Le Parlement trouée de soleil, peint par Monet

        Le tableau présenté s’intitule Le Parlement trouée de soleil, peint par Monet, artiste précurseur du mouvement impressionniste, rupture de l’art moderne avec l’académisme (un mouvement qui privilégie la mobilité des phénomènes). L’œuvre fut signée en 1904, l’année de son achat mais peinte réellement l’année 1901. C’est une huile sur toile 81 x 92 cm conservée au Musée d’Orsay à Paris.

        En 1900, Monet décidera de se rendre à Londres où il reviendra à plusieurs reprises afin de peindre une série de toiles une série de toiles sur la Tamise. L’œuvre étudiée représente le Parlement de Londres vu du fleuve la Tamise. Ce paysage urbain joue sur les motifs : il y a une forme de démultiplication de l’image d’un même motif. Ce couché de soleil fut peint sur toile au pinceau à l’huile. Le tableau laisse une impression de dissolution des formes propre au rendu atmosphérique. Le Parlement/Palais de Westminster apparaît presque tangible et se déforme même dans ses proportions pour mieux s’étirer vers le flou du ciel sans qu’aucune ligne ne les sépare : on pourrait considérer cela à une fusion optique. Sa représentation se confond à son propre reflet dans l’eau par l’entremise d’un brouillard qui annule toute consistance et opère une disparition progressive des formes. La matière semble homogène et granuleuse ou fragmentée, la rapidité du geste suggère la densité du brouillard. La diversité des touches de couleurs ici autour d’une palette relativement sobre composée de jaune orangé et de bleu violacé. Il y a des oppositions chaud/froid comme notamment la Tamise au premier plan (chaud) avec le Palais de Westminster au second plan (froid). Monet a clairement misé sur les couleurs complémentaires pour ajouter l’effet grisâtre du brouillard et/où fog visible au 3ème plan. La lumière reste un élément très important dans cette œuvre car elle joue le rôle de décomposition. En effet, elle dissout la forme : qui donne l’effet d’imprécision ou d’effacement. La touche de l’artiste sur cette toile reste assez nuageuse et comme dit plus haut, sa façon de peindre est aussi rapide. Monet suggère la vision : il ne montre pas un paysage mais un instant, une lumière.

Contrairement aux apparences, ce n’est pas le bâtiment, observé d’une fenêtre de l’hôpital Saint-Thomas situé sur la rive opposée, qui est le sujet principal de l’œuvre de Monet, mais la lumière. En effet, l’importance du travail de l’artiste sur cette toile reste sa démarche artistique à reproduire le plus parfaitement son impression d’un instant : cette toile si réellement parfaite semble avoir été peinte en l’espace de quelques minutes seulement Monet a dû établir un travail en amont. Il cite « ce n’est pas un pays où l’on peut finir sur place » en rajoutant « il m’a fallu faire de vraies impressions et finir le travail en atelier ». Cette spécificité que détient l’œuvre à reproduire une chose si abstraite que l’est le brouillard et un couché de soleil londonien rend le tableau, une pièce fondamentale dans l’histoire de l’art.                                                                                                                                                                          Après l’invention du chevalet et des tubes de peintures, les peintres ont eu la possibilité de peindre en extérieur. Cette facilité les amène également à voyager (comme c’est le cas de Monet sur l’œuvre étudiée). C’est la découverte de nouvelles inspirations chez les peintres qui rendent les travaux de plus en plus intéressant. Leur touche est rapide, en virgule parfois. Elle correspond au caractère instantané de leur peinture. Les peintres impressionnistes sont fascinés par les changements de couleur en fonction des heures de la journée, des saisons. Ce qui rendit le travail de Monet sur Le Parlement trouée de soleil intéressant est son envie de peindre des paysages, à l’époque un genre mineur d’après l’Académie. Finalement, il bouleverse les codes et son travail devient reconnue de tous (il restera l’un des rares artistes à avoir pu voir ses œuvres exposés au Louvre comme son confrère Renoir). L’œuvre remplie tout les critères de l’impressionnisme et affirme Monet comme maitre impressionniste même s’il était déjà considéré comme précepteur du mouvement impressionniste.  Ses confrères comme Renoir, avec Le Déjeuner des canotiers ou Argenteuil de Edouard Manet, rentre aussi comme grandes icones de l’impressionnisme. En effet, la réalité éblouissante des deux peintures cités les as rendus des œuvres majeures et de références dans l’impressionnisme.                                                                                                 Lors de son premier séjour à Londres en 1870-1871, Claude Monet avait admiré les œuvres de Turner et ses incroyables transcriptions atmosphériques ainsi que l’ambiance particulière du brouillard sur la Tamise. Il en tira les leçons lors de son second voyage à Londres de 1900 à 1904 en exécutant trois motifs principaux : Le pont de Charing Cross, le pont de Waterloo et Le Parlement trouée de soleil. Il réalise alors un ensemble de trente-sept toiles dont le sujet demeure la lumière et les variations atmosphériques. Il consacre ainsi onze toiles au Parlement. Mais parmi la série, Le Parlement trouée de soleil demeure sans nul doute, la plus manifeste, quant à la dissolution des formes propre au rendu atmosphérique.

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