Métamorphose De Narcisse
Compte Rendu : Métamorphose De Narcisse. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bouh22 • 15 Février 2014 • 1 236 Mots (5 Pages) • 1 248 Vues
Métamorphose de Narcisse
Afin de mieux appréhender les effets d'image-double dans l'oeuvre dalinienne, je propose ici l'analyse d'une oeuvre. Le poème peut être lu ici.
A la fois tableau et texte, image et réseau métaphorique, cette oeuvre module et orchestre la donnée psychanalytique de telle manière qu'on ne sait plus duquel, de la toile ou du poème reflète l'autre. C'est la première oeuvre de l'artiste traitant du narcissisme :"Pour la première fois, un tableau et un poème surréalistes commencent l'interprétation cohérente d'un sujet irrationnel"*.
Dalí a de toute évidence emprunté ce sujet à la théorie freudienne, puisqu'en reprenant ce mythe de Narcisse, le peintre avance expressément la notion psychanalytique de "complexe". Dans ce cadre, l'adolescent hynoptisé par le désir de son propre corps devient la plus parfaite expression de l'investissement libidinal du Moi (vers 90-98).
La silhouette du jeune homme penchée sur son reflet est en net contraste avec le groupe hétérosexuel situé à l'arrière-plan, au centre du poème et de la toile. Ce groupe ou transparaît le désir latent de l 'autre sexe se profile sur le tableau en un pastiche du Quatrocentto. Son universalité est également tournée en dérision dans le poème, à travers l'énumération qui détaille tous les personnages (vers 79-84). Ce groupe adopte "les fameuses poses de l'expectation préliminaire", à savoir celle de l'attente érotique qui annonce l'acte sexuel. Si la consommation de l'amour se donne comme un bouleversement et un désastre, c'est parce qu'elle laisse libre cours à l'expression d'une violence antique: elle autorise "l'éclosion carnivore de latents atavismes morphologiques" **. En effet, le poème renvoie de manière latente à la mante religieuse qui dévore le mâle après la copulation. L'acte sexuel s'associe donc à l'angoisse. Il s'oppose à la délicate poésie du fragment qui ramène Narcisse frileusement relié sur lui-même. Cependant, Narcisse fidèle à sa destinée mythique, fond et disparaît dans son propre reflet pour renaître fleur. Dans le poème, cette fleur est Gala, qui a initié Dalí à l'amour du temps où l'obsession de l'acte sexuel s'accompagnait chez lui d'un profond sentiment d'angoisse (vers 150-156).
De manière latente, mais tout de même assez explicite, Dalí rattache son texte et son tableau au difficile passage conduisant au choix d'objet hétérosexuel. C'est en lisant Ovide à la lumière des écrits de Freud qu'il élabore sa version paranoïaque-critique d'un des grands thèmes de la culture occidentale. Mais l'apport de Dalí ne se limite pas à son interprétation de Narcisse, il réside dans la découverte d'un mode de reproduction artistique en prise sur l'inconscient. Les oeuvres picturale et poétique invitent à saisir les analogies, les associations, les déplacements au gré où ils se déploient. Plus qu'une thématique, la théorie freudienne sous-entend ici une exploration des mécanismes paranoïaques.
La Métamorphose de Narcisse ne se compose pas distinctement d'une production picturale et une autre poétique. Bien au contraire, l'image visuelle est ancrée dans le verbe et inversement, l'analogie verbale repose sur la forme plastique.
Le duo poème et peinture.
L'obsession à la base de l'oeuvre paranoïaque-critique prend sa source de métaphore vécue, c'est-à-dire d'une expression figée littéralisée et corporalisée participant de fait de symptômes de la folie (Jacques Lacan assigne au symptôme la valeur de métaphore inconsciente).
La corporalisation du cliché est à la source de la transformation qui affecte le sujet; elle sous-entend la métaphore. Armé d'une lucidité critique, la présentation de Dalí apporte un soin tout particulier à éclairer la dimension verbale. Le commentateur reprend un cliché emprunté à la langue catalane, qui nécessite une traduction et vu qu'il n'existe
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