Michel Blazy
Mémoire : Michel Blazy. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar frizottie • 8 Janvier 2014 • 3 979 Mots (16 Pages) • 1 108 Vues
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Michel Blazy travaille avec des matériaux périssables issus du quotidien : coton hydrophile, papier toilette,
sacs plastique, aliments...
Avec eux, il crée des installations précaires qui croissent ou dépérissent pendant la durée de ses expositions.
Ses photographies et vidéos enregistrent des événements tout aussi fragiles et poétiques. Michel Blazy travaille
avec le vivant. Il le place au centre de son travail d’artiste et le laisse «faire son oeuvre».
Dispositifs évolutifs et installations éphémères lui permettent d’explorer la prolifération incontrôlée de microorganismes
dont les transformations et changements d’état sont autant de moments nécessaires à l’activation
de l’oeuvre et à son développement, au sens le plus concret du terme. Bâtisseur d’univers aléatoires et fragiles,
Michel Blazy aime manipuler les matières, tenter d’en contrôler disparition et transformation ou, bien au
contraire, en être entièrement dépendant. Les micro-événements que l’aventure suscite sont essentiels aux déploiements
du parcours : germinations souhaitées ou accidentelles, dessiccations et altérations des matières,
moisissures et pourrissements microscopiques, dégradations des surfaces, dégénérescences, transmutations,
décrépitudes des formes, toutes ces énergies fébriles du vivant sont revendiquées par l’artiste comme autant
d’opérations essentielles à l’élaboration de l’oeuvre.
Le vivant ne se conçoit pas sans de multiples énergies mortifères, métamorphoses et nombreuses étrangetés.
Les oeuvres de l’artiste intègrent cette complexité qui se déploie avec toutes ses ambiguïtés, son caractère parfois
inquiétant, voire repoussant. Araignées, peau de bête, trophée de chasse, champignon atomique, squelettes...
autant de sculptures en matières comestibles qui forment un étrange bestiaire, un cabinet de curiosités
paradoxales.
Statique sous un certain angle, le travail de l’artiste est en réalité habité par une multitude d’infimes mouvements
qui ne cessent de faire et de défaire les formes à chaque instant, déroutant les catégories de la perception,
aussi bien que celles du monde de l’art.
Michel Blazy, le goût du moisi
EMILE RABATÉ 20 SEPTEMBRE 2012
Éphémère . Le plasticien expose dans le XIXe ses sculptures organiques en décomposition.
Les oeuvres de Michel Blazy sont littéralement pourries. La moisissure grimpe le long de ses sculptures
organiques et les insectes y élisent domicile. Sur les étagères de son «Bar à oranges», présent comme il se doit
dans «le Grand Restaurant», l’exposition personnelle de Blazy au Plateau, des restes d’agrumes coupés en deux
et vidés de leur jus sont empilés les uns sur les autres. L’écorce éclatante des fruits offerts aux assauts de l’air
libre vire progressivement au brun, puis au vert-de-gris, pour finir noirâtre ou tapissée de mousse blanche.
Dans le même temps, les exhalaisons rances de la matière en décomposition attirent des colonies de mouches
drosophiles ; lesquelles drainent dans leur sillage des peuplades d’araignées voraces, dont les toiles parfont ces
constructions chaotiques et mouvantes, à mi-chemin entre art abstrait et vivarium.
S’il est des artistes pour lesquels le passage du temps représente une menace, la mise en péril d’oeuvres voulues
impérissables, Michel Blazy n’est pas de cette espèce-là. Le gâteau d’anniversaire placé à l’entrée de l’exposition
du Plateau peut d’ailleurs être vu comme une mise en scène ironique de cette démarcation, avec sa bougie
soigneusement entretenue au sommet d’une pâtisserie qui va décrépissant, symbole de cette fuite inexorable
que la flamme par sa constance tente de conjurer.
Au contraire, l’artiste monégasque a fait de l’expérience de la durée la matière première de son art. Lui-même
définit ses installations comme des «pièges», des «cadres conçus pour attirer les événements qui laissent des
traces à l’intérieur du temps». Comprendre : des dispositifs à la fois propices à l’avènement d’un quelconque
phénomène naturel (germination, éclosion, alimentation…), mais également suffisamment sensibles - au
sens photographique du terme - pour enregistrer celui-ci sans contraindre ni anticiper son développement.
«Je veille à ne pas fixer les choses, à ce qu’elles soient vivantes et qu’elles ne deviennent pas des objets, dit-il.
J’essaye de dépasser ce que j’ai projeté, qu’il y ait des résultats inattendus.»
Cycle de la vie. Souris, fourmis, escargots, champignons, lentilles, craie, coton… Depuis plus de vingt ans,
Blazy travaille «en collaboration» avec l’ensemble des règnes biologiques pour rendre hommage au cycle de la
vie. Cycle infini durant lequel, pour reprendre la formule de Lavoisier, «rien ne se perd, rien ne se crée, tout
se transforme».
Circuit fermé est le titre de l’une des trois installations inédites conçues pour «le Grand Restaurant». Deux
visiteurs
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