Exposé la Bataille de Qadech
Commentaire d'oeuvre : Exposé la Bataille de Qadech. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lulubns • 13 Septembre 2021 • Commentaire d'oeuvre • 2 355 Mots (10 Pages) • 414 Vues
L’imagerie du temple : la bataille de Qadech
- Introduction
Ramsès II fit partie de la XIXème dynastie, celle du Nouvel Empire (1550-1100). Son règne se situe dans la restauration de la grandeur de l'Egypte, cette période qui intervint après le règne dit hérétique d'Akenaton (1370-1352) qui entendait établir la religion monothéiste fondée sur le culte d'Aton (opposé à celui d'Amon, vénéré par le clergé tout puissant). La stabilité politique et sociale qui caractérise le règne de Ramsès II a permis un épanouissement de la civilisation égyptienne au XIIIe siècle avant notre ère. Elle est notamment marquée par une production architecturale, intellectuelle et artistique sans précédent. Certes, l’empire égyptien n’avait plus l’extension qui était la sienne deux siècles plus tôt, sous Touthmosis III, mais les scènes grandioses qui illustrent la célébrissime bataille de Qadech ont contribué à donner de Ramsès II l’image du conquérant égyptien par excellence.
- Problématique
Par quels moyens l’imagerie de la bataille de Qadech réussi-t-elle à magnifier l’action royale ?
I/ La bataille de Qadech un désastre évité
a) Le récit historique
La bataille de Qadech (1274 av JC), considérée par les historiens comme l'une des plus grandes, sinon la plus grande bataille entre chars de l'Antiquité opposa en l’an 5 du règne de Ramsès II deux grands empires pour la possession de la Syrie : l'empire égyptien avec à sa tête Ramsès II (1298-1235) et l'empire hittite avec à sa tête Mouwatalli (1310-1296). En dépit d’une abondante documentation, en textes et en images, et malgré l’apparente véracité de la narration, le déroulement en demeure mal connu, les sources ayant pour unique visée la glorification de la personne royale. Le triomphe tant exalté du pharaon ne fut dans doute qu’une demi-victoire. Toutes les versions concourent, selon des schémas éprouvés, à opposer la fourberie du roi hittite, à dessein laissé dans l’anonymat, au courage de son adversaire. C’est par une ruse que l’armée égyptienne est mise en difficulté, trompée par de faux espions dont la mission est de faire croire à la fuite des forces ennemis, massées en réalité au pied de Qadech (ville située sur l’Oronte), non loin de l’endroit ou Ramsès II, lancé à leur poursuite, installe son propre camp. Inattendue, l’attaque hittite sème la panique. Le salut n’est dû qu’à la valeur du souverain d’égypte qui, abandonné de ses troupes mais assuré de la protection des dieux (d’Amon notamment qui, au moment le plus critique, lui tend la main), retourne à lui seul la situation en sa faveur. Quels que soient les faits, 16 ans plus tard, est signé, entre les deux puissances, le premier traité que l’histoire ait conservé.
b) Les sources textuelles et archéologiques
La geste de Ramsès II à Qadech a été représentée et inscrite sur nombre de constructions du souverain, en Égypte comme en Nubie. On en conserve également le témoignage sur des papyrus. Une tablette hittite des archives de Bogazköy évoque aussi ces événements, qu'elle présente comme une victoire hittite. Les récits égyptiens se fondent sur le journal de campagne qui était tenu par les scribes de l'administration de l'armée. La campagne de l’an 5 et la bataille de Qadech sont écrites par deux textes narratifs, composés pour l'exaltation du roi, dont on connaît plusieurs copies et que l’on a pris l’habitude de désigner comme le « Poème » et le « Bulletin ». Tandis que le «Poème » attribué au scribe Pentaour et trois fois plus long que le « Bulletin » évoque l’ensemble de l’expédition et revêt la forme d’une geste épique, le « Bulletin » quant à lui ne concerne qu’un seul jour de la bataille et reprend les grands traits de la littérature commémorative de victoires, autrement dit il jette un éclairage précis sur des événements qui ont précédé l'attaque des chars hittites, et que le « Poème » passait sous silence. Iconographie et textes permettent ainsi de dresser un tableau assez précis de l'épisode et de lui donner sens dans le cadre de la propagande royale. Ramsès II a notamment fait représenté les scènes et textes de Qadech en de multiples exemplaires, complets ou partiels, dans les temples de Louqsor, Karnak, Abydos, Abou Simbel, ainsi que dans son temple des millions d'années le Ramesséum.
II/ Le programme décoratif des temples de Ramsès II
a) Etude de cas avec le temple d’Abou Simbel
Composé comme une sorte de triptyque, le tableau 1 décrit quatre actions successives qui se sont déroulées au même endroit, à savoir dans le camp ou à proximité immédiate de celui-ci. Au centre du triptyque, la division d'Amon s'installe autour de la tente royale, au sein d'un périmètre défensif marqué par une rangée de boucliers, et chacun semble vaquer paisiblement à ses occupations. Toutefois l'un des angles supérieurs du camp est brisé par la tentative hittite d'investir celui-ci, qui s'est opérée dans un second temps. À l'extérieur du camp est figurée la scène du « Conseil de guerre », présidé par un Ramsès assis sur son trône de campagne, et qui est censé se dérouler dans la tente royale peu avant l'arrivée des chars ennemis. Enfin, l'autre côté du triptyque est occupé par la figuration des néarins (soldats d’élite), qui arriveront du côté occidental pour prêter main forte à la division d'Amon.
Pour sa part le tableau 2 met en scène différentes actions menées en dehors du camp. Au centre de la composition, Ramsès combat en char et provoque la débâcle des ennemis aux abords de l'Oronte, tandis que de l'autre côté du fleuve, à proximité de la ville de Qadech, le roi hittite est figuré au milieu de son infanterie. Au dessus et en dessous de cette scène principale est représentée l'attaque initiale de la charrerie Hittite, qui se dirige en bon ordre vers le camp égyptien, et donc vers le tableau 1. Les hittites sont représentés avec un profil caractéristique : haut front bombé et nez légèrement busqué. En marge du tableau 2, une scène secondaire montre le vizir, envoyé en mission par le roi suivant les indications du « Bulletin », et qui atteint la division de Ptah, alors qu'elle chemine encore à plusieurs kilomètres au sud du lieu du combat.
L'iconographie de la bataille de Qadech comporte encore deux tableaux secondaires, plus conventionnels et moins souvent représentés. Ils montrent le défilé des ennemis prisonniers, conduits par plusieurs fils royaux.
Le tableau 3 concerne la « Présentation des prisonniers au roi » sur le champ de bataille et se trouve complété par le décompte des mains coupées aux ennemis tués. L'action du tableau 4 se situe après le retour en Égypte et consiste en une « Présentation des prisonniers aux Dieux » par le roi Ramsès en personne.
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