Le Dejeuner Sur L Heure De Manet

Edouard Manet (1832-1883)Le déjeuner sur l'herbe1863Huile sur toileH. 208 ; L. 264,5 cm Paris, musée d'OrsayDonation Etienne Moreau-Nélaton, 1906

Le déjeuner sur l'herbe

Rejetée par le jury du Salon de 1863, cette œuvre est exposée par Manet sous le titre Le Bain au "Salon des Refusés" accordé cette année là par Napoléon III. Elle en constitua la principale attraction, objet de moqueries et source de scandale.

Pourtant, Manet revendique dans Le déjeuner sur l'herbe l'héritage des maîtres anciens et s'inspire de deux oeuvres du Louvre. Le Concert champêtre du Titien, alors attribué à Giorgione, fournit le sujet, tandis que la disposition du groupe central s'inspire d'une gravure d'après Raphaël : Le jugement de Pâris. Mais dans Le déjeuner sur l'herbe, la présence d'une femme nue au milieu d'hommes habillés n'est justifiée par aucun prétexte mythologique ou allégorique. La modernité des personnages rend obscène, aux yeux de ses contemporains, cette scène presque irréelle. Manet s'en amusait d'ailleurs, surnommant son tableau "La partie carrée".

Le style et la facture choquèrent presque autant que le sujet. Manet abandonne les habituels dégradés pour livrer des contrastes brutaux entre ombre et lumière. Aussi, lui est-il reprochée sa "manie de voir par taches". Les personnages ne semblent pas parfaitement intégrés dans ce décor de sous-bois davantage esquissé que peint, où la perspective est ignorée et la profondeur absente. Avec Le déjeuner sur l'herbe, Manet ne respecte aucune des conventions admises, mais impose une liberté nouvelle par rapport au sujet et aux modes traditionnels de représentation.

Composition

Le tableau demeure énigmatique. Il donne l'impression que le spectateur est un intrus.

Deux hommes, habillés à la mode parisienne, sont assis dans l'herbe aux côtés d'une jeune femme complètement nue.

Les restes de leur pique-nique sont visibles dans un coin du tableau.

L'homme à droite s'adresse aux deux autres, mais ils l'ignorent. La femme regarde directement le spectateur.

Au fond du tableau, une autre femme se baigne dans la rivière.

Manet utilisa son modèle favori : Victorine Meurent, pour la femme qui se baigne.

Le beau-frère de Manet, Ferdinand Leenhoff est la figure masculine à gauche du tableau tandis que le petit frère de Manet, Eugène, est l'homme à droite qui pointe son doigt vers Meurent.

Les dimensions du tableau sont imposantes (208cmx264cm). Cette taille était traditionnellement réservée à la reproduction d'évènements nobles et à connotation historique, religieuse ou mythologique.

Le fait que Manet utilise une telle dimension pour la reproduction d'une scène de la vie quotidienne rompt avec cette tradition et déclencha une controverse.

Histoire

Selon un ami de Manet, Antonin Proust, c'est en regardant les baigneurs à Argenteuil que Manet fût inspiré et décida d'en faire un tableau. La scène évoque celle de Fête Champêtre, une toile de Giorgione, que Manet a copié lorsqu'il était l'élève de Thomas Couture.

On retrouve également l'influence de Raphaël et de Courbet. La position des personnages rappelle celle du Jugement de Paris de Raphaël qui représente 3 dieux rivières dans le coin droit du tableau qui sont dans la même position que les acteurs du tableau de Manet (qui eux sont placés au centre).

Le tableau est aussi réminiscent de la toile de Courbet : Les Demoiselles des Bords de la Seine, qui elle aussi plaçait des femmes de la société parisienne dans la campagne.

L'œuvre fût soumise au Salon de 1863, mais fût rejetée. Napoléon III invita tous les auteurs d'œuvres refusées à exposer au Salon des Refusés. Beaucoup refusèrent par peur de la moquerie, mais Manet accepta de présenter 3 tableaux, dont le Déjeuner sur l'herbe,

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