Devoir - Le récit Au Cinéma: Pourquoi est-il toujours insuffisant de raconter l’histoire pour dire la beauté (ou la médiocrité) d’un récit ?
Dissertations Gratuits : Devoir - Le récit Au Cinéma: Pourquoi est-il toujours insuffisant de raconter l’histoire pour dire la beauté (ou la médiocrité) d’un récit ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Essaroubal • 5 Avril 2013 • 1 784 Mots (8 Pages) • 1 718 Vues
Le récit au cinéma
Devoir n°1
Question : Pourquoi est-il toujours insuffisant de raconter l’histoire pour dire la beauté (ou la médiocrité) d’un récit ?
Comme dans tous les arts, le spectateur ne perçoit que la forme d’une œuvre, pour le fond il le ressent ou le décrypte.
Le cinéma est un art narratif, il raconte une histoire formée par le récit qui compose l’œuvre cinématographique. En effet, alors que l’histoire, est par définition, qu’une succession d’évènements, le récit, lui, est la forme qui consigne cette histoire.
Alors que cette liaison laisse penser qu’une belle histoire est une base indispensable pour former un beau récit, ils sont en fait absolument dissociables.
Dans un premier temps, nous nous pencherons sur les liens qu’entretiennent histoire et récit. Puis, dans un second temps nous verrons que ce qui compose la beauté d’un récit est indépendant de l’histoire.
Le récit est la forme de l’histoire, ce lien est inéluctable et pourtant l’exemple du remake nous prouve qu’ils sont bien dissociables. Par définition, le remake est la réalisation d’un scénario déjà mis en œuvre pour faire un nouveau film, soit un nouveau récit. Il en convient donc que la seule chose qui va différencier un film de son remake est le récit. Le remake a souvent été utilisé dans l’histoire du cinéma comme par exemple dans le but d’un hommage comme avec De Palma qui refait le Scarface d’Howard Hawks. Par la suite, le spectateur va préférer une version à une autre car le récit lui paraîtra plus « beau », mais la beauté est relative, elle est différente selon les mœurs, les ressentis et la culture de chacun, d’où l’utilité du remake. L’exemple de Les Infiltrés de M. Scorsese, remake du film Hongkongais Internal Affairs d’Andrew Lau montre très bien l’adaptation d’une même histoire à deux cultures différentes. Dans Internal Affairs le film oppose la mafia chinoise à la police hongkongaise alors que Les infiltrés oppose la mafia irlandaise au FBI, on remarque bien que Scorsese cherche à rattacher à des organisations américaines pour l’adapter à cette culture.
Bien sûr, le remake assure aussi une certaine réussite commerciale pour un producteur comme les multiples versions de King Kong réalisés par M.C. Cooper en 1933, J. Guillermin en 1976 et plus récemment P. Jackson en 2005, mais ici encore il y a l’idée de refaire le film pour l’adapter à une nouvelle génération, soit une nouvelle mentalité et vision de la beauté, en effet un jeune d’aujourd’hui trouvera probablement les effets spéciaux de Cooper mal fait mais ceux de Jackson spectaculaire. La relativité de la beauté est aussi démontrée par les récits particuliers comme ceux que forment les films expérimentaux avec par exemple Le retour à la raison de Man Ray où la majorité des spectateurs n’en tirent aucun sens, ni utilité. Dans Le chien andalou de L. Buñuel ce sont les personnes sensibles à cette notion de récit soumis aux caractéristiques du rêve, de l’inconscient qui vont trouver ce film « beau », mais tous les spectateurs ne sont pas sensibles aux valeurs des mouvements surréalistes.
On remarque également que c’est le récit qui va déterminer le genre de l’histoire racontée. En effet la lecture « objective » d’une histoire nous donne une idée du genre mais elle peut être détournée par le ton sur lequel elle est racontée. Certains réalisateurs se caractérisent même par cette différenciation de genre qu’ils arrivent à former entre histoire et récit. Les exemples de Q. Tarantino et R. Rodriguez sont flagrants, leurs histoires s’appuient sur une multitude de clichés nous poussant à en déduire un genre mais leur récit nous dérive de ce genre induit. On peut prendre l’exemple de Machete où les clichés qui forment l’histoire nous indique toutes les caractéristiques d’un film d’action mais dont l’explosion de ces mêmes clichés par le récit nous transpose dans le genre parodique voir burlesque. A l’inverse le burlesque dans les récits de C. Chaplin permet de mettre en avant le fond véritable de l’histoire, la satire. Par exemple dans la première scène de Les Temps Modernes, la situation comique du travailleur qui se fait emporter dans les rouages de l’usine parce qu’il veut rattraper un écrou qu’il n’a pas vissé démontre le rythme harassant des usines de fabrications à la chaîne qui engloutissent les ouvriers et met à mal leur santé. On comprend donc que c’est le récit qui forme le véritable message de l’histoire, une histoire « classique » peut être bonifiée par le récit tout comme une « belle » histoire peut être corrompue par un récit médiocre. Si on prend l’exemple de The Game de David Fincher, la simple lecture de l’histoire de cet homme embarqué dans un jeu taille réel nous fait déjà saliver de la beauté de l’intrigue, mais c’est aussi parce que Fincher décide de nous mettre exactement dans les mêmes conditions de cet homme manipulé qu’à la fin du film nous sommes surpris et heureux que le personnage de Van Orten. Qu’aurait été ce film s’il avait été raconté du point de vue de son frère qui tire les ficelles de cette manipulation ? En fin de compte on comprend que l’histoire et le récit sont liés du fait que l’un ne peut exister sans l’autre
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