L'évocation de la cérémonie que préside Titus
Commentaire d'oeuvre : L'évocation de la cérémonie que préside Titus. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 23 Avril 2013 • Commentaire d'oeuvre • 367 Mots (2 Pages) • 643 Vues
L'évocation de la cérémonie que préside Titus comporte un aspect pictural qui rend la scène passée particulièrement vivante. En effet, Bérénice parle d'un "souvenir charmant" au vers 317, c'est-à-dire d'un souvenir envoûtant selon le sens de l'adjectif au 17ème. Elle donne alors à voir cette scène, d'où la récurrence de termes dénotant la vision : "De cette nuit, Phénice, as-tu vu la splendeur ? Tes yeux ne sont-ils pas tout pleins de sa grandeur ?". La description acquiert une présence et une vivacité grâce à des notations concrètes : "Ces flambeaux, ce bûcher (...), ces aigles, ces faisceaux, ..." Phénice, les spectateurs et Bérénice se trouvent ainsi transportés sur les lieux mêmes du "couronnement" par le pouvoir suggestif de ces termes.
De plus ce tableau prend une consistance particulièrement nette grâce à l'abondance d'expressions dénotant couleurs et lumières : la "pourpre", "l'or" amènent une luminosité et un éclat qu'augmente le lexique de la lumière. Celui-ci prend une ampleur étonnante, notamment dans la gradation du vers 303 : "Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée". Les antithèses opposant l'obscurité et la lumière donnent à voir un tableau en clair-obscur où Titus apparaît tel un rayonnement : Bérénice parle de "la splendeur" de "cette nuit", de la "nuit enflammée". Le ton exalté de la reine qui reconstitue ce spectacle exprime en fait la passion qui l'habite : la présence des flammes et de la lumière y a une valeur métaphorique et témoigne autant de l'embrasement du cœur de l'héroïne que de la beauté du spectacle nocturne.
En outre, la passion est manifeste dans la structure accumulative de la phrase qui s'étend du vers 303 au vers 311 ; la récurrence des démonstratifs exprime l'exaltation de Bérénice en même temps qu'elle rend présente la scène passée. Tout se passe comme si la reine ne parvenait pas à s'arracher à ce spectacle grandiose, fascinée par l'éclat de son amant. La syntaxe contribue à cet effet car elle est chargée d'une vive émotion : les tournures exclamatives des vers 312, 313,en témoignent, ainsi que l'abondance des tours nominaux du vers 303 au vers 311. Ce tableau en clair-obscur exprime ainsi moins la réalité de cette nuit que la passion de Bérénice qui idéalise Titus.
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