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Le Marche De L'art Contemporain - De La Valeur Qualitative à La Valeur Marchande Des Oeuvres

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Par   •  23 Juin 2014  •  1 730 Mots (7 Pages)  •  1 359 Vues

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Introduction

La valeur qualitative de l'art ancien et moderne, autrement dit de l'art d'avant-guerre, a toujours ou presque déterminé sa valeur marchande. La première est fixée par convention. D'abord la convention académique, pour ce qui est de l'art ancien, qui détermine a priori les normes de production des oeuvres, puis la convention d'originalité, en ce qui concerne l'art moderne depuis le développement de la photographie. Or il en va tout autrement de l'art contemporain, et cela en raison du fait que la valeur qualitative des œuvres n'est bien souvent pas fixée en amont de l'achat. De plus, dans l'art contemporain, la renommée des artistes est encore à faire, ou dans le meilleur des cas à stabiliser, et ce n'est plus elle qui influe sur la valeur des œuvres. C'est bien plutôt la valeur des œuvres qui va déterminer la réputation de l'artiste et établir sa place dans l'histoire contemporaine de l'art. Mais de quelle valeur parle-t-on ici ?

Quelle relation existe-t-il aujourd'hui entre la valeur marchande et la valeur esthétique, dans une société qui accorde la primauté aux valeurs économiques ? Est-il possible que la qualité de l'art soit appréhendée par ses acheteurs ? Comment la valeur qualitative des œuvres se voit-elle aujourd'hui influencée, voire déterminée par la valeur marchande ? Il semblerait que la valeur qualitative et esthétique d'une œuvre, aujourd'hui et dans le champ de l'art contemporain, demeure virtuelle pour ainsi dire, et en attente d'une actualisation, d'une fixation par la valeur marchande.

L'art contemporain

comme

nouvel investissement financier

L'œuvre d'art, au sens traditionnel du terme, est un bien rare, qui offre à son détenteur non seulement un plaisir esthétique, mais aussi des avantages sociaux et financiers. Elle ne procure pas de revenus en tant que tels, mais, du fait qu'elle se présente comme un bien durable et conservable, susceptible d'être revendu avec une éventuelle plus-value, elle constitue un objet potentiel de placement alternatif à d'autres actifs.

C'est ce qui est largement remarquable aujourd'hui avec les productions de l'art contemporain qui se présente comme un nouveau domaine d'investissement, au même titre d'ailleurs que l'or. On assiste alors à une marchandisation constante de l'art où la valeur monétaire des œuvres prend le pas sur la valeur esthétique, voire la détermine. C'est ce qui se passe notamment lorsque de célèbres collectionneurs, à la réputation bien établie, achètent des œuvres d'art dont la valeur qualitative et esthétique n'est pas encore bien fondée, mais qui trouve dès lors une assise médiatique. L'oeuvre d'art en attente d'un statut défini et d'une valeur qualitative établie dépend désormais non seulement du capital financier de ses acheteurs, mais aussi de leur réputation et de leur médiatisation, en somme de leur place dans le marché de l'art international.

Car en effet, il ne semble pas y avoir d’autre garantie de qualité que l’achat du collectionneur, toujours objet d'un choix que l'on suppose éclairé, et cette qualité sera d’autant plus facilement reconnue que le collectionneur sera réputé, fortuné, et largement présent sur le devant de la scène médiatique internationale. C’est ainsi que le passage par une collection renommée peut faire d’une œuvre d'art potentielle, une œuvre d’art confirmée. Dès lors, celle-ci acquiert le pouvoir de produire davantage de plus-value, et toujours plus de profit. Le collectionneur-investisseur veille ainsi à la promotion artistique de ses placements. Il dispose pour ce faire d'un large réseau de partenaires (galeristes, conservateurs, commissaires d'exposition, critiques d'art, acheteurs privés) et de relais médiatiques. Plus ses collections sont médiatisées et exposées, plus les cotes de ses œuvres sont susceptibles d'augmenter. Dans le contexte du marché de l'art contemporain, le maître mot semble donc être la recherche du pragmatisme spéculatif, et le seul critère de la valeur artistique ne semble dépendre que de facteurs exogènes au monde de l'art : renommée, fortune, médiatisation, publicité et promotion des œuvres. De plus, seuls les « grands collectionneurs » (ou collectionneurs fortunés) peuvent acheter des œuvres « haut de gamme ». Or, du fait que leurs acquisitions constituent un véritable label en matière de qualité artistique, ils constituent par là même un investissement potentiellement prolifique. En somme, ils se positionnent en surplomb du marché et possèdent la capacité de l'orienter par leurs choix, autant dire par leurs achats.

Le marché de l'art contemporain

ou

l'indifférence à la crise financière

Ben Lewis, dans un reportage intitulé « L'art s'explose » et datant de 2008, mène une enquête critique sur ce nouveau visage du marché de l'art contemporain où non seulement la fonction de l'art – si tant est qu'il puisse en avoir une – mais plus encore sa nature, se voit modifiée en profondeur.

Ce reportage s'ouvre sur une vente aux enchères de la maison Sotheby's au moment de l'effondrement de Lehman Brothers. On y voit des œuvres de Damien Hirst, Andy Warhol, Jeff Koons, ainsi qu'un triptique de Francis Bacon, le plus cher jamais vendu aux enchères (77 millions de dollars). Il explique alors que l'envolée des prix des œuvres contemporaines a débuté au début des années 2000 mais qu'elle a été initiée dans les années 1990 par de grands collectionneurs, comme Saatchi par exemple. Celui-ci a acheté des œuvres

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