Le Verrou - Jean-Honor Fragonard - ANALYSE

1) Le tableau est divisé en deux parties : la moitié droite représente un couple enlacé et la moitié gauche un lit défait recouvert de draps gris satinés et surplombé d’un grand rideau rouge ; à cote du lit se trouve une table sur laquelle est posée une pomme. La scène se déroule dans une chambre à coucher.

A droite, l’homme est dos au spectateur, ne porte qu’une chemise et une culotte, et il est pieds nus, tandis que son amante porte une ample robe blanche et dorée et ses chaussures. Le bras droit de l’homme ferme le verrou de la porte et son bras gauche tient fermement la femme contre son corps. Le bras gauche de celle-ci s’étend aussi vers le verrou, peut-être pour essayer d’empêcher l’homme de le fermer : car malgré leur étreinte apparemment amoureuse, la scène garde une impression d’agression : la tête de la femme se penchant du cote opposé que celle de l’homme, son expression pouvant être interprétée soit comme plaisir soit comme horreur, sa main droite essayant de repousser son agresseur, le bras gauche de celui-ci l’étreignant contre lui avec force…

A gauche, le lit en désordre est plein de connotations : le rideau rouge, tellement grand qu’il occupe plus de la moitié de la partie gauche du tableau, symbolise la passion mais aussi la violence, ce qui accentue l’ambiguïté de la scène ; les draps en satins, matière sensuelle et typiquement féminine.

Le peintre joue sur l’effet du clair-obscur pour mettre en valeur les deux amants à droite, qui sont éclairés artificiellement comme par un projecteur, en contraste avec la moitié gauche complètement dans l’ombre – sauf la pomme, qui elle aussi est éclairée par la même lumière que les amants et ainsi mise en valeur.

Non, je ne partage pas le point de vue du critique, car la présence du lit et du rideau rouge met en valeur les deux amants en créant un parallélisme entre leur mouvement collectif vers le verrou et la fluidité du rideau. De plus, le rouge, le satin et la pomme laissent libre cours à toutes sortes d’interprétations et ajoutent à l’intérêt du tableau.

2) Les draps et les oreillers en désordre peuvent dénoter plusieurs choses : une nuit de passion antérieure a la scène ou au contraire un moment de lutte entre l’agresseur et sa victime.

Le rouge du rideau et de la pomme peut symboliser, comme le lit désordonné, l’amour, la passion ou la violence.

La pomme en elle-même est un fruit fortement connoté, et sa présence dans cette scène est très parlante. Dans la Bible, la pomme est associée au péché originel et symbolise l’acte sexuel aussi bien que la connaissance interdite. Cette symbolique-là a du sens dans ce contexte, car le XVIIIème siècle voit un relâchement des valeurs morales et un éloignement des valeurs chrétiennes. La pomme est aussi un symbole de la fertilité féminine. Dans la mythologie nordique, la pomme est le fruit de l’éternelle jeunesse.

Le verrou, quoique discret, est le personnage principal du tableau (il porte son nom). Le verrou ferme la porte, isole ceux qui sont dans la chambre du monde extérieur, interdit toute interruption. Dans ce contexte, il a donc une valeur érotique, mais aussi visuelle car, comme un aimant, il semble attirer les deux amants dans un mouvement fluide et esthétique.

3) Ce

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