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Étude de la chanson Imagine de John Lennon

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Par   •  24 Janvier 2021  •  Commentaire de texte  •  1 212 Mots (5 Pages)  •  3 371 Vues

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TD 11 – PROPOSITION DE CORRIGÉ

Imaginez qu'il n'y a pas de Paradis,[pic 1]

C'est facile si vous essayez,

Aucun enfer en dessous de nous,

Au-dessus de nous seulement le ciel,

Imaginez tous les gens,

Vivant le présent...

 

Imaginez qu'il n'y a aucun pays,

Ce n'est pas dur à faire,

Aucune cause pour laquelle tuer ou mourir,

Aucune religion non plus,

Imaginez tous les gens,

Vivant leurs vies dans la paix...

 

Vous pouvez dire que je suis un rêveur,

Mais je ne suis pas le seul,

J'espère qu'un jour vous nous rejoindrez,

Et que le monde vivra uni

Analysez bien ces quelques lignes de la chanson de John Lennon « Imagine » (sur un plan politique, social ou religieux)

En quoi a-t-il raison de penser une telle utopie ?

  • John Lennon regrette que l’homme ne soit pas libre car prisonnier des carcans de la religion, des normes, de la logique d’une civilisation capitaliste, du concept identitaire de Nation.

  • Il préconise une espèce de table rase du passé pour oublier les querelles et laisser place au carpe diem, sans spéculer sur un avenir qui désormais ne saurait être que radieux.
  • Lennon pense que la paix universelle est le bonheur assuré pour tous. Il imagine paradoxalement un nouveau Paradis, qu’il faudrait peut-être à son tour détruire. Lennon est convaincu que la paix est l’environnement idéal pour l’Homme. Depuis l’antiquité (3500 ans avant J.C.), la période de paix continue du monde occidental n’a duré guère que 250 ans, avec la Pax Romana du début de l’ère chrétienne. La dernière guerre en Europe (dite des Balkans)  date des années 1990.
  • Les frontières, quant à elles, disparaissent bel et bien. La construction de l’Europe depuis le Traité de Rome de 1958  a permis de concrétiser un espace sans frontières : l’espace Schengen qui fonctionne depuis 1995 comme un espace unique en matière de voyages internationaux et de contrôles frontaliers au sein de la CEE.
  • La plupart des conflits mondiaux à l’heure actuelle (et depuis toujours) ont une origine totale ou partielle dans la religion. C’est le cas notamment au Moyen Orient et en Afrique. Il existe aussi des tensions et des ségrégations en Birmanie avec les déplacements forcés des musulmans Rohingyas qui doivent laisser place au bouddhisme.
  • John Lennon préconise une utopie, un terme inventé par l’anglais Thomas More au XVIe siècle, qui décrit dans son ouvrage Utopia un monde où le rôle de la religion est minimisé. John Lennon va plus loin avec son désir de supprimer toute religion, en leur préférant un concept humaniste.

Quels dangers voyez-vous dans ces quelques lignes ?

  • La première victime de cette chanson est la religion. Lennon veut les détruire toutes. Or les religions représentent une identité, une culture, un concept de vie qui sert de guide spirituel et aide les hommes à se respecter mutuellement. Beaucoup de fidèles sont prêts à reprendre les armes, comme au temps des Croisades ou des guerres de religion dès lors qu’on touche à leur religion. L’Homme a le sens du sacré, et il est disposé à se sacrifier pour cela.
  • Donc détruire les religions ne ferait qu’amener le chaos. Vouloir créer le vide d’une religion est impossible. Tomas More l’avait bien compris et envisageait seulement de leur donner progressivement moins d’importance. Nous avons l’exemple de l’expérience marxiste-léniniste du XXe siècle. Ce régime en vigueur en Union soviétique de 1917 à 1989 n’est pas parvenu à ses fins, et à peine tombé le mur de Berlin, les croyants ont repris le chemin des temples. Il n’a jamais réussi à vaincre les religions qu’il s’était pourtant fixé comme objectif de faire disparaître.
  • Supprimer une religion, c’est amputer l’Homme d’une partie de lui, et s’avère encore plus dangereux que de vouloir le convertir à une autre religion. Dans les deux cas, c’est le signal de départ d’un conflit.
  • John Lennon ne s’est jamais caché de son addiction aux drogues. On pourrait le suspecter de vouloir remplacer l’eau bénite par le LSD.

