ART ARTIFICIEL

« Art is artificial »

Christopher Williams, « Untitled (Study in Yellow and Red/Berlin) Dirk Sharper Studio, Berlin, June 21st, 2007 (No. 2) », 2008

Cette photo met en scène une femme assise sur un sol de couleur noire. Elle a le genou droit replié contre elle. Elle a les cheveux blonds, attachés et relevés. Ses deux bras sont croisés devant elle, tenant son genou. Elle a la tête levée vers le ciel, elle regarde probablement en l’air, on ne voit pas toute sa tête et on ne voit pas son visage. Elle est de ¾ dos et la lumière éclaire son dos et son profil. Elle est en sous-vêtements, on peut voir sur son ventre des plis. Des pinces à dessin resserrent son soutien-gorge. On voit ses grains de beauté, le dessous de ses pieds sont abîmés et cornés.

ART IS ARTIFICIAL

Si on regarde les définitions philosophiques, art veut dire : « Activité fabricatrice de l’Homme par opposition aux produits de la nature. » Le souci pour définir clairement ce mot est qu’il est polysémique, il peut vouloir aussi dire « production dotée d’une valeur esthétique » ou même simplement « technique ». (Source : DICOPHILO)

Pour le mot Artificiel, il vient du latin ARTIFICIALIS : « fait avec art, fait selon l’art ». La définition proposée par l’Académie française en 1986 est : « Qui est dû à la technique de l’Homme par opposition à ce qui a été créé et s’est développé naturellement ».

Dans la notion « art is artificial », on entend donc que l’art lui-même n’est pas naturel, qu’il est indubitablement une création de l’Homme. Dire que l’art est artificiel est donc une sorte de pléonasme puisque l’art est obligatoirement une création de l’Homme et artificiel revient à appuyer cette thèse puisque cela renforce l’idée de l’intervention de celui-ci.

Au XIXème siècle l’idée d’un art artificiel arrive avec le courant romantique. En 1846, Baudelaire pose la question « qu’est-ce que le romantisme ». Il explique ensuite le rôle de l’artiste qui doit dépeindre le « beau » avec toutes ses techniques et ses capacités ainsi qu’avec son ressenti. Il exprime alors clairement le rôle créateur de l’Homme dans l’art en mettant l’artiste à la place de seul acteur et créateur d’art ce qui montre bien son artificialité. Il ajoutera que ce n’est pas le choix du sujet qui fait que le résultat est art (même un paysage totalement naturel par exemple), ce qui fait que le médium est art c’est l’interprétation de l’Homme, de l’artiste. Dans Histoire du romantisme de de Théophile GAUTIER, il soutiendra la thèse développée par Baudelaire.

Au début du XXème siècle, se développe l’idée que tout est art et notamment les choses les plus « banales » comme avec les ready-made, par exemple la fontaine de Marcel Duchamp, signée R.Mutt. Avec ses Ready-made Marcel Duchamp pose une vraie question sur la signification du mot art et sur la définition de ce qu’est une œuvre d’art. En effet on retrouvera cette question dans ses carnets : « Peut-on faire des œuvres qui ne soient pas "d'art" ? ». Cela montre bien que la question de ce qui est art et ce qui ne l’est pas le tourmente, et il proposera une réponse avec les Ready-made, objets seulement signés par l’artistes qui deviennent art. Quoi de plus artificiel ?

La création du Bauhaus en 1919 viendra appuyer cela avec l’idée du « form follows function » et du « fonctionnalisme » et « l’industrialité » de l’art et du design. En effet en parallèle avec le mouvement DE Stijl, la question de l’accessibilité et de la fonctionnalité de l’art sera mise en avant. L’art n’aurait plus simplement une visée esthétique mais on serait en quête de fonctionnalité et de praticité. On va désormais placer l’Homme au centre de la création et oublier la nature, l’objectif est de créer un homme

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