s’est toujours faite jusqu’à la guerre de 1914 en direction des USA « terre d’accueil et de liberté ».

L’on constate à travers les trois définitions que le mot émigration ou immigration renvoient à l’idée de départ, de déplacement, d’expatriation. Pour

tout dire, on parle d’immigration quand un individu ou un groupe d’individus quitte son propre pays, de son plein gré ou malgré lui (pour des raisons sécuritaires, politiques, économiques ou autres…), pour aller s’installer provisoirement ou définitivement dans un autre pays.

Nous avons tenté jusqu’à maintenant de définir le terme immigration, reste à savoir comment ce phénomène est représenté dans le cinéma africain.

Le thème de l’immigration revêt une importance capitale dans la production cinématographique mondiale en générale et africaine en particulier. Cette importance est manifeste à partir de l’invention d’un terme qui résume le cinéma qui s’intéresse à cette thématique, il s’agit bien du cinéma de l’immigration qui se veut :

« Un cinéma réalisé hors du pays d’origine : il a donné lieu à des œuvres personnelles qui privilégient les destins individuels aux intérêts collectifs et des styles conventions de narration »

Aussi faut-il rappeler que quand on aborde le thème de l’émigration dans le cinéma africain, il faut se rendre compte de l’existence de deux catégories de cinéastes ; d’une part ceux qui traitent de l’immigration en étant eux-mêmes des émigrés d’origine africaine résidants dans un pays européen comme Med HONDO ou Sydney SOKHONA et de l’autre part les cinéastes africains qui vivent en Afrique tels Ousmane SEMBENE et Djibril Diop-Mambéry.

Le penchement du cinéma africain sur le sujet de l’immigration est justifié par plusieurs raisons dont on peut citer à titre illustratif l’occultation par les mass-médias des pays d’origine et des pays d’accueil des conditions de vie des émigrés alors certains cinéastes se proposent pour combler ce manque d’expression des émigrés et mettent en scènes des films visant à mettre l’action sur la

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