Mouvement réaliste
Rapports de Stage : Mouvement réaliste. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Julyyyyyye • 19 Mars 2014 • 757 Mots (4 Pages) • 733 Vues
La rue de Prague est une peinture à l’huile intégrant des collages sur toile. Les techniques utilisées rapprochent Otto Dix du courant "dadaïste", mais ce tableau s’inscrit dans le courant expressionniste, en ce que l’art est un moyen d’exprimer des angoisses et une révolte face à la situation sociale et économique difficile. Otto Dix est allemand, né en 1891, et a participé à la guerre 14-18 en tant que simple soldat. La rue de Prague est la grande rue commerçante de Dresde, ville où vécu longtemps Otto Dix. Il montre le climat politique de l’Allemagne un an après la signature du traité de Versailles (juillet 1920). Celui-ci oblige l’Allemagne à reconnaître sa propre responsabilité dans le déclanchement de la guerre et à payer de lourdes réparations aux alliés.
On voit dans le tableau des hommes diminués, porteurs de prothèses mécaniques, des cicatrices hideuses, des greffes, un monde grotesque d'anciens combattants pour les uns réduits à mendier, les autres exhibant leurs blessures comme autant de preuves de leur bravoure guerrière. Les invalides sont amoindris mis au même niveau que le chien, plus bas que la dame en robe rose moulante (une prostituée). Une petite fille pauvre dessine à la craie sur un mur. La vitrine contient des perruques, des corsets et des prothèses. Une main de bois tient une canne. La peinture oscille entre une précision neutre et des déformations satiriques. La scène que dépeint Otto Dix est cadrée serrée, oblique, ce qui crée une impression de confusion et de déséquilibre. Les éléments nombreux font du tableau une sorte de catalogue chaotique dont l’enchevêtrement est à l’image de la folie du monde. Une construction du tableau particulière qui fait apparaître une humanité disloquée.
Les quatre thèmes du tableau :
- La guerre, dont l'atrocité fascinait Otto Dix, est évoquée par les corps démembrés des deux "gueules cassées". La vitrine de prothèses rappelle aussi les mutilations des soldats morts ou blessés. La jambe de la femme, les bras des passants évoquent aussi les membres du corps que les mutilés ont perdus.
- La pauvreté en Allemagne après la guerre est évoquée par la misère du mendiant : appauvrie par la guerre, contrainte par le traité de Versailles de verser des "réparations" à la France, l'Allemagne n'a pas d'argent pour verser des pensions aux invalides de guerre incapables de travailler. La petite fille n'a pas de chaussures, sa pauvreté et sa solitude nous font penser qu'elle est peut-être orpheline.
- Le climat social en Allemagne : même si une main donne quelque chose au mendiant (un timbre ?), la circulation rapide dans la rue évoque l'indifférence à la souffrance et l'absence de solidarité. Chaque humanité ignore l’autre, les regards ne se croisent pas. Cette scène n’est que la vitrine du monde dont la rue offre le spectacle : mélange de passants soucieux d’élégance et de personnes à jamais handicapées dont on voudrait oublier l’existence. L’horreur est devenu le spectacle banal et quotidien de la rue.
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