Les Ménines de Vélasquez
Commentaire d'oeuvre : Les Ménines de Vélasquez. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Solene Chancerel • 25 Mars 2019 • Commentaire d'oeuvre • 2 418 Mots (10 Pages) • 830 Vues
Les Ménines de Diego Velásquez
C’est une capture de l’instant présent, une photographie avant l’invention de la photo, voilà l’une des choses qui revient sur les Ménines, l’oeuvre la plus célèbre et la plus emblématique du siècle d’or Espagnol. Les Ménines ou de son nom d’origine la famille de Philippe IV, changé en 1800 est l’oeuvre du peintre Diego Velasquez commandé par Philippe IV, roi d’Espagne entre 1621 et 1665. Elle est actuellement exposée au musée du Prado à Madrid. Elle est peinte entre 1656 et 1657 et mesure 3,18 mètres de haut sur 2,76 mètres, on peut dire que les personnages de cette oeuvre sont à taille réelle. Elle représente l'infante Marguerite – Thérèse d'Espagne en visite dans l'atelier du peintre la Galearia del Cierza (la galerie des vents) de Alcazar royal à Madrid. C’est la fille du roi et de la reine, tous deux représentés dans le miroir, elle est accompagnée de sa suite, les Ménines, deux nains, son garde et sa gouvernante. Derrière eux se trouve le chambellan de la reine et à sa droite se trouve le peintre Diego Velasquez qui c'est lui-même représenté en train de peindre. Il est né ou du moins baptisé en 1599 à Séville en Espagne, il arrive au service du roi en 16.32 par le biai du comte-duc d'Olivares en tant que peintre du roi. Il fait de nombreux voyages pour perfectionner son art comme en Italie entre 1629 et 1631 puis entre 1648 et 1651. Il obtient du roi le plus haut poste qu'offre la cour en 1652 (avant les Ménines) soit peintre de chambre, et il devient même chevalier de Saint Jacques de l’épée en 1659. Il décède en 1660 à Madrid, soit trois ans après la conception des Ménines. A partir de cette oeuvre emblématique, nous allons étudier en quoi ce tableau marque-t-il l'apogée du siècle d'or, une période de rayonnement culturel en Espagne et en Europe qui s’étend de la fin du XVIème siècle à la moitié du XVIIème, siècle avec la signature du traité des Pyrénées. Pour cela nous étudierons l’oeuvre du peintre en tant que peintre de cour, son sujet et enfin le tableau, où il se trouve dans son oeuvre.
Tout d'abord, on peut parler de sa composition, son tableau répond à certaines caractéristiques, de l’époque, comme universelles dans l’art des tableaux. La verticale au demi et l'horizontale au demi sont le principe de composition de cette oeuvre. Elles sont traversées par deux obliques et la ligne de composition est formée des visages des personnages centraux. Elle est aussi composée de cinq plans. Le premier concerne la toile, le sol, le chien et le jeune garçon, le second, l'infante d'Espagne, les Ménines, et la naine, le troisième Vélasquez, le quatrième, le reste de la salle soit le miroire, les toiles,le couple qui parle et enfin, le cinquième est composé d’un personnage qui apparaît dans l'entrebâillement de la porte. C'est vers cette personne qu'est guidé notre regard. Le point de fuite de l'oeuvre est d’ailleurs sur lui. Notre regard lui est d'autant plus attribué car qu'il est entouré de l'une des deux sources de lumière qui composent l'oeuvre. En effet, il se diffuse autour de lui une lumière provenant du couloir et la seconde source de lumière provient de la droite, comme généralement dans les oeuvres de l'époque. La lumière est diffusée à partir des fenêtres situées à droite de la toile, il y en aurait trois. Toutes ses caractéristiques sont bien respectées dans l’oeuvre, elles mettent en avant le savoir-faire de Vélasquez, le peintre de cour de Philippe IV d’Espagne.
