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L’art comme signe: Comment la théorisation des arts ont produit des discours singulier et comment notre discipline en a hérité ?

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Par   •  2 Mai 2014  •  3 422 Mots (14 Pages)  •  1 236 Vues

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L’art comme signe

Comment la théorisation des arts ont produit des discours singulier et comment notre discipline en a hérité ? L’histoire de l’art reste attachée à un certain nombre de conceptions. La discipline crée sa première chaire à Bonn, puis Berlin Leipzig et Strasbourg. En 1893, a lieu le premier cours d’histoire de l’art en France, à l’école du Louvre. En effet, avant, en France, l’histoire de l’art est enseignée aux Beaux-Arts.

Comment histoire de l’art s’est développée de manière conceptuelle, idéologique, et historique ? Il n’y a pas une manière de présenter l’histoire de l’art.

Roland Recht, A quoi sert l’histoire de l’art ?

Feyerabend, Contre la méthode

Jauss, Pour une esthétique de la réception

Régis Michel, David contre David

I. Pline l’Ancien : de l’art comme indice à l’art comme imitation

Pline l’Ancien (1er siècle avant J-C-1er siècle après J-C) décrit l’usage des minéraux qu’il aborde dans la production des statues. L’art apparait au sein d’un livre sur ce sujet, Histoire naturelle en 29-79 après J-C. A ce moment, l’art n’existe pas encore selon les auteurs. Avant l’écriture de ses premiers textes, il y a une production artistique mais qui se passe de littérature : elle passe par un enseignement oral et pratique. Puis, on apparaît le statut social de l’activité des artistes ainsi que l’émergence d’écoles et d’ateliers. On retrouve une certaine conscience de soi et de reconnaissance sociale. On commence à faire apparaître dans des textes, qui ne traitent pas obligatoirement d’art, de l’histoire de l’art. C’est le cas dans l’œuvre de Pline l’ancien : il aborde l’histoire de l’art dans son histoire naturelle.

L’Histoire naturelle est un grand fichier dans lequel est proposée une métallurgie du monde. Pline se charge avec cela, d’enregistrer un seul et même patrimoine, le fabuleux trésor que constitue le monde initié de la conquête romaine. Cela s’apparente plutôt à des cabinets de curiosités. Pour Pline, l’art ne se sépare pas de l’histoire naturelle. L’entreprise de Pline relève d’un courant d’antiquaires : on cherche à accumuler les antiquités dans lesquelles se placent des objets naturelles. Cette tendance antiquaire permet d’accéder à un passé lointain. Les cinq derniers livres de l’Histoire naturelle possédaient des éléments d’histoire de l’art :

Livres 33 et 34 : orfèvrerie et choses en bronze.

Livre 35 : les terres pour la peinture, la plastique et le modelage en terre cuite.

Le livre 36 : les pierres sur la sculpture en marbre et l’architecture.

Livre 37 : les pierres précieuses pour l’orfèvrerie.

L’enquête s’inscrit dans une histoire de coutume à Rome. Elle va de la bijouterie à l’histoire des mœurs. Elle est posée dans la perspective de comprendre la condition des artistes et de pointer la fonction sociale de l’œuvre d’art. Pline cherche à démontrer que Rome est une digne héritière de la Grèce, dans laquelle on retrouve une vision successive des temps et un principe de causalité. Il y a, en effet, des périodes artistiques qui se succèdent. Pline, se teint d’un nationalisme romain. Il relaye l’idée que la mort et la renaissance de la sculpture s’est faite à Rome. Il décrit ainsi la beauté, la splendeur, des collections privées de Rome.

Cette encyclopédie est un moyen d’exprimer une véritable expression sur l’art. Il cite d’ailleurs Xénocrate (IIIe siècle avant J-C) comme l’une de ses sources. Celui-ci avait pour maître Aristote. Nous pouvons donc considérer qu’il a été influencé par la Poétique et la Rhétorique de son maître qui prônent :

L’exactitude et la précision : acribea, argutia, digentia.

La commensurabilité des parties au tout : symmetria.

La transmission du mouvement à la figure : rythmos.

L’expression de l’apparence visuelle qui prend en compte la perception subjective de l’objet figuré : fantasia, species.

Xénocrate se situe alors dans deux traditions : les traités et les réflexions plus philosophiques. Il tente de définir une norme idéale : la mimesis (imitation) ou la représentation la plus exacte de la nature. Pline l’Ancien reprend cette idée : pour lui, la question de l’excellence des peintres à imiter la nature est idéale. On retrouve alors un goût pour les biographies hellénistiques. 

Comment le principe mimesis se développe à travers les anecdotes ? La démarche historienne le conduit à chercher une logique dans l’évolution des styles et envisage les progrès de l’art comme des progrès dans la ressemblance des œuvres d’art et des scènes avec le réel. Le progrès dans la ressemblance lui sert de fil conducteur à son propos. On retrouve une conception cyclique qui s’assimile à la notion de progrès tout en s’en distinguant. La nature reste, pour Pline, le modèle insurpassable de l’art. La beauté doit être la plus naturelle, sans trop d’artifices. Il est très opposé à l’art sophistiqué qui lui est contemporain. Il développe ainsi cette anecdote : « Apelle exposait ses œuvres à la vue des passants et, caché derrière le tableau, écoutait les critiques que l’on formulait, estimant que le public avait un jugement plus scrupuleux que le sien. Il fut repris par un cordonnier pour avoir fait, dans ses sandales, une attache de moins qu’il ne fallait à la face intérieure ; le jour suivant, le même cordonnier, tout fier de voir que sa remarque de la veille avait amené la correction du défaut, cherchait chicane à propos de la jambe : alors Apelle, indigné, se montra, criant bien haut qu’un cordonnier n’avait pas à jurer au-dessus de la sandale, mot qui est passé en proverbe. » (§ 84-85) Pline semble suggérer que lui-même se devra d’être aussi savant que le cordonnier afin que son discours soit éclairé. Il se prononce donc sur la performance de l’artiste. Il en profite pour exalter la perfection du métier de Zeuxis (peintre grec). Il admire la façon dont les artistes présentent la nature.

François-André Vincent, Zeuxis choisissant pour modèle les plus belles filles de Crotone, 1789

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