L'experience sensorielle en art

L'EXPÉRIENCE SENSORIELLE

Pour comprendre ce travail éditorial, il faut d’abord prendre conscience que le mouvement artistique du futurisme s’inscrit dans une époque ou le monde moderne et la civilisation urbaine exalte.

Dans ce contexte, les machines se font facilement leur place, et la vitesse est acclamée: on ne jure plus que par cela.

Le futurisme marque également son rejet de la tradition esthétique, et ce sont ces grands piliers d’une époque que Marinetti vient inscrire dans ces pages. L’écrivain italo-français décide de déplacer ces vers libre et dynamique vers ce monde moderne, affamé de vitesse. C’est dans ces conditions qu’il va proposer une poésie où les mots vont se suivre les uns après les autres comme autant de flash visuels, libérés des règles de la grammaire et de la syntaxe, ainsi que de toute forme d’enchaînement.

Cette révolution typographique vient nous réveiller dans nos lectures trop académiques et linéaires quant à leur forme. L’artiste nous surprend et nous fait découvrir un texte où les caractères parlent. Les mots deviennent des images, plus puissant que n’importe quel assemblage. Les messages deviennent plus impactant, et attirent notre oeil sans souci.

Marinetti nous sort de nos habitudes, comme a aussi pu le faire, plus récemment, l’artiste Fabrice Tyler, en intégrant à son exposition à la fondation EDF, à Paris, un mobilier qui peut nous faire tomber de haut.

Son “escalier sans fin POF 100” de 1998 est un des exemples du mobilier déséquilibrant qu’il expose, et qui nécessite d’être utilisé pour être compris. Or, même si en arrivant devant ces meubles, on se doute à leur silhouette qu’il ne pourra-nous accueillir, on ne peut s'empêcher de les essayer pour éprouver cette sensation de chute, et goûter cette expérience.

Lorsque nous vous avons introduit le manuel de Marinetti, nous avons attiré votre attention sur le format des pages. Vous pouvez remarquer que celle-ci ne respecte pas le format initial dicté par la couverture. Marinetti va ici, par un système de pliage qui varie, tout comme la dimension des pages, permettre que ses caractères deviennent plus imposant dans leurs tailles mais aussi dans les sentiments qu’ils dégagent.

Ces pliures et cette possibilité de “grandir” se retrouvent également dans le programme sensible de la gaieté Lyrique de 2011, qui a été conçu par le studio Helmo.

Les graphistes ont ici pris le parti de ne pas imposer la forme qui ira avec les diverses lectures, et laisse le public joué avec le programme pour en découvrir la pluralité de dimensions.

L’expérience sensorielle réside aussi en ceci: un jeu avec les pages, pour découvrir diverses lectures, et tenter des chemins, une expérience avec un média imprimé, qu’on a souvent tendance à oublier dans notre société qui tend à tout médiatiser.

Avec toutes les nouvelles expositions que nous voyons émerger aujourd’hui, nous ne sommes pas ignorants lorsque nous nous retrouvons face à des dispositifs interactifs.

Vous êtes peut-être, par exemple, familier avec les expositions présentées à La Cité des Sciences et de l’Industrie, qui accueille régulièrement des présentations

interactives justement, créant un lien entre le savoir qu’on cherche à nous offrir et les curieux.

Ces systèmes favorisent l’apprentissage grâce au jeu et à l’immersion qu’ils proposent, et émerveillent autant les petits que les plus grands.

Néanmoins, ces agencements restent épisodiques et ne vous accompagnent pas tout au long de votre excursion: on pourrait plutôt dire qu’ils apparaissent quand les enfants s'apprêtent à décrocher, ou quand quelque chose devient un peu compliqué à saisir, et qu’une illustration améliore la compréhension.

Néanmoins, les lieux vous mettant dans une atmosphère immersive qui vous enveloppe existent bien, et sont même plus nombreux que ce que vous imaginez. On pourra tout d’abord penser au très connu Atelier des Frères Lumières de Paris, qui chaque année, abrite plusieurs expositions

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