TPE surréalisme
Commentaire d'oeuvre : TPE surréalisme. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar stellamoula • 14 Avril 2020 • Commentaire d'oeuvre • 5 669 Mots (23 Pages) • 474 Vues
L’Etrange comme nouvelle norme esthétique
Nous avons vu dans les parties précédentes les éléments socio politiques ayant conduit les artistes à adopter l’étrange, ainsi que la subjectivité de cette notion qui la rend délicate à définir.
Dans cette dernière partie nous tenterons de répondre à la question suivante : en quoi réside l’étrange dans le surréalisme ?
La réponse sera organisée en trois thématiques propres au courant artistique, chacune comprenant des analyses d’oeuvres picturales et littéraires.
Nous avons cependant besoin, afin de répondre correctement à la problématique, de nous affranchir de la notion du “beau”, dans laquelle réside un paradoxe : la capacité, candide, à déterminer si quelque chose est beau ou non, n’est fondée sur aucun principe ; le beau est une impression, une émotion universelle, qui transcende les singularités et les goûts de chacun, bien que démontré par aucune science.
Au chapitre neuf de sa Critique de la faculté de juger, Kant expose la phrase suivante : “Est beau ce qui plaît universellement sans concept”. La beauté est donc une évidence sans vérité.
De la même manière, nous nous baserons sur la définition qu’André Breton, chef de fil du mouvement, nous donne du surréalisme dans son Manifeste du Surréalisme publié en 1924, qui prend vie sous ces mots : SURRÉALISME, n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.
Thématique 1: Les collages
Un des procédés de création favoris des surréalistes est le collage, grandement inspiré du mouvement cubiste qui florissait à l’époque.
Il s’inscrit dans la lignée des techniques novatrices permettant aux artistes d’élaborer plus rapidement, en puisant dans des sources tout à fait hétéroclites, laissant ainsi libre cours à leur imagination. Chaque morceau découpé est sorti de son contexte pour s’opposer et mettre en valeur ceux auxquels il est soudain associé, créant des contrastes saisissants.
Ces collisions caractérisées par la volonté de casser les codes et toujours relevées d’une touche d’humour contaminent bientôt tous les domaines d’art, sujets à de nombreuses expériences comme les mots-valises en littérature, la décalcomanie en dessin ou encore le photomontage dont nous allons voir un premier exemple ci dessous.
Le phénomène de l’extase, photomontage de Salvador Dali, 1933
http://revuecaptures.org/image/le-ph%C3%A9nom%C3%A8ne-de-l%E2%80%99extase-1933
http://www.dali-gallery.com/galleries/objects01.html
L'extase est un thème centrale dans le surréalisme ; le plaisir est poussé à un point tel qu'il fait perdre au corps sa contention et sa raison.
Pour l’artiste Salvador Dali (1904-1989), c’est un phénomène psychique infini, basé sur la projection mentale de l’image, comme le montre la conception en spirale de ce photomontage, semblable à celle d’un jeu de l'oie.
Les petites images carrées sont détournées de leur sens, dans la plus pure tradition surréaliste, et aboutissent sur une photographie du même nom prise par Brassaï une année auparavant, d’une femme inclinant la tête. Elle est entourée de nombreux autres visages de femmes, découpés et isolés, qui sont aussi inclinés ou bien mis de travers dans le montage de façon à ce que la position soit répété : visage renversé, yeux clos et bouche ouverte, l’artiste parvient à représenter l’extase de manière permanente, continue, quand le phénomène est par nature fugitif. Il s'agit également d'aller chercher dans la photographie la plus trivial des références au désir : ainsi, les oreilles, énigmatiques, ne prennent leur sens que si l'on sait que pour Dali, c'est l'organe toujours en extase. La chaise en équilibre, oeuvre de Dali photographiée par Man Ray, est là pour répondre à l'inclinaison des têtes. L'aiguille modern style est un symbole phallique. Une seule véritable scène, celle du bas, issue d'une image pornographique dont le reste a été découpé.
L'ensemble est une mosaïque d’instantanés, parodie des tableaux synoptiques publiés au début du siècle dans les revues scientifiques. Il n'y a aucune volonté esthétique : c'est le choc des fragments qui compte. Même la photo de Brassaï ne résiste pas à la brutalité des coups de ciseaux et des raccords, bien visibles.
Comme nous avons pu le voir, dans l’esprit du collage, les surréalistes n’ont que cesse d’expérimenter ; en littérature, les mot-valises créent d’étranges locutions. Formés par la fusion de 2 mots déjà existants dans la langue, ils furent inventés par l’écrivain anglais Lewis Carroll dans son roman fantastique De l’autre côté du miroir (1871), où l’on retrouve une multitude de non-sens, jeux de mots et quiproquos qui ne manquent pas d’y apporter une touche d’humour. Par exemple, le mot “calligramme” est un assemblage de “calligraphie” et de ”idéogramme”, les deux mots partageant la syllabe “gra”. En lui même, le calligramme est donc un poème dont la disposition graphique forme un dessin. Ce mot-valise fut créé par Guillaume Apollinaire et intitula son second recueil de poèmes.
Considéré comme précurseur du mouvement surréaliste -bien qu’il n’en connut pas la naissance- de part son goût pour la nouveauté et l’innovation, Guillaume Apollinaire (1880-1918) et son oeuvre auront une influence capitale sur les tendances esthétiques du vingtième siècle.
En plaçant le poème “Zone” composé en 1912, chronologiquement écrit en dernier, à l'ouverture de son recueil Alcools publié l'année suivante, il en modifie l'orientation, ce qui témoigne de son importance aux yeux du poète.
Un des thèmes principaux des premières strophes est le goût du modernisme dans la société contemporaine. On constate dès le vers liminaire un vocabulaire relatif à la lassitude : « A la fin tu es las », « Tu en as assez » vers 3, devant des formes d'art dépassées : « ce monde ancien », « l'antiquité grecque et romaine ». Métaphoriquement, Apollinaire
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