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L'union de l'amour et de l'amitié , Prud'hon

Commentaire d'oeuvre : L'union de l'amour et de l'amitié , Prud'hon. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  23 Novembre 2017  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 368 Mots (10 Pages)  •  1 368 Vues

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                                                         Pierre-Paul PRUD'HON

        [pic 1]

   L'union de l'amour et de l'amitié

      1793 huile sur toile,1,465 x1,143 m,

        Minneapolis Institute of Arts, Minneapolis

Le peintre de l’œuvre que nous allons analyser, Pierre Paul Prud'hon est un artiste français du XVIII ème siècle.

Né à Cluny en 1758, il rejoint Dijon en 1774 pour se former auprès du sculpteur-peintre néoclassique François Devosge. En 1784, il remporte le prix des états de Bourgogne. Comme beaucoup de peintre de cette époque il part séjourner à Rome afin de compléter sa formation. De 1784 à 1788 il y découvre des artistes tel que Raphaël, De Vinci, Le Corrège et porte un intérêt tout particulier pour l'art antique.

Dès son retour à Paris en 1788, il se démarque de ses contemporains en peignant des allégories. Genre peu commun en cette période néoclassique, le peintre s'affranchit de la rigidité du mouvement et de la monotonie de ses sujets repris inlassablement sans pour autant rompre totalement avec les codes académiques de l'époque.

L’œuvre que nous allons analyser ici, L'union de l'amour et de l'amitié (1793), illustre particulièrement cette volonté de s'émanciper de l'uniformité en vigueur sans toutefois faire fi des critères esthétiques liés à l'environnent artistique de son temps.

Nous allons donc voir en quoi cette œuvre est une passerelle entre deux époques , deux mouvements , le néoclassicisme et le romantisme,

Nous étudions dans un premier temps les attributs néoclassiques de l’œuvre , puis dans un second temps, en quoi celle-ci peut être qualifiée de romantique.

 

Fruit de son voyage romain, «L'union de l'amour et de l'amitié» inaugure le début de la carrière de Prud'hon,

Son voyage à Rome lui permet de revenir avec des idées et des acquis nouveaux,

En effet , Prud'hon consacre son temps à ce promener et à observer les paysages, la nature, le tout dans une solitude nouvelle pour lui, « mais absolument nécessaire pour observer plus attentivement la nature»  selon Léonard de Vinci.

Il étudie également la statuaire antique et en garde les traces dans des carnets retrouvés après son décès.

Dans cette peinture, nous pouvons constatés la volonté de l'artiste à donner aux allégories de l'amour et de l'amitié des airs de statut Grec.

En effet, le travail de clair-obscure met en avant les deux corps inondés de lumière et laisse le reste de la toile plongée dans l'obscurité. La lumière donne un aspect marmoréen au deux allégories.

Nous pouvons aussi analysés le corps de l' l'amour représenté par le jeune homme.

Le léger déhanchement ainsi que la courbe donnée à la jambe au genoux fléchit suggère parfaitement la posture d'une statut d'Apollon ( nous pouvons cité en exemple l'Apollon Sauroctone attribué à Praxitèle et conservé au Louvre).

Prud'hon prend comme exemple les maîtres Italiens de la renaissance, et reste par ce fait inscrit dans une tradition néoclassique.

Il use assurément du célèbre sfumato de Léonard de Vinci dans de nombreuses peintures .Ici , nous pouvons apercevoir un effet sfumato sur le corps de l'amour et de l'amitié et plus particulièrement sur leurs visages qui sont adoucis au point de paraître enfantins.

 Dans la même lignée, Prud'hon reprend la manière de Léonard de Vinci à donner à ces sujets un air androgyne. Le visage de l'amour et de l'amitié ne portent presque pas de traits définissant leur sexe, contrairement à leurs corps qui sont plus suggestifs.

Si nous analysons plus en détails le drapé porté par l'amitié, nous pouvons aisément faire un rapprochement avec les drapés de De Vinci.

A gauche, nous pouvons observés un putti qui observe le couple discrètement caché derrière un arbre.

Ce personnage à mi-chemin entre un enfant et un ange,très récurent dans la peinture italienne de la renaissance, peux ici nous faire penser aux putti Corrègien ( nous pouvons prendre comme exemple de comparaison la «Danaë» de Le Corrège).

On attribut également au Corrège la manière avec laquelle Prud'hon dessine la poitrine de la jeune femme. La netteté et la précision du trait des seins donne à l’ensemble un effet galbé et moulé.

Analysons ensuite le détail des couronnes de fleurs: l'amitié porte une couronne de fleurs de grenadier, et l'amour, une couronne en fleurs de myrte.

Prud'hon puise encore une fois dans l'iconographie traditionnelle, dans laquelle les deux fleurs sont représentées unis dans la couronne de l'amitié.

Son intérêt et son admiration pour les grands maîtres de la renaissance italiennes lui vaudront le surnom de «Le Corrège Français». Il dira lui même à propos de Léonard de Vinci qu'il est « sont maître, son héro».

Par ailleurs, nous pouvons nous demander si au delà du sens apparent , Prud'hon ne fait pas référence au contexte social et politique durant lequel l’œuvre est exécutée puis exposée au public.

En effet, lors du salon de 1793, Prud'hon expose «l'union de l'amour et de l'amitié» mais aussi « L'amour réduit à la raison».

L'une, comme nous l'avons vu auparavant , représente allégorie de l'amour et de l'amitié, affichant des expressions douces et pures , enlacés dans une scène de nature sauvage, l'autre, représente également l'allégorie de l'amour mais sous la forme d'un putti ailé, les mains attachées à un buste d'une minerve casquée , la tête tournée vers une femme assise les bras tendus vers l'enfant.

Nous savons que les deux œuvres portent des numéros qui ce suivent sur le livret d'exposition ( 679 – 680), nous pouvons tenter de déceler, le lien et la symbolique communes que les deux œuvres expriment.

En effet , Prud'hon ne voudrait-il pas nous montrer un avant et après révolution?

Comme l'affirme  Nicole Levis-GODECHOT dans l'acte de colloque « L'esprit de l'an  II au travers de quelques allégories de Pierre Paul Prud'hon» in « Les images de la révolution Française» l'angelot ou Cupidon qui incarne l'amour dans  «L'amour réduit à la raison» incarnerait l'ancien régime réduit à la raison et soumis à la sagesse, tandis que dans « l'union de l'amour et de l'amitié» l'amour est incarné par un jeune homme élégant , qui enlace l'amitié , pour que ensemble, ils forment le symbole de la fraternité et de l'amour que propose la déclaration des droits de l'homme à l'humanité .Avec une telle interprétation ,nous pouvons encore une fois affirmer aisément de l'inscription de Prud'hon dans le mouvement néoclassique. En effet ,malgré sa discrétion au début de la révolution Française, il affirme sa position et son soutien au nouveau régime, bien que de cela soit fait de manière subtil, à contrario de son contemporain Jacques-Louis David.

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