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Hanoch Levin - L'enfant rêve

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Par   •  26 Mai 2013  •  3 576 Mots (15 Pages)  •  1 322 Vues

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Hanoch Levin

L’Enfant rêve

I) Une esthétique du voyage onirique

- Une esthétique kaléidoscopique à travers le motif de la fuite

- La polyphonie d’un texte qui fait parler les infans

- La guerre : un mauvais rêve à la machinerie impossible à arrêter

II) Le lyrisme de L’Enfant rêve ; une pièce à la croisée des genres

- Une pièce musicale

- Un univers chanté

- La « beauté convulsive »

III) Une pièce « mythologique » ; un imaginaire malmené

- Un théâtre épique ?

- Un théâtre qui fait appel à l’inconscient collectif

- Un théâtre-documentaire du sentiment ; Redonner sa démesure juste à l’absurde réalité.

Si j’ai choisi d’étudier L’Enfant Rêve, bien que je ne connaisse ni la pièce ni l’auteur, c’est purement et simplement parce le titre me plaisait. Et ce titre, je ne l’ai pas compris comme la version hébraïque le suppose. La traduction « l’enfant rêve » fait partie de ces cas particuliers qui enrichissent la version originale d’un nouveau sens. Si, en hébreu, sans aucune ambigüité possible, « l’enfant rêve » est à entendre « l’enfant dort, il est en train de rêver », la version française apporte une autre dimension. Si l’on entend le mot « rêve » comme un nom et non uniquement comme un verbe, le titre résonne plutôt alors ainsi : « l’Enfant-rêve ». L’enfant fait de rêve. L’Enfant d’ailleurs, l’enfant ailleurs. L’enfant ange. L’enfant d’un autre monde. L’enfant du rêve. L’enfant qui fait rêver. Hanoch Levin, poète qu’il était, n’aurait peut-être pas renié ce sens. Si l’enfant rêve, alors l’enfant nous invite dans son rêve. L’enfant rêvant est rêve parmi nous, et autour de nous. Mais attention, en se laissant emporter. Car le rêve est toujours menacé de se faire éventrer.

Introduction

L’Enfant rêve se présente comme les pérégrinations d’un enfant et de sa mère dans un monde dont la guerre a remplacé toutes les règles par le règne de la cruauté. Hanoch Levin, à travers un lyrisme véritablement orphique, retransmet les coups profonds ravalés face à la guerre israélo-palestinienne. Avec une violence irrémédiable, il déchire froidement, un à un, les tableaux de la vie. Pour recréer la logique implacable du système de la guerre, il confectionne, à travers L’Enfant rêve, un parcours dans le rêve affreux de la guerre. C’est ainsi. Comme un fleuve avance sans jamais s’arrêter même en charriant des cadavres, comme un mauvais rêve qui nous emporte jusqu’au bout… L’horreur ne s’arrête pas avec le constat de l’horreur.

Nous examinerons tout d’abord comment Hanoch Levin recrée une esthétique du rêve, notamment autour de l’idée de mouvement qu’on ne peut arrêter, le voyage sous la forme d’une fuite, et la confrontation perpétuelle à de nouveaux obstacles. Afin d’étudier comment, en terme de style, Hanoch Levin nous entraîne plus avant dans cette logique du rêve, nous nous pencherons sur le lyrisme rare qu’il met en œuvre. Puis, au vu de ces différents éléments, nous proposerons d’approcher cette œuvre en tant que pièce mythologique, notion que nous explorerons plus en détail. Dans toute notre progression nous nous demanderons comment Hanoch Levin alterne entre construction, et fracassement du rêve, afin de mieux nous renvoyer à la réalité crue et violente de la guerre ; comment ainsi il nous provoque et nous interpelle, dans un engagement profondément politique. 

Une esthétique du voyage onirique

L’Enfant Rêve, c’est avant tout l’histoire d’une fuite. Fuite du cauchemar de la guerre… Pour une aube meilleure. Mais comme nous spectateurs, coincés dans la contemplation perverse de ce monde étrange où tout s’effondre sans cesse, jamais cet enfant et sa mère n’échappent au malheur. Du fait de ce mouvement permanent, la pièce nous fait traverser de nombreuses situations, de la « nature morte » de la première scène : « Parents contemplant un enfant qui rêve. » de la première scène, au charnier d’enfants final. Cette allusion picturale dans la première scène n’est pas anodine. De fait, ce que laisse se profiler Hanoch Levin, c’est une fantastique galerie de guerre. Il suffit de lire la liste des personnages pour avoir une idée de la nature de la pièce : « le père ; la mère ; l’enfant ». Jusqu’ici cela pourrait répondre simplement du choix de rester indéfini et de ne pas nommer les personnages. Mais cela va plus loin. On le voit à la lecture de la suite de la liste : « des persécutés », « des marins », « des habitants de l’île »… Ces personnages n’en sont pas. Ce sont des fonctions. « La femme gémissante », « la passagère charitable ». On croirait lire des titres de fables, ou de tableaux ! Et c’est tout à fait cohérent avec ce que fait Hanoch Levin. A travers toute la pièce, en se donnant et en nous donnant comme prétexte la fuite de l’enfant et de sa mère, il nous fait traverser à travers tous les tableaux du monde de la guerre, en créant ce que l’on pourrait appeler une esthétique kaléidoscopique. Ce n’est pas, au fond, l’histoire d’une famille à laquelle nous nous attachons. C’est la situation de tout un peuple qui est chantée à travers cette pièce. Hanoch Levin donne la voix aux « enfants affamés », aux « journalistes et photographes », au « jeune boiteux », à « la femme née pour l’amour »… Tout le monde y trouve son rôle, et tout le peuple participe à créer cette pièce. Etymologiquement, l’enfant est celui qui ne parle pas. Est infans celui qui n’a pas encore l’usage de la parole. L’Enfant Rêve… C’est aussi donner la parole à tous les oubliés, tous ceux qui sont réduits à l’état d’enfants, incapables de faire entendre leur parole. Dans L’Enfant rêve, tout le monde parle, y compris les enfants. Cette polyphonie et cette richesse des images participent à créer une épaisseur onirique.

Comme dans un rêve, chaque scène vaut dans son ensemble. Une fois que sont entrés les personnages, chaque scène est un tableau et vaut comme tableau. Aucune

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