Étude d'un poème de Verlaine
Rapports de Stage : Étude d'un poème de Verlaine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 10 Mai 2013 • 793 Mots (4 Pages) • 1 079 Vues
En sourdine
Calmes dans le demi-jour
Que les branches hautes font,
Pénétrons bien notre amour
De ce silence profond.
Fondons nos âmes, nos coeurs
Et nos sens extasiés,
Parmi les vagues langueurs
Des pins et des arbousiers.
Ferme tes veux à demi,
Croise tes bras sur ton sein,
Et de ton coeur endormi
Chasse à jamais tout dessein.
Laissons-nous persuader
Au souffle berceur et doux
Qui vient à tes pieds rider
Les ondes de gazon roux.
Et quand, solennel, le soir
Des chênes noirs tombera,
Voix de notre désespoir,
Le rossignol chantera
Plan de commentaire
En sourdine est l'avant-dernier poème des fêtes galantes. Comme dans la plupart des poèmes des fêtes galantes, Verlaine n'est pas un poète confortable, il introduit un doute qui rend difficile toute interprétation. Tous les poèmes des Fêtes galantes sont en porte à faux et tout baigne dans l'équivoque. Dans un éclairage sans franchise, ni jour ni nuit, (mi-jour), ni été ni hiver (gazon roux indique plus l'automne) des personnages équivoques se livrent à un jeu sentimental dans lequel le paysage reflète leurs états d'âme et réciproquement en est reflété.
I- Le libertinage amoureux, toile de fond
Ce poème en alexandrins et heptasyllabes traite comme les autres poèmes des fêtes galantes, de la recherche de l'amour vue sous un jour superficiel. " En sourdine " baigne dans une lumière crépusculaire, prélude à la nuit solitaire et glacée de " Colloque sentimental ". On retrouve le décor des tableaux de Jean-Antoine Watteau (Pélerinage à l'île de Cythère) avec les grands arbres dont les branches hautes donne à la scène l'allure d'un berceau. Les amants sont invités à fusionner leur âme, leur coeur et leur sens. Le paysage état d'âme qui apparaissait en début de fêtes galantes dans Clair de Lune " votre âme est un paysage " se traduit ici par l'inverse, le paysage est un état d'âme dans lequel " les pins et les arbousiers " sont psychologiquement affublés de " langueur" . Désormais fondus dans les langueurs du paysage, les amants libertins sont dépersonnalisés. Les assonances en " a " , voyelle ouverte d'âme, extase, vague, arbousier amplifient l'abandon des amants à la fête. La femme est invitée à fermer les yeux mais seulement à demi pour rester vigilante, puis à croiser les bras sur sa poitrine et à chasser toute arrière pensée ou tout espoir de prolonger l'aventure du couple. Dans cette atmosphère de libertinage
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