Musica
Fiche : Musica. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bichoutte • 20 Mars 2014 • Fiche • 483 Mots (2 Pages) • 1 000 Vues
Née en Indochine, Marguerite Donnadieu, dite Duras, s'installe à Paris en 1932 pour y finir ses études de droit et de sciences politiques. Elle publie ses premiers romans au cours de la guerre, durant laquelle elle est résistante. Dans les années 1950, son style, elliptique et simplifié, évolue vers le Nouveau Roman, notamment dans les Petits Chevaux de Tarquinia (1953). En 1958, Marguerite Duras voit pour la première fois un de ses ouvrages adapté au cinéma : Un Barrage contre le Pacifique est réalisé par René Clément. D'autres œuvres, telles que l'Amant, seront également mises en images plus tard. Parallèlement à son écriture, l'engagement politique de la romancière, dans le camp de la gauche, est de plus en plus fort : elle milite contre la guerre d'Algérie, s'engage dans la révolution féministe de Mai 68 et signe le manifeste contre l'avortement en 1971. Elle s'essaie au théâtre, avec des pièces comme la Musica (1965) et signe des scénarios de films, dont Hiroshima mon amour (1958) et Une aussi longue absence (1960). Elle passe ensuite à la réalisation, notamment avec India Song (1975) ou le Camion (1977). Rongée par l'alcool, Marguerite Duras continue à écrire, puis à dicter ses romans avant de s'éteindre le 3 mars 1996.
L'amour, sous toutes ses formes, est l'une des constantes du théâtre durassien. La Musica, en 1965, est la première pièce à le prendre explicitement pour sujet. Les deux personnages anonymes – « Elle » et « Lui » – se rencontrent pour l'ultime étape de leur union : le jugement de divorce. La pièce n'est pas structurée en actes. Il s'agit d'un court dialogue qui pourrait durer indéfiniment. Dans le hall d'un hôtel, l'homme et la femme passent la nuit à parler de leur histoire, comme pour exorciser le passé.
Ce sont des gens qui se sont aimés et qui se sont séparés. Ils sont encore jeunes, ils ont trente ans encore, trente-cinq ans, ils ont lu sans aucun doute. Des diplômes aussi. Ils ont été bien élevés, ils le sont restés. Ils en gardent cette élégance qui jamais ne se récuse. Ils sont de bonne volonté aussi, ils ont fait comme tout le monde, ils se sont mariés, ils se sont installés et puis voilà, ils ont été arrachés l’un à l’autre par les forces mauvaises de la passion. Ils ne savent pas encore qu’ils ont été “ eux.
Ainsi La Musica ne se propose pas de représenter la rupture et l’explication finale des époux tout juste divorcés, mais tente de donner à voir et à entendre l’invisible et l’inexprimé qui sont à l’œuvre dans cette ultime rencontre. A la platitude mélodramatique d’un dialogue explicatif se substitue un échange qui fait affleurer des zones d’ombre, de brutalité et de violence liées au désir. Paroles toujours menacées par le silence et dont l’objet ne cesse de se dérober. Violence d’une pulsion et d’un amour qui ne seront jamais morts ?
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