Fauteuil Pratone, éloge et critique d'une icône du design italien
Dissertation : Fauteuil Pratone, éloge et critique d'une icône du design italien. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar menaa • 26 Septembre 2019 • Dissertation • 1 265 Mots (6 Pages) • 2 532 Vues
Le siège Pratone est une icône du design italien des années 1970. Imaginé par le collectif Gruppo Strum (Giorgio Ceretti, Pietro Derossi et Ricardo Rosso), il sera édité par la société italienne Gufram pour la première fois en 1971. L'objet se présente sous la forme d'un carré d'herbe sur-dimensionné d'un vert vif de 140 cm de coté. Haut de 95 cm, il possède 42 brins d'herbe synthétique. L'ensemble est réalisé en polyuréthane expansé et recouvert d'une couche de peinture au caoutchouc. Les bords latéraux ondulent afin de pouvoir s'imbriquer et créer un parterre de Pratone : il fonctionne donc comme un module pour permettre à une personne seule ou au contraire un groupe de personne. Ce siège est un symbole de son époque puisqu'il s'inscrit dans un contexte de renouveau des matériaux. Les années 1970 sont en effet les années plastiques durant lesquelles les designers découvrent ces nouvelles matières qui permettent de réinventer les formes à l'infini. L'héritage des années hippies joue aussi sur cette création qui se voulait novatrice dans la façon de s'asseoir, Pratone ne présentant aucun élément archétypal des sièges comme chacun les conçoit dans son esprit. Ici, on se laisse tomber dans ce carré d'herbe, qui s'adapte alors à notre position grâce à son matériau souple, qui lui permet cependant de reprendre sa forme primaire après usage. Mais si son état d'esprit s'inspire de la période hippie, son esthétique bucolique s'inspire d’avantage de la mouvance écologique qui commençait alors à émerger à cette époque. Dernier détail et non des moindres, le nom « Pratone » écrit en débossage sur sa face avant, qui donne au siège cette identité si forte.
Comme vu plus haut, Pratone se place dans un contexte de renouveau formel et matériel. La société va mieux et redevient prospère. Elle évolue, cherche de nouvelles manières de vivre, de nouvelles façons de bouger. Et c'est précisément dans cette envie que s'inscrit Pratone, puisqu'il révolutionne la façon de s'asseoir. Avec lui, on oublie toute notion de dossier, d'assise ou de pied, on se laisse tomber dans ce carré de verdure d'intérieur. On redécouvre une certaine liberté de position, ce n'est plus obligé de respecter les codes de bienséance puisque tout le monde vient s'affaler ensemble. Pratone essaie d'étendre des comportements et une partie du mode de vie du mouvement hippie à la société des années 1970 en demande de renouveau. Il pose de nouvelles bases au confort. Cette question du confort d'assise est d'ailleurs toujours présente aujourd'hui, puisque nous sommes sans cesse en quête de nouveaux matériaux ou de nouvelles formes ergonomiques. La Breathing Chair de Wu Yu-Ying a su répondre à cette question par une assise se présentant sous un bloc de mousse à mémoire de forme qui accompagne le corps tant lorsqu'on s’assoit que lorsqu'on se lève. Le corps a toujours sa liberté de mouvement tout en respectant sa morphologie. Mais l'envie de renouvellement est aussi née suite à une prise de conscience sur notre environnement et sur un besoin de reconnexion avec la nature. Pratone surfait alors sur la nouvelle vague écologique qui avait commencé à émerger, réinterprétant à sa manière le carré de verdure que tout le monde aimerait avoir sans forcément pouvoir ce l'offrir, la majorité de la population étant alors urbaine. Et c'est en jouant sur le changement d'échelle que Grupo Strum offre à la société son carré vert d'intérieur, qui pourra rappeler à certains un moment enfantin durant lequel ils se roulaient dans l'herbe. Un semblant de reconnexion avec la nature une fois devenu adulte, on se permet un instant de nostalgie et d'innocence en symbiose avec la nature. Cette communion s'exprime également par les formes organiques que le siège présente, sujet oblige, mais est aussi expliqué par ce besoin de changement, ici encore, où les courbes et ondulations remplacent les lignes droites de la décennie précédente.
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