Oda al mais / Pablo Neruda
Commentaire de texte : Oda al mais / Pablo Neruda. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Cécile Romeo Laborie • 11 Février 2019 • Commentaire de texte • 1 776 Mots (8 Pages) • 3 624 Vues
HISTOIRE DES ARTS : art et réalités
Etude du poème de Pablo Neruda, ODA AL MAÍS.
Introduction
-Cette ode est une approche globale de la réalité du continent américain, elle nous initie à ce qui fonde l’identité américaine.
-L’étude du rythme, des images du poème fait ressortir la divination du maïs, mythe et élément vital à la fois dans la vie quotidienne des peuples d’Amérique et dans l’univers imaginaire. (dans le Popol Vuh, recueil des croyances sacrées des Indiens, il est expliqué comment les hommes furent faits de maïs). Encore aujourd’hui, il est intéressant de noter que le continent américain produit plus de la moitié du maïs dans le monde.
Le poème de Neruda fait partie des « odes élémentaires ». Ces odes ont un projet poétique : essayer de s’approcher de ce qui est fondamental, c'est-à-dire se rapprocher et découvrir les éléments qui définissent et constituent la complexe réalité du continent américain.
Cela peut paraître paradoxal de vouloir réduire l’Amérique à un grain de maïs mais Neruda manifeste dans ce poème sa volonté de remonter à l’origine du continent américain tel que le définit le Popol Vuh.
V1-12
Le premier mot « América », isolé par la virgule et par sa simplicité donne déjà le ton du poème. Il indique que Neruda considère le continent comme une personne à qui il s’adresse. Le tutoiement v.2 et 7 (elevaste-tu) confirme cette idée et suppose une relation proche entre le poète et la « personne » à qui il s’adresse.
Il ne va pas s’agir d’une froide description mais d’une évocation lyrique dans laquelle l’émotion aura toute sa place et qui permettra une connaissance authentique de cette « América » à laquelle il s’adresse.
Toute la première strophe est une évocation du merveilleux et puissant développement vital de la plante, du maïs. Les 6 premiers vers présentent la métamorphose du maïs, le poète insiste sur le mouvement de la plante.
Le point de départ est marqué « de un grano » puis l’action « te elevaste » et le résultat dans toute sa splendeur sur les 4 vers suivants à partir de la préposition « hasta ». La réalité américaine n’est que le résultat de la culmination d’un processus. Tout cela renvoie à la vigueur et à la densité de la végétation du continent mais aussi aux grands mythes indiens (Popol Vuh) qui décrivent comment la terre a surgi des eaux et comment ensuite la vie s’est développée à partir de quelques graines. Ainsi le religieux et le merveilleux se mèlent en une seule réalité.
Le vers 7 « fue un grano de mais tu geografía » isolé au centre de la strophe et de ses grandes évocations concentre a lui seul ce qui a déjà été développé et ce qui reste à développer : c’est à la fois un résumé et une conclusion de la 1ère évocation (cela est marqué par la répétition de « de un grano »).
Mais c’est aussi un point d’appui pour relancer la strophe puisque la séquence suivante commence par « el grano ». Ainsi, ce vers marque un axe de symétrie dans cette strophe. Ces simples mots, placés ainsi paraissent à eux seuls renfermer la réalité première du continent. Ce vers explique comment ce petit grain compact renferme à lui seul tout le développement de la vie. C’est ce que souligne la juxtaposition sans adjectif ni précision inutile de 2 éléments qui peuvent paraitre disproportionnés : le grain « el grano » et la terre d’Amérique« geografía ».
A partir de là, l’évocation peut repartir de plus belle : au développement horizontal (le terre) succède le thème de l’ascension. Les couleurs apparaissent (verde-amarillo) et enfin des régions bien identifiées (Perú) ce qui révèle l’apparition de l’homme et de la civilisation. La métaphore filée du processus de germination, de floraison renvoie d’une merveille à une autre comme le souligne la répétition d’un vers à l’autre des mots « lanza verde ».
La succession de verbes et de couleurs marquent aussi les étapes de l’extraordinaire phénomène
adelantó / verde
se cubrió / oro
engalanó / amarillo
V.13-17
Le « pero » marque une rupture. Ici, le tutoiement ne se dirige plus à la terre américaine mais au poète auquel il énonce son but très clairement : chanter le maïs comme le dit très explicitement le dernier vers de la strophe « canta al simple maïs de las cocinas ».
Cette strophe va laisser de côté le superflu et aller à l’essentiel, « al grano » (en espagnol IR AL GRANO signifie aller à l’essentiel). L’injonction des vers 13 et14 souligné par les sonorités similaires qui concluent les 2 vers ( deja/mortaja) sont l’expression de ce désir d’aller à l’essentiel énoncé par le vers 17. Le lecteur est ainsi disposé à écouter le chant qui va s’élever.
V.18-26
Les 8 vers de la troisème strophe évoque la fructification et la maturation du maïs. Il ne s’agit plus de la plante entière qui grandit et envahit tout l’espace comme dans la première strophe mais seulement de l’épi et du grain, c'est-à-dire le fruit, le futur aliment. On passe ici d’un univers végétal à un monde déjà habité par les hommes : le mot « huerto » (jardin) v.19 définit un nouvel espace. Le maïs est personnifié à travers une une métaphore filée qui évoque la bouche d’un homme au début et à la fin de la strophe et dont on retrouve différents éléments : « suave barba »v.18, « los tiernos dientes »v.20 et « la risa » v.26. On peut remarquer la progression de la personnification qui va du plus « extérieur », la barba, jusqu’à l’expression d’un sentiment totalement humain, la risa.
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