C’est sous son règne que l'Espagne connaît le siècle d'or, une période de rayonnement culturel, artistique en Europe. En Espagne, sa fin coïncide avec la fin des Habsbourgs sur le trône. Mais sous le règne de Philippe IV, l'Espagne favorise la culture et protège les artistes. Le plus important d'entre eux est Diego Vélasquez qui à vingt quatre ans devient le peintre puis le favori du roi. Quatre ans plus tard il devient peintre de chambre soit la charge la plus importante confiée au peintre de cour, il organise et choisit la décoration du palais et plus particulièrement des appartements royaux. Il réalise des portraits de la famille royale, des “Grands d'Espagne” et de petites gens. Il peint pour le roi et pour décorer ses appartements. Tous deux sont très proches, ils sont amis. En 1656, Philippe IV qui refuse qu'on le peigne comme il a un physique plus “vieillissant”, accepte néanmoins d'apparaître sur l'oeuvre des Ménines, ce qui montre bien son affection pour le peintre. C'est un roi sensible aux arts. Il a soutenu Vélasquez toute sa vie et l'a même anoblie. C’est même lui qui fut envoyé pour conclure et signer le contrat de mariage entre Marie-Thérèse, la fille de Philippe IV, et Louis XVI. Il se rend sur le lieu de rendez-vous, sur l’île des Faisans et règles les derniers détails, de la rencontre des deux monarques ainsi que du mariage. Il y contracta d’ailleurs la fièvre et en meurt la même année. A sa mort le souverain écrit « je suis brisé » en marge d’un document, Vélasquez est irremplaçable. C’est donc avec l’appui et l’amitié entre ces deux hommes que Philippe IV devient l'un des plus grands mécènes et collectionneurs de son temps et Vélasquez, l’un des plus grands peintres d’Europe.
Au vu des liens entre ces deux personnages, on peut se demander qui est qui est au centre de l’oeuvre. Pour cela nous allons étudier les différents personnages qui grâce à Antonio Palomino, le premier biographe de Vélasquez, sont identifiés. Tout d'abord nous avons l'infante d'Espagne Marguerite – Thérèse d'Autriche représentée dans une scène du quotidien, elle vient rendre visite à ses parents dans l’atelier de Vélasquez. Elle a cinq ans, c'est la fille unique et héritière du roi Philippe IV et de la reine Marie – Anne d'Autriche au moment de la conception de l’oeuvre. Dans cette toile elle reçoit beaucoup d'attention, en particulier de la part des Ménines, ses dames d’honneur. Mais elle nous en donne aussi un peu car elle nous regarde. Elle est donc accompagnée des ménines, las meninas en espagnol, Maria Agustina Sarmiento qui lui tend un pichet et Isabel de Velasco qui nous regarde et se penche vers elle ou s'incline face au couple royal. Il y a aussi Marcela De Ulloa la gouvernante et Pérez de Ascona, le garde de cette suite, de la princesse. Des personnages qui en général ne sont pas représentés dans des portraits de cette époque et encore moins dans des commandes royales, mais Vélasquez lui aime à représenter des personnes qui n'appartiennent pas à la cour comme il le faisait avant Philippe IV, même s’il est peintre de cour. On peut le voir sur ses deux autres œuvres, Vieille faisant frire des œufs, Diégo Vélasquez de 1618, le Porteur d’eau de Séville de 1620 ou encore les Fileuses fait en 1657, en même temps que les Ménines. En plus de ces personnages, il y a aussi Mari Barbola et Nicolasito Pertusato. Ils sont tous deux les nains de la princesse. Les nains à la cour étaient là pour embellir, rendre la personne qu'ils servaient plus belle et parfois aussi pour faire rire. Malgré toutes ses observations, ce n’est pas la jeune princesse le sujet principal de l’oeuvre, ce n'est sans doute pas un portrait royal officiel de l'infante car il y en avait déjà eu un de fait trois ans plus tôt par Velasquez, L’Infante Marguerite en robe rose de 1653. C'est pourtant elle qui est au centre de l'œuvre, elle l'est bien plus que son père le roi.
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