Exposé médiévale : Giotto entre Naples et Florence (1329-1336)
Étude de cas : Exposé médiévale : Giotto entre Naples et Florence (1329-1336). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sopighfjh • 17 Novembre 2022 • Étude de cas • 5 218 Mots (21 Pages) • 372 Vues
Exposé médiévale : Giotto entre Naples et Florence (1329-1336)
Les louanges formulées par Boccace, par les peintres Ghiberti et Vasari, ou encore par Dante dans la Divine Comédie à l’égard de Giotto témoignent de l’importance du peintre en Italie au XIVème siècle. Giotto est, en effet, un peintre emblématique du Trecento. Il naît à Vespignano, un hameau dans la province de Florence. Sa date de naissance est incertaine mais les historiens estiment que Giotto a vu le jour en 1267. Aspirant très jeune à être peintre, il entre dans un « atelier » au début des années 1280 lui permettant de fréquenter les milieux artistiques florentins. C’est son talent et sa personnalité géniale selon Vasari qui ont permis au jeune Giotto d’entrer dans l’atelier du peintre florentin le plus célèbre : Cimabue. Giotto est une personnalité artistique incontournable du Trecento en Italie. Il s’agit d’une période où les arts se renouvellent sous l’impulsion d’un mouvement appelé Pré-Renaissance auquel Giotto prend part. La ville Naples et surtout celle de Florence sont des berceaux de ce mouvement. Les trois documents à l’étude rapportent la présence de Giotto à Naples et à Florence pour exercer son activité de peintre à la fin de sa carrière entre 1329 et 1336. Le premier texte est un acte du roi Robert Ier de Naples datant du 20 janvier 1330. On entend généralement par acte des décisions législative ou administrative rendues par le roi ou en son nom. L’acte à l’étude a été écrit pour rendre public la décision du roi de faire de Giotto un membre de la cour. Il est rendu par Robert Ier de Naples en 1330. Il est roi de 1309 à 1343 succédant à Charles II d’Anjou. Durant son règne il s’attache à développer le mécénat pour faire de la cour de Naples un lieu propice aux développements des arts. Le second texte est une délibération royale sur les dépenses engagées entre 1329 et 1331 pour le décor du Castelnuovo de Naples. La délibération est une forme née en Italie avec les conseils de la commune. Comme un procès-verbal, ce texte annonce formellement le budget et les coûts alloués au chantier du Castelnuovo. Cette délibération est établie par les magistrats des finances au nom du roi. Enfin, un passage consacré au travail de Giotto à Florence est présent dans Nuova Cronica de Giovanni Villani. Il s’agit d’une chronique en 13 livres de l’histoire de Florence et du monde au XIVème siècle dans laquelle il relate des évènements politiques et historiques comme la peste. Il s’agit d’une source précieuse pour les historiens car Villani insère notamment des chiffres et des statistiques. Villani est un des chroniqueurs les plus célèbres en Italie. Il naît en 1276 dans les alentours de Florence. Marchand à l’origine, celui qui jouit d’une solide réputation guelfe œuvre pour les Peruzzi mais entame aussi une carrière politique en tant que membre du collège des prieurs notamment. Ces trois textes, ainsi, attestent de la présence de Giotto à Naples et à Florence. Ce sont deux villes à l’organisation politique différente puisque Naples à cette époque est un royaume tandis qu’à Florence c’est le modèle communal qui domine. Néanmoins, les deux villes italiennes au XIV siècle développent l’art en ayant recours au recours au service de Giotto notamment. Ainsi, en quoi ces textes rendent-ils compte du travail concret du peintre au service de ces deux villes d’art ? Nous verrons, tout d’abord, que ces textes illustrent qu’être peintre est davantage qu’une activité : c’est un travail. Ensuite, ce travail de peintre, Giotto l’effectue entre Naples et Florence, villes avec lesquelles il entretient un rapport particulier. Enfin, ce travail est encadré : une implication des autorités est nettement visible.
- Être peintre : un travail
Ces trois documents soulignent les activités de Giotto à Naples et à Florence notamment en attestant, tout d’abord, qu’être peintre est un travail. En effet, il s’agit d’une activité rémunérée qui implique une collaboration avec différents acteurs. Ce travail de peintre lui confère aussi un statut particulier. Enfin, ces textes mettent aussi en avant un travail technique.
- Travail rémunéré qui répond à des commandes
Ce corpus documentaire illustre que le travail de Giotto est d’être peintre. Ce métier de peintre l’amène à se rendre là où en échange de son art, il peut avoir un revenu. Au-delà des aspirations artistiques, il a une volonté de vivre son art. Ainsi, pour en vivre, Giotto est amené à rendre de « fructueux services » (l.4). Le peintre florentin a, ainsi, des tâches à exécuter : « exécution de ladite grande chapelle » (l.10) ou encore « exécution de ladite peinture » (l.13). En fait, plus que des tâches à exécuter, Giotto doit honorer des commandes. Les commandes qu’elles soient verbales ou écrites règlent durant tout le Moyen Age les rapports entre l’artiste et ses clients. Durant longtemps, la commande est presque uniquement ecclésiastique mais ces textes soulignent qu’il y a une diversité des commanditaires à l’aune des différentes structures politiques de l’Italie. Effectivement, Giotto doit honorer une commande du roi Robert Ier de Naples au Castelnuovo le palais royal construit en 1282. On peut notamment lire « une image préparée à notre demande » (l.12). Il s’agirait d’un retable pour le roi Robert Ier de Naples. Il œuvre aussi à l’« exécution de ladite grande chapelle » (l.10), il réaliserait plus de 1800 m2 de fresques tout comme dans la petite chapelle. Dans les remaniements successifs ont eu lieu et une grande partie des fresques ont été perdues. Les textes à notre étude indiquent aussi que la « commune choisit maître Giotto » (l.27) en référence à la commune de Florence soulignant ainsi que Giotto travaille pour une grande diversité de commanditaire. Tout travail méritant un salaire, Giotto est un artiste rémunéré afin d’avoir un revenu. On mentionne à la ligne 13 le terme de « salaire ». On peut aussi lire « qu’il reçut salaire de la commune » (l.29). Si le travail de Giotto est très documenté, on dispose de peu d’informations quant à la rétribution obtenue. Beaucoup de textes affirment un salaire annuel. Jacques Le Goff affirme qu’à la fin du Moyen Age en Europe, un salaire particulier et plus élevé fait passer les peintres, sculpteurs et architectes de la catégorie d’artisans au maître. Enfin, en plus de recevoir un salaire, l’extrait de délibération atteste aussi de la « demeure de Giotto » à la ligne 12. Cela indique que le peintre dans ses déplacements bénéficie d’un lieu pour se loger lui permettant de bénéficier d’une situation stable.
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