Étude de la sculpture Him De Maurizio Cattelan
Commentaire d'oeuvre : Étude de la sculpture Him De Maurizio Cattelan. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Smoukiiie • 5 Mai 2013 • Commentaire d'oeuvre • 916 Mots (4 Pages) • 1 306 Vues
L’œuvre dont nous traiterons ici, est une installation de 101*41*53 cm que l’artiste a choisi de montrer dans un coin, à l’angle d’une pièce et orientée d’une manière telle à être dos au public. Or Him est une sculpture hyperréaliste d’Hitler pris dans un moment de prière. Seulement, l’œuvre est ambiguë puisque ce n’est qu’en s’approchant de l’œuvre par derrière et en tournant autour de cette dernière que l’on découvre qu’il s’agit d’Hitler et non d’un enfant comme on le croyait à première vue. Cette œuvre est donc déconcertante puisque derrière la candeur d’une silhouette aux lignes empreintes de puérilité, l’approche naïve cède le pas à la surprise qui très vite s’ouvre sur l’horreur que nous inspire cette effroyable figure historique du 20ème siècle. " Ce travail juxtapose le vulnérable, l’apparence d’innocence d’un corps de garçon avec la face de l’adulte Adolf Hitler, qui est perçu comme une des plus mauvaises personnes du 20ème siècle pour sa responsabilité pour la mort de 6millions de juifs dans l’holocauste et pour la mort de millions d’autres dans la seconde guerre mondiale ".
Quant au statue de la relation physique du spectateur à l’œuvre, on remarquera que si des œuvres se prêtent à une languissante contemplation comme des toiles de Rothko, ou à un lyrisme évoquant un paysage intérieur telles que des œuvres de Kandinsky, Him quand à lui est subitement privé de la sympathie qu’on lui accordait volontiers dans un premier temps. Mais l’horreur n’est pas tant dans l’image d’Hitler que dans les sentiments que nous affectons à l’œuvre immédiatement avant que ne se révèle la vraie identité de la figure représentée. La sympathie initiale s’efface devant la stupeur, le déconcertement et l’effroi. Cattelan nous rappelle de manière un peu violente que le bien peut côtoyer de manière très proche le mal, et, qu’il n’est pas toujours aisé de les distinguer, que se tromper peut relever d’un lieu commun dans lequel beaucoup sont tombés. L’homme peut faillir dans sa capacité d’analyse quant à la détermination de ce qui appartient au domaine du bien et du mal. Ainsi Him peut se présenter comme une métaphore de notre propre difficulté à faire la part des choses, et de notre propre difficulté à se méfier des apparences, ici trompeuses. Cattelan nous invite explicitement à apprendre à se détourner des séductions spontanées.
Avec Him, Maurizio Cattelan s’affranchit également du " politiquement correct ". " Hitler incarne l’image de la peur. En le mettant en scène, je n’ai fais que m’emparer d’une icône de notre siècle. Ma mère disait toujours qu’il est impossible de bien nettoyer un carreau si on ne voit pas où se trouve la saleté. " Il ajoute : " Je n’ai jamais rien fait de plus provocateur ni de plus impitoyable que ce que je vois tous les jours autour de moi. Au regard de l’actualité, mes œuvres ne sont pas cyniques. Elles sont seulement assez fortes pour réveiller le public. " L’artiste bouscule les consciences afin qu’elles n’oublient pas, car il y a bien l’obligation d’un devoir de mémoire qui est pointé du doigt au fond ici par l’artiste ; l’oubli étant bien pire que le souvenir. Cependant, l’image d’Hitler n’est pas une de celles communes aux livres de classe d’histoire.
...