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Jacques Louis David: Les amours de Pâris et d'Hélène, 1788

Commentaire d'oeuvre : Jacques Louis David: Les amours de Pâris et d'Hélène, 1788. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Janvier 2018  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 965 Mots (12 Pages)  •  2 611 Vues

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Au XVIIIème s., le néo-classicisme s’impose en France en réaction au Rococo, mouvement prônant des sujets fantaisistes reflétant une société devenue libertine, légère et une aristocratie s’abandonnant aux plaisirs du corps et de l’esprit. Jacques Louis David s’affirme en tant que chef de file de ce nouveau mouvement avec la présentation de la célèbre toile Le Serment des Horaces en 1784, oeuvre monumentale à travers laquelle il propose un nouveau modèle pictural pour ses contemporains, renouant avec le « grand style » incarné par des grandes figures de la peinture française du XVIIème comme Nicolas Poussin, Simon Vouet et Charles Le Brun. Cette oeuvre est aussitôt perçue comme manifeste du mouvement où le peintre met en avant la primauté de la ligne sur la couleur et le mouvement. Les oeuvres qui suivront incarneront avec minutie l’idéologie davidienne notamment La Mort de Socrate(1788) et Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils(1789). Toutefois, au cours de cette évolution une oeuvre semble particulièrement se détacher, à savoir Les Amours de Pâris et d’Hélène, une huile sur toile réalisée en 1788 et exposée actuellement au Musée du Louvre à Paris. Notre étude portera ainsi sur l’analyse de cette oeuvre singulière qu’on tentera de déchiffrer à travers la problématique suivante: Comment cette oeuvre, bienqu’elle soit ancrée dans une idéologie néo-classique, présentent-elles des aspects du style galant?

Comment cette oeuvre singulière et moderne traduit-elle l’engouement pour l’Antique florissant au X!VIIIème s.?

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Ce tableau au format rectangulaire focalise l’attention sur deux personnages situés au milieu et occupant une place considérable dans le tableau. Les lignes de force verticales et horizontales font écho au format ce qui crée une harmonie d’ensemble. L’espace centrale concentre la zone la plus riche d’un point de vue chromatique. C’est également la zone la plus éclairée. Il n’y a pas de symétrie apparente mais on note un effet de profondeur grâce la mise en place d’une perspective atmosphérique: Les couleurs chaudes sont placées au devant, plus on avance, plus la palette chromatique tend vers des tons plus froids. De plus, les éléments mis au devant sont représentés de manière clairement plus nette que ceux placés à l’arrière qui semble ici un peu plus flou. La scène est représentée dans un intérieur, plus particulièrement dans la salle d’un palais, avec une structure architecturée à l’arrière de la pièce représentant quatre cariatides, statues de femmes vêtues d’une longue tunique et soutenant un entablement sur sa tête; elles remplacent les colonnes ioniques. Elles sont inspirées de la tribune de caryatides(exposée au Louvre) de Jean Goujon(sculpteur et architecte français du XVIe), datant de la Renaissance. La présence d’un lit de repos raffiné derrière un paravent indique l’intimité de la scène.!

Les Personnages sont représentés de manière vraisemblable tout en s’inscrivant dans un canon de beau idéal antique. Le personnage féminin porte une sorte de chiton blanc transparent laissant l’épaule dénudée, le tout recouvert partiellement d’un drapé à l’antique. Le personnage masculin lui, porte un bonnet phrygien et une chlamyde. Il porte sa lyre d’une main, et de l’autre il tient le bras de la femme. Cette dernière se tient debout, en oblique, les jambes croisées et s’appuie sur sa jambe droite. Le poids de son corps repose sur celui du personnage de droite, assis sur une chaise basse. Leur posture semble figée dans le temps et l’espace, ils sont immobiles. Les deux personnages semblent entretenir une relation intime de par la proximité de leurs corps(il la tire et la retient vers lui) et de leur visages, mais aussi le regard intense, profond et affectueux de l’homme dirigé vers la femme.

La scène est éclairée par une lumière forte(car les contrastes entre les sombres et les clairs sont élevés) mais subtil qui semble provenir du haut de la pièce, il s’agit probablement d’une fenêtre. Elle éclaire la scène en diagonale et divise le tableau en deux zones; l’une sombre, l’autre éclairée. La lumière permet de mettre en valeur les personnages, faire ressortir la variété des couleurs vives et éclatantes de leurs vêtements(rouge, bleu, blanc, jaune) et de la multitude de tissus recouvrant le mobilier(orange, corail, marron, poupre), et fait apparaitre leur corps soyeux et rayonnants. Elle

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TD MODERNE 12-13H Histoire de l’Art&Archéologie Lina SERHROUCHNI

permet aussi de mettre en avant les contours linéaires du dessin nets et précis des figures ainsi. Le souple modelé des chairs accentue l’élasticité et la douceur de la peau ce qui contraste avec la rigidité du modelé des meubles représentés de manière plus rude. La minutie descriptive est ici poussées dans la mesure où les informations visuelles fournies sur les formes sont très nombreuses et précises notamment la rigueur avec laquelle sont exécutées les traits du visage, les détails des motifs sur la lyre, la colonne, le pli des drapés des vêtements et des draps du lit...

Cette peinture est ancrée dans le néo-classicisme car elle se rattache à un certain nombre de caractéristiques rattachée à l’idéologie esthétique du mouvement notamment: La mise en place d’un grand souci de clarté, la représentation grandeur-nature des personnages s’étalant en frise au premier plan de la même manière que les bas-reliefs antiques, la rigueur et la précision du trait du dessin mise en avant par rapport à la couleur. De plus, l’artiste a recourt à une technique de peinture lisse ne laissant pas transparaitre les coups de pinceau. Le sujet est par lui-même mythologique car il exploite un thème de mythologie antique. La scène semble théâtralisée, cet aspect est renforcé par la présence du rideau. S’ajoute à cela le souci du détail et de vraisemblance dans l’architecture, le mobilier ainsi que dans le traitement du corps des personnages. L’esprit globale de l’oeuvre révèle un goût prononcé pour l’antique(la référence à l’antique est une valeur fondamentale du néo- classicisme). Celui-ci est renforcé par les découvertes archéologiques faite à l’époque du peintre; Le XVIIème siècle est marqué par la découverte des sites de Pompéi et d’Herculanum qui suscitèrent un profond engouement et fascination pour la culture antique considérée comme un modèle absolue

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