HDA : construction molle avec des haricots bouillis
Commentaire d'oeuvre : HDA : construction molle avec des haricots bouillis. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar fauxcomptedel • 20 Janvier 2019 • Commentaire d'oeuvre • 2 075 Mots (9 Pages) • 1 525 Vues
Construction molle avec des haricots bouillis: prémonition de la guerre civile espagnole, Dali
Engagement et création artistique
Le contexte historique
Ce tableau à été peint six mois avant la guerre civile d’Espagne qui s’est déroulée de 1936 à 1939.
En 1931, l’avènement de la République espagnole éveille les espoirs du peuple mais les grandes réformes votées ne sont pas suivies d’effets. Le mécontentement monte. En 1936, l’Espagne est en proie à une forte agitation sociale: les paysans occupent les terres, les mineurs font grève, l’anticléricalisme progresse … Les partis de gauche, unis en un Front Populaire, remportent les élections.
A la suite de l’assassinat du chef le 12 juillet 1936, les militaires se soulèvent. La guerre civile éclate alors, opposant les nationalistes dirigés par le général Franco, et les républicains. Les nationalistes (ou franquistes), aidés par l’Allemagne hitlérienne et l’Italie fasciste, l’emportent finalement sur les républicains aux côtés desquels luttèrent les Brigades Internationales (regroupement de volontaire venus de plus de cinquante nations). La guerre civile s’achève sur le 1er avril 1939; elle aura fait plus de 600 000 victimes. Franco instaure ensuite une dictature militaire qui ne prendra fin qu’avec sa mort, en 1975.
En 1934, Dali et Gala se rendent à Barcelone où Dali devrait donner une conférence. Se retrouvant pris dans une grève générale et un soulèvement armé des séparatistes catalans, le couple est obligé de fuir immédiatement. Ils arrivent sains et saufs à Paris mais le chauffeur qui les a amenés jusqu’à la frontière est tué à son retour. Dali commence quatre grande toile à Paris.
[pic 1]
Salvador Dali, huile sur toile, 100 x 99 cm, Philadelphie, the Philadelphia museum of art
Résister à travers la peinture
Bilan de l’étude du tableau de Dali (page 179)
« Construction molle avec de haricots bouillis: prémonition de la guerre civile espagnole »
Impression générale: un tableau aux couleurs marrons, noir, bleu qui exprime avant tout la violence et la souffrance.
Au 1er plan
- une silhouette difforme, immense, écartelée, décharnée: une tête, une jambe, deux pieds, deux mains et un seins.
- une silhouette en deux parties: => celle du haut avec la tête et la poitrine difforme.
=> une tête ridée, déformée par un rictus de souffrance sur un coup tendu par l’effort.
Les yeux fermés, la bouche ouverte, la tête semble vouloir sortir su cadre sous l’effet
de la souffrance. Elle inspire à la fois pitié et répulsion.
=> le seins est emprisonné dans une main disproportionnée, crispée par l’effort qu’elle produit pour étirer le sein, comme pour le faire sortir du cadre.
=> celle du bas avec ses pieds ridés, noueux, crochus. Un bras musclé est tendu par
l’effort. Un pied est posé sur des fesses. Une forme liquide, rouge suggère des
excréments ou de la viande décomposée qui s’accumule sous le corps.
- les deux parties du corps semblent se battre, chercher à s’écraser l’une, l’autre.
- au milieu du corps, un vide. L’ensemble du corps, par ses contours, rappelle la forme de l’Espagne.
Position de la silhouette
- au milieu, un petit meuble à tiroirs sert de support fragile à la silhouette. Le thème du tiroir est récurrent chez Dali, il est à mettre en lieu avec le thème surréaliste des mystères de l’inconscient. On peut aussi penser ici que le meuble peut être associé à la cuisine (haricots …).
Voir « Girafe en feu » (1936-37) et « le cabinet Anthropomorphique » (1936) (photocopie annexe)
- sur les deux côtés, le corps est équilibré par des rochers avec lesquels semble presque se confondre, comme si la souffrance l’avait privé de vie, figé, minéralisé.
L’environnement
- un ciel orageux avec des nuages gris qui annoncent une tempête après le ciel bleu qui disparaît.
- un paysage désertique, dévasté, aride. Atmosphère de désolation confirmé par l’utilisation de camaïeu d’ocre et de marron.
- peu visible, minuscule par rapport à la silhouette, un homme regarde à terre, semble chercher, mais quoi??
Ce personnage rappelle un autre tableau de Dali (« Le pharmacien d’Ampurdan » 1936) et permet d’identifier le paysage comme celui de la région de la Costa Braya, en Catalogne. Voir photocopie annexe
- tout en bas, au centre, un détail insolite: des haricots bouillis sur le sol. L’utilisation d’éléments décalés, troublants est caractéristique de la peinture de Dali.
Donner un sens au tableau
- Comme La Fontaine dans la fable « Les membres et l’Estomac », le corps symbolise l’État. La silhouette torturée, délirante, en deux partie symbolise la division de l’Espagne entre les Républicains et les Espagnols. L’Espagne, en tant que pays, se déchire, s’auto-mutile. Le sein nourricier peut faire penser à la trahison à l'intérieur d’une même famille, à la destruction de ce qui fait vivre.
- le tableau montre la souffrance d’un pays, d’un peuple à l’agonie. Ainsi, l’orage qui arrive symbolise l'arrivée de la guerre civile.
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