Le Théâtre, C'est être réel Dans L'irréel
Note de Recherches : Le Théâtre, C'est être réel Dans L'irréel. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 2 Mars 2013 • 1 228 Mots (5 Pages) • 5 604 Vues
Comparés aux autres arts, matérialisés que ce soit par un livre, une peinture ou une sculpture, le théâtre prend vie grâce à des acteurs, présents comme des spectateur le temps de la représentation. Il peut, de ce fait, sembler plus proche de la réalité que les autres arts. Cependant, on peut se demander si ce qui est joué sur une scène de théâtre relève du réel, ou si ce n’est qu’une simple illusion. Victor Hugo écrivait « Le théâtre, c’est être réel dans l’irréel » ; il semble difficile de démêler le réel de l’irréel. Pour ce faire, il convient d’abord de mettre en valeur les éléments qui inscrivent le théâtre dans la réalité. Nous étudierons ensuite son ancrage dans l’irréel.
Le théâtre peut être considéré comme une retranscription du réel. Tout d’abord, nous analyserons le principe suivant lequel le théâtre recrée la réalité, avant de revenir sur les règles couramment utilisées au théâtre, pour enfin aborder le caractère éphémère de cette réalité.
Dans l’Espace vide, Peter Brook écrit ceci « Au théâtre, comme si est une expérience. Dans la vie quotidienne, comme si est une évasion ; au théâtre, comme si est la vérité. » Il explique ainsi que le théâtre permet de créer l’illusion de la réalité, puis de donner naissance dans cette réalité imaginaire à n’importe quel événement, d’une manière quasiment expérimentale. Dans l’Illusion comique, Corneille met parfaitement en scène cette particularité du théâtre. En effet, le spectateur (que ce soit Primadant ou, par le jeu de la double énonciation, le spectateur de la pièce) ne se rend compte qu’à la fin de la représentation que ce qui vient de se dérouler sous ses yeux, n’était pas réel. Corneille nous montre ainsi que le théâtre rend réel ce qui ne l’est pas dans notre vie courante.
Dans le théâtre classique, cette représentation de la réalité est définie par des règles très strictes de vraisemblance, de bienséance et d’unités. Selon celles-ci, il ne doit être montré aucune scène violente, les personnages doivent être crédibles, et la pièce ne doit compter qu’une action, définie dans un lieu unique et une durée de vingt-quatre heures. Durant cette période, des auteurs, comme par exemple Racine avec Phèdre, décrivent les affres des passions humaines. D’autres, comme Molière au XVIIème siècle, utilisent la comédie pour « castigat ridendo mores » (corriger les mœurs par le rire). Mais au XIXème siècle, certains auteurs se révoltent contre ces règles qui nuisent selon eux à la création et à la vraisemblance des pièces. Victor Hugo notamment s’y oppose. Selon lui, « Toute action a sa durée propre et son lieu particulier ». Il crée en 1930 Hernani, où ces règles sont abolies.
Le théâtre permet donc une composition de la réalité, même si elle suit des règles différentes selon les époques. Mais, pour que cette réalité soit effective, il faut que la pièce soit jouée. Comme l’écrit Louis Jouvet, « Le théâtre n’existe que dans l’acte du théâtre » : c’est lors de la représentation que ce qui est joué devient réalité. Cette réalité est fragile et éphémère, elle disparaît à la fin de chaque représentation, en attendant que de nouveau des acteurs lui donnent vie. Le théâtre peut se définir ainsi, comme un mort qui renaît sans cesse, à l’image du Phénix. Il n’a pas de consistance propre, il ne devient réel que si des acteurs décident de jouer la pièce. C’est uniquement à ce moment que la réalité peut naître sur scène, l’espace d’une représentation.
Pour toutes ces raisons, nous pouvons admettre que le théâtre donne aux spectateurs l’illusion du réel. Cependant, l’étude d’un grand nombre d’œuvres théâtrales nous présente des situations
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