Le quatrain consacré par Baudelaire à Delacroix dans Les Phares
Rapports de Stage : Le quatrain consacré par Baudelaire à Delacroix dans Les Phares. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 18 Février 2014 • 323 Mots (2 Pages) • 1 464 Vues
Delacroix, lac de sang hanté des mauvais anges,
Ombragé par un bois de sapins toujours vert,
Où, sous un ciel chagrin, des fanfares étranges
Passent, comme un soupir étouffé de Weber.
Le quatrain consacré par Baudelaire à Delacroix dans Les Phares est inséparable de la légende du maître, symbolique aussi de la rencontre entre deux des personnalités esthétiques les plus fortes et les plus significatives du dix-neuvième siècle. L'acuité du regard porté sur le peintre par le poète est encore plus sensible dans l'explication qu'en a fourni Baudelaire dans une addition non publiée à l'article qu'il écrivit en 1855, lors de l'Exposition universelle de Paris où une rétrospective dédiée à Delacroix avait été organisée au sein de la section des Beaux-Arts : « Lac de sang : le rouge ; - hanté des mauvais anges : surnaturalisme ; - un bois toujours vert : le vert, complémentaire du rouge ; - un ciel chagrin : les fonds tumultueux et orageux de ses tableaux ; - les fanfares et Weber : idées de musique romantique qui réveillent les harmonies de la couleur. »
Baudelaire avait ainsi parfaitement caractérisé les traits originaux de Delacroix au sein du romantisme français : le travail sur la couleur, expressive en elle-même, tenant chez lui la première place, avec l'importance toute particulière du rouge ; le fantastique si souvent à l'oeuvre dans ses tableaux et plus particulièrement dans ses estampes on pense notamment aux lithographies du Faust de 1827 ; la place tenue par le paysage à l'arrière-plan de nombre de ses compositions, car si Delacroix ne fut jamais ou presque un paysagiste pur, ses compositions historiques recèlent, pour beaucoup d'entre elles, un fond digne de Corot ou de Courbet ; Baudelaire, avec une admirable sensibilité, exprime en quelques mots jusqu'à la place, essentielle, de la musique dans les conceptions esthétiques de Delacroix, en prenant de surcroît comme exemple un musicien qu'il chérissait mais qu'il place toutefois en dessous de Mozart et de Chopin.
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