Étude du film Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock
Dissertation : Étude du film Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 28 Octobre 2013 • 1 666 Mots (7 Pages) • 1 631 Vues
DOSSIERS
S’il y a bien un film dans la filmographie d’Alfred Hitchcock qui ne peut s’oublier c’est bien Rear Window ou Fenêtre sur cour en version française ! Véritable point d’orgue dans l’oeuvre du cinéaste britannique, le film fut réalisé très peu de temps après de gros succès comme Le Crime était presque parfait ou L'inconnu du Nord-Express mais reprenait le « truc » du décor unique de La corde qui fut un véritable four au box-office en 1948, certainement l’un des plus mémorables de la carrière du maître ! Cependant, en 1953, les studios Paramount donnent carte blanche à Hitchcock et soutiennent pleinement le cinéaste sur ce scénario se déroulant une nouvelle fois sur un seul décor... Sorti le 1er Aout 1954 aux USA, le film fut distribué dans les salles françaises un peu moins d’un an après, le 1er Avril 1955, pour ensuite rencontrer un succès international. Avec James Stewart dans le rôle principal, déjà vedette de La Corde et Grace Kelly en jeune compagne tentant de convertir un célibataire invétéré aux joies du mariage, Rear Window semble n’être à première vue qu’un simple film à suspense... Il raconte en effet le récit étrange d’un photographe, Jeff (diminutif de Jeffries, son nom de famille... nous ne connaîtrons jamais son prénom), obligé de rester chez lui dans un fauteuil roulant avec une jambe dans le plâtre et qui passe ses journées à épier ses voisins par la fenêtre. Il s’imagine, à force d’observations, que l’un de ses voisins a assassiné sa femme. L’intrigue policière, d’une précision quasi-clinique fut l’une des raisons du succès public de ce chef d’oeuvre intemporel. Mais si le film est aujourd’hui l’un des plus analysés du cinéaste c’est qu’il est en réalité une subtile métaphore du cinéma. Jeff, en regardant par la fenêtre, se met à fantasmer et inventer des histoires sur les inconnus qu’il observe. Ces petites histoires reflètent sa vie, ses inquiétudes et ses préoccupations, tout comme on imagine certainement que la filmographie d’Hitchcock n’est que le reflet de son univers si original. A l’occasion de la ressortie en salles du film en copies neuves, nous vous proposons de replonger au coeur de l’oeuvre la plus passionnante d’Alfred Hitchcock ! Il était une fois...
Tout commence par une nouvelle de Cornell Woolrich parue en 1942 et intitulée « It had to be murder ». On lui doit également La sirène du Mississipi et La Mariée était en noir, tous deux adaptés par François Truffaut en 1968 et 1969. La nouvelle, qui plaisait énormément à Hitchcock se transforma donc en Rear Window sous la plume du scénariste John Michael Hayes qui participa par la suite à l’écriture de plusieurs films du grand maître comme La Main au collet, Mais qui a tué Harry ? ou L’homme qui en savait trop. Le scénariste, écrivain de radio, s’occupe essentiellement des dialogues tandis que le réalisateur ira s’inspirer de deux faits-divers morbides britanniques dits « le cas Patrick Mahon » et « le cas Crippen » sur lesquels il revient longuement dans son célèbre entertien avec François Truffaut. Reprenant l’idée du décor unique déjà exploitée dans La Corde en 1948, Hitchcock imagine tout d’abord pouvoir tourner en décors naturels, à Greenwich Village... Le cinéaste, véritablement porté par ce projet confie qu’à l’époque, ses « batteries étaient bien chargées ». L’actrice Grace Kelly se souvient d’ailleurs avoir déjà entendu parler de nombreuses scènes de Rear Window plusieurs mois avant son tournage sur le plateau de Le Crime était presque parfait. Hitchcock est donc en grande forme et semble bien décidé à faire le meilleur film possible. C’est ainsi qu’il réalise rapidement que l’idée du décor naturel ne lui laissera pas assez de marge de manoeuvre pour construire parfaitement la mise en scène de son récit. A la Paramount, il fallut deux mois à cinquante ouvriers pour construire un décor de 75 000 dollars, composé des façades arrière de plusieurs immeubles. Tous les appartements furent aménagés en fonction de leurs occupants et devinrent de véritables petits lieux de vie où les acteurs pouvaient facilement évoluer. Ainsi, le cinéaste put élaborer une mise en scène exemplaire et révolutionnaire dans la façon de dérouler une intrigue criminelle. Ainsi, l’incroyable coup de maître du cinéaste est de réussir à offrir au spectateur un récit proprement passionnant et excitant malgré une histoire entièrement filmée selon le point de vue du photographe immobilisé dans son appartement. Si l’on connaissait ses capacités à mener un huis-clos vers des hauteurs jamais atteintes (Lifeboat et La Corde en sont d’excellents exemples), Rear Window est un tour de force de chaque instant.
Derrière cette lourde contrainte se cache cependant une volonté d’Hitchcock de placer son spectateur dans une position bien précise, à la fois particulièrement jouissive et embarassante, celle de voyeur. Poussé par ses pulsions indiscrètes et voyeuristes, le spectateur ne peut qu’adhérer aux fantasmes de Jeff qui imagine que son voisin Lars Thorwald a tué sa femme pour ensuite la découper et se débarasser du corps. On se plaît à croire que tout ceci est vrai malgré le manque de preuves
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