Carmen de Stromae
Commentaire de texte : Carmen de Stromae. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar goroshigeno • 3 Octobre 2019 • Commentaire de texte • 1 239 Mots (5 Pages) • 12 353 Vues
« Carmen » de Stromae
Stromae, de son vrai nom Paul Van Haver est né le 12 mars 1985 à Bruxelles. Il a 34 ans, c'est un auteur-compositeur-interprète belge de musique électro. Son pseudonyme est issu du mot Maestro (qui veut dire maître en italien), mais en verlan. Il se fait connaître internationalement en 2009 avec la chanson Alors on danse.
« Carmen » remet en cause la futilité des réseaux sociaux, tel que Twitter, en s'inspirant de l'opéra Carmen de Georges Bizet, "L'amour est un oiseau rebelle". Stromae reprend l’élément caractéristique de l'air de Carmen, le rythme répétitif d'habanera (danse cubaine de la fin du XIXe siècle, avec un rythme répétitif à la basse).
Les instruments sont la caisse claire, les cordes frottées, la batterie et les sons électroniques. Les voix présentes sont la voix du ténor soliste et le chœur à voix égales d'homme. Le rythme d'habanera issu de l'opéra a été gardé mais est joué en boucle, c'est un sample (c'est un extrait de musique ou un son réutilisé dans un nouveau morceau, souvent joué en boucle). L'électro du 21ème siècle se mélange à l'opéra du 19ème c'est un métissage des styles et des époques.
Ce clip en forme de dessin animé est une satire virulente des réseaux sociaux. Le tout est bien dans l’esprit typiquement belge de Stromae, artistique, décalé, et avec une esthétique hyper travaillée. Dans le clip, Stromae est caricaturé avec l’oiseau bleu de Twitter. Au fil du temps, le volatile vorace prend de plus en plus de place dans la vie du chanteur belge. Dans cette chanson, une véritable critique des comportements numériques actuels est faite : selfies, addiction au smartphone, réseaux sociaux.
L’artiste fait une comparaison de l'amour et de l'oiseau. Cet oiseau comparé dont il est question est celui de Twitter, qui est un réseau social (dont la particularité est d'envoyer des messages limités à 140 caractères). L'oiseau est un des symboles du site. On est bleu de lui à deux références: « Être bleu de quelqu'un » est une expression belge signifiant que l'on est amoureux. Le bleu est la couleur dominante du site Twitter. « Être un bleu » signifie être novice d'un domaine. Ici, l'amour. Seulement pour 48 heures car dans ce réseau social on ne reste jamais longtemps novice. Comme pour l'amour, on se sent expert après peu de temps.
Mêlant le français et l'anglais, selon l'usage pratiqué dans les réseaux sociaux, Stromae dénonce ce langage moderne qui fait intervenir trop souvent des modes illusoires : « D'abord, on s'affilie, puis on se follow, puis on devient fêlé et on finit solo »… Qui, désormais, n'est pas branché sur Twitter ou sur Facebook ? On perçoit bien là la grande solitude et surtout, la folie à laquelle aboutissent ces prétendus réseaux. Tout y est superficiel, les « sourires » deviennent, rapidement, des « coups de hashtags », ils se transforment en haines affichées, ou en slogans illusoires. Dans ce monde, les « amis » ne sont que des « followers », et servent à acquérir une « cote ». Chacun recherche un succès de façade et on peut bien, au passage, écraser l'autre, le nier, afin de s'imposer.
Au fil du clip, le petit oiseau de départ prend des proportions et des dimensions de plus en plus inquiétantes, et il reste posé, constamment, sur les épaules du personnage. L'oiseau devient, même, menaçant à l'égard d'une petite fille que le personnage croise dans la rue, il impose sa présence partout...
C'est bien cette omniprésence des réseaux, dans la vie des gens, qui est, ici, mise en évidence. Stromae, au passage, stigmatise la société de consommation : "Et c'est comme ça qu'on s'aime, c'est comme ça qu'on somme… » Jouant sur le verbe « consommer » associé au verbe « aimer », il montre toutes les dérives de notre société. L'amour devient « enfant de la consommation », il en veut toujours plus… L'oiseau s'invite même dans le lit de deux amoureux, il s'installe entre eux et il occupe toute la place... il se transforme en « un oiseau de malheur » qui perturbe la vie des gens, il en vient à provoquer des disputes dans le couple qui se sépare. « Chacun pour soi, c'est comme ça qu'on s'aime… »
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