Quattrocento Et Cinquecento
Documents Gratuits : Quattrocento Et Cinquecento. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bibouba • 21 Mars 2014 • 1 783 Mots (8 Pages) • 1 359 Vues
Quattrocento
Au début du XVe siècle, l’Italie se trouve de plus en plus impliquée dans les grands mouvements politiques qui animent l’Occident. Au terme du Grand Schisme, les papes abandonnent définitivement Avignon pour se tourner vers Rome et favorisent les plus fortes impulsions artistiques du siècle en entreprenant la restauration de la Ville éternelle. La création des États de l’Église provoque un regroupement des puissances de la péninsule et suscite des centres de culture artistique conforme à leurs besoins de représentation. Autour d’eux, tant au Nord qu’au Sud, les communautés ou les républiques gagnent en puissance et cherchent l’équilibre dans la négociation. À Milan, le condottiere Francesco Sforza évince les Visconti de leur propre duché. Ferrare constitue autour de Leonello,puis de Borso d’Este, l’un des foyers les plus originaux du Quattrocento. Naples voit s’établir la maison d’Aragon avec Alphonse le Magnanime après la vaine tentative de reconquête menée par René d’Anjou. Pendant ce temps, Venise étend son empire jusqu’à la Crête et à Chypre en recueillant l’héritage de Sienne. Enfin, les deux républiques, de Florence et de Sienne, irréconciliables dans leur inimité, se partagent le cœur de l’Italie. Si l’une est guelfe et l’autre gibeline, elles sont toutes deux d’abord des centres de commerce et des hauts lieux de la finance où se développe, par l’activité des grandes familles, un mécénat étranger à la culture des cours princières. Il associe à l’apogée artistique de Florence le nom des Médicis. D’autre part, des capitaines d’aventure conduisent seuls les affaires militaires et s’emparent pour un temps du pouvoir. L’histoire retient autant la figure tyrannique de Malatesta, seigneur de Rimini, que celle de Federico da Montefeltro, prince éclairé, qui fait de sa cour d’Urbino un foyer de la haute culture. Si la révolte de Volterra et laconjuration des Pazzi s’achèvent dans le sang, la diplomatie est de règle pour conduire les affaires de l’État.
Florence doit les témoins significatifs de son paysage monumental au XIVe siècle – au Trecento. Au cœur d’une longue muraille ceinte de cent cinquante bastions, elle a vu s’élever à cette époque les deux églises des ordres mendiants, Santa Croce et Santa Maria Novella, l’orgueilleuse et austère forteresse du Palazzo Vecchio et le palais du Podesta (Bargello), construit selon un principe analogue. Au siècle de Dante et de Giotto, elle est encore redevable de la Loggia dei Lanzi dont les cintres puissants et les piliers savamment ouvragés caractérisent le gothique communal à son apogée, ainsi que l’Or’ San Michele, remarquable par l’ampleur de ses volumes. Quant à la cathédrale, « l’église la plus belle et la plus noble de Toscane », dont Arnolfo di Cambio avait reçu la direction du chantier, elle se dresse déjà au-dessus des toitures, mais attend sa coupole. Les hommes du Quattrocento vont bientôt orner, de façon superbe, l’âpreté de l’urbanisme du XIVe siècle. Dans cette Florence, l’architecture civile élabore un modèle de bâtiment géométrique et rationnel, orné de bossages, largement ouvert au niveau du sol avec de grandes voûtes aux arcs surbaissés, semblant annoncer les entrepôts du XIXe siècle.
Au début du Quattrocento, les contrats passés à Florence exigent du peintre des couleurs de grande qualité, et en particulier l’utilisation du meilleur outremer. Fabriqué à partir de la poudre de lapis-lazuli importée d’Orient, le bleu d’outremer était un produit cher, mais supérieur au bleu allemand (bicarbonate de cuivre) par son intensité et sa stabilité. Utilisé pour mettre en valeur un personnage ou une scène, souligner un geste ou un objet, important dans un tableau ou une fresque, le bleu d’outremer est souvent précisé dans les contrats en nombre de florins par once, donc avec ses multiples nuances. La régression de l’or et des couleurs chères à mesure que s’écoule le XVe siècle, perd de l’importance chez les maîtres florentins et marque un changement significatif dans l’évolution de l’art de la Renaissance et l’histoire des comportements ostentatoires. Peu à peu, les paysages se substituent à l’or et au bleu outremer à l’arrière-plan des personnages. Le mécène devient exigeant sur l’habileté des artistes à peindre des collines et des plaines, des châteaux et des villes, des fleuves et des oiseaux. C’est d’abord le savoir-faire qu’il achète. Qu’il soit prince ou marchand, l’homme du Quattrocento marque de plus en plus sa richesse en achetant un maître de grand talent au détriment de l’or ou de la cherté des couleurs. Vers la fin du XVe siècle, alors que le duc de Milan cherche des artistes pour décorer la Chartreuse de Pavie, son représentant à Florence lui envoie un mémoire sur quatre peintres dont la réputation était alors éclatante : Botticelli, Filippino Lippi,Perugino et Ghirlandaio. Tous, dit-il, ont travaillé pour Laurent le Magnifique, « et l’on ne sait auquel décerner la palme ». Les artistes, y compris les grands maîtres, sont donc mis en compétition par les mécènes et on les distingue autant par leur qualité propre et leur aptitude à peindre des fresques et des tableaux que par leur tempérament respectif.
C’est à Florence qui se développe le mieux ce mouvement puissant qui associe les arts et les sciences. Les hommes sont formés très jeunes à cette discipline. Lorsque l’enfant atteint l’âge de onze ans, ses maîtres lui font découvrir les fables d’Esope ou les textes de Dante, mais ils lui dispensent avant tout l’enseignement des mathématiques commerciales à l’usage des marchands. À une époque où les récipients destinés aux transports des marchandises ne sont pas uniformisés, il s’agit en fait d’apprendre à calculer rapidement leur volume, leur contenance. Il ne faut donc pas s’étonner de voir un peintre, Piero della Francesca, exposer dans son « Traité de la géométrie » destiné aux marchands la manière de jauger un tonneau et les calculs à effectuer. C’est par la règle de trois que les hommes de la Renaissance doivent résoudre la question de proportions dans sa vie quotidienne. Ils l’emploient dans les échanges monétaires ou pour trouver
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