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MOULIN, Raymonde, « Champ artistique », dans De la valeur de l’art : recueil d’articles, Paris, Flammarion, 1995

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Par   •  12 Décembre 2022  •  Commentaire de texte  •  2 441 Mots (10 Pages)  •  363 Vues

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Institutions artistiques

Synthèse du texte de Raymonde MOULIN

MOULIN, Raymonde, « Champ artistique », dans De la valeur de l’art : recueil d’articles, Paris, Flammarion, 1995

I – Synthèse de l’extrait

Dans ce texte, Raymonde MOULIN retrace, depuis la fin du Moyen Âge, la vision de l’artiste et de son art au sein des différentes sociétés et époques.

La Renaissance fut le témoin d’une certaine autonomisation du champ artistique. Une rupture s’opéra entre l’artiste d’une part, et l’artisan et le commerçant d’autre part. Les artistes cherchèrent à se distinguer en faisant de leur activité une activité bien plus que manuelle, mais surtout intellectuelle. L’œuvre d’art était alors vue comme un objet que seule sa beauté justifiait, contrairement aux objets artisanaux. Les artistes cherchèrent également à se faire reconnaître par les institutions. La première académie artistique fut créée en 1562 par Vasari à Florence (Accademia del disegno). La Renaissance italienne donna alors naissance à un type social nouveau : l’artiste. L’artiste n’était plus considéré comme un artisan, mais comme un créateur, dont l’œuvre d’art était « irremplaçable » et « irréductible ». L’artiste ne pouvait pas être considéré comme autonome pour autant. En effet, il était fortement dépendant des commanditaires. La reconnaissance sociale de son œuvre passait forcément par l’intermédiaire de l’élite, de ceux qui détenaient le pouvoir.

En France, À partir du XVIIème siècle, l’Académie détenait le monopole de la formation de l’artiste, mais était également le principal facteur de sa reconnaissance, grâce au Salon. Comme le disait Pierre Bourdieu, la définition sociale du produit artistique appartenait à une « instance extérieure de légitimité ». La valeur artistique et économique d’une œuvre se décide aux Salons.

À partir de la révolution industrielle, l’art tint sa légitimité de sa différenciation à la production industrielle. Par ailleurs, contrairement à elle, l’art n’a pas de finalité. À partir de cette époque, les artistes définissèrent eux-mêmes ce qui était de l’art et ce qui ne l’était pas, en opposition aux « instances extérieures de légitimité ».

Avec la naissance de l’Académie, il y eu la naissance de la critique d’art au XVIIIème siècle. Une notion de « communauté artistique » vit le jour, mettant une distance entre l’artiste et le grand public. L’art devint ce que fait l’artiste.

Toutefois, au XIXème siècle, un véritable marché de l’art vit le jour. Le marchand ne répondait pas à la demande, il la suscitait. De là se créa une dépendance de l’artiste à l’égard du marchand et du marché. L’argent devint synonyme de succès, faisant entrer l’artiste au sein du système capitaliste. Il y eut ensuite une inversion des priorités : l’artiste devint plus important

que l’œuvre. Schwitters dit : « Tout ce que crache l’artiste est art ». Un objet n’est alors art que si le créateur est un artiste. Le métier de marchand est alors de valoriser économiquement une signature. La signature devient la marchandise. Elle remplace l’œuvre. Par ailleurs, l’œuvre peut n’être qu’une pensée (art conceptuel). Elle est parfois détruite. Le prix des œuvres atteint des sommets.

Se pose alors la question de la production en série. Si l’on prend la définition traditionnelle de l’œuvre d’art, sa multiplication entraîne sa perte. En effet, l’unique disparaît. Elle n’est plus synonyme de prestige. L’œuvre et l’artiste sont démystifiés. L’artiste, pour Raymonde MOULIN, apparaît aujourd’hui comme plus asservi qu’il ne l’a jamais été.

II

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