  • Vouloir supprimer les frontières, les pays, les nations équivaut à vouloir supprimer tout élément identitaire, culturel. Or nous sommes riches de nos différences et de nos spécificités. Sans cela, nous serions plongés dans une uniformité déprimante où chacun ressemblerait à son semblable. C’est insupportable comme idée car l’Homme tient à son identité. D’un autre côté, nous voyons aujourd’hui les difficultés de fonctionner de l’espace Schengen. C’est une passoire à l’origine de problèmes insolubles de migrants clandestins qu’on ne peut plus renvoyer chez eux.
  • Lennon se propose d’éliminer le Mal pour ne garder que le Bien. Détruire le manichéisme revient à détruire le Bien car on ne sait plus ce qu’est le Bien s’il ne subsiste pas le Mal comme repère. Le Bien ne serait alors qu’un élément totalitaire
  • Lennon veut supprimer les guerres. On ne saurait le lui reprocher. Toutefois, ses solutions risquent d’en déclencher ! La guerre du Vietnam qu’il n’a eu de cesse de combattre n’était ni un conflit religieux, ni un conflit de conquête de quelque terre irrédente. C’était un conflit géopolitique qui mettait en opposition les intérêts tout aussi légitimes du Viet Cong (communiste) que des républicains (soutenus par les USA). Seule la loi du plus fort peut résoudre ce type de problème. Or, sa campagne anti-guerre et la fin précipitée qu’elle a entraînée a rajouté la confusion sociale aux USA, en plus de la guerre.

Poussant l’idéalisme jusqu’au solipsisme, cette chanson révèlerait-elle le côté narcissique de Lennon ? Découvrons une de ses pensées : « Je ne crois pas à la magie. Je ne crois pas en Jésus. Je ne crois pas en Kennedy. Je ne crois pas en Elvis. Je ne crois pas dans les Beatles. Je crois juste en moi. » Lennon se pose en gourou de l’humanité. Il oublie que l’humanité n’est pas une secte, mais un ensemble plutôt  cohérent de civilisations. Son système ne peut aboutir qu’au dogme de la pensée unique. Nous atteignons là les limites de l’internement psychiatrique. Mais laissons-lui une échappatoire ! Sachant que toutes les utopies se transforment en dystopies dès lors qu’on les prend à la lettre, peut-être pourrions-nous analyser « Imagine » comme un simple objectif malléable. Pour rêver un peu. Une chansonnette simple comme ses arrangements qui trotte dans la tête et s’évapore comme elle est arrivée, sans laisser de traces. Mieux vaut le voir ainsi plutôt que comme un appel à l’anarchie et au chaos qui l’accompagne. Pour que le message de paix ne mute pas en une déclaration de guerre et que les notes de piano ne résonnent pas comme le son du canon.  

Un peu de vocabulaire… John Lennon est-il :

  • Athée (Dieu, les dieux n’existent pas)
  • Laïc (qui tolère toutes les religions et qui les oblige à cohabiter pacifiquement, cf. la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État français)
  • Agnostique (qui n’a pas de foi, qui ne saurait dire si Dieu ou les dieux existent ou non)

Sans oublier :

  • La distinction entre religion et secte (en fonction de critères multiples)
  • Le qualificatif de Dieu = ineffable (qui ne s’explique pas)
  • Manichéisme = Doctrine des disciples de Mani. Conception qui divise toute chose en deux parties, dont l'une est considérée tout entière avec faveur et l'autre rejetée sans nuance.
  • Solipsisme =  Le solipsisme sert à désigner la philosophie d’un individu pensant que sa conscience est l'unique fondement de la réalité des choses